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Crash à la plaine Saint-Denis : Marine Le Pen entraine le débat vers le fond, Emmanuel Macron peine à surnager ...
©STRINGER / AFP

Catastrophe

Le débat présidentiel est un échec : la stratégie de Marine Le Pen de ne jamais plier a conduit à l'éviction de toute discussion entre les deux candidats. Emmanuel Macron s'est montré moins vindicatif, mais a été parfois désarçonné par son adversaire, tout en essayant de montrer une stature présidentielle.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Inutile de s'embarrasser de circonvolutions : le débat de l'entre deux tours entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron n'a pas été à la hauteur des attentes suscitées dans le pays. Le candidat d'En Marche a résisté tant bien que mal à l'entreprise de démolition de la candidate du F.N, mais devant la charge délivrée d'entrée de jeu par son adversaire, Emmanuel Macron n'a pas réussi à tenir le discours visionnaire sur la France, l'Europe, la société qu'il entend construire en général, que l'on était en droit d'attendre de la part du favori pour devenir le prochain Président de la République .

A aucun moment la tension n'a baissé sur le plateau, où les deux modérateurs n'ont pas été en mesure d'arbitrer les échanges pour laisser place à un échange sérieux de propositions qui auraient permis aux téléspectateurs encore indécis de se déterminer. Le sondage Elabe post-débat pour déterminer lequel des deux protagonistes avait été le plus convaincant est révélateur à cet égard, car il est calqué à quelques pourcentages près sur les intentions de vote pour le deuxième tour qui ressortent de l'ensemble des enquêtes d'opinion effectuées au cours de cet entre deux tours. (les derniers sondages d'intentions de vote prêtent 60% des intentions de vote en faveur d'Emmanuel Macron et 40% des voix à Marine Le Pen). Mercredi soir Emmanuel Macron a été jugé le plus convaincant par 63 % des téléspectateurs et Marine Le Pen par 34 % d'entre eux). Marine Le Pen ne gagne en potentialité que pour deux questions : "quel est le candidat qui comprend le mieux les gens comme vous ?(42% contre 55% ) et "qui veut vraiment changer les choses ?(44% contre 53% pour Emmanuel Macron ).

Pendant plus deux heures il aura fallu se contenter d'invectives du type vous êtes le " candidat de la mondialisation piloté par François Hollande", qui affiche la" froideur du banquier d'affaires", guidé par une " stratégie marketing", qui fait " des choix cyniques" et "fait preuve de complaisance à l'égard des islamistes", lancées par Marine Le Pen. Ce à quoi Emmanuel Macron a répliqué qu'elle est "l'héritière du parti fondé par son père ", présent " à toutes les élections présidentielles depuis quarante ans", s'exclamant un moment "vous êtes dans la co-production du système que vous dénoncez, vous êtes son parasite", et qualifiant de " poudre de perlimpinpin" les solutions économiques proposées par la candidate du Front National. Marine Le Pen a reproché à Emmanuel Macron d'être soutenu par l'UOIF , et d'avoir qualifié certains actes de la colonisation de "crime contre l'humanité" propos de proche des Frères Musulmans ,Emmanuel Macron lui a lancé ses propos sur la rafle du Vel d'Hiv (où elle a récusé la responsabilité de la France). Avec les questions économiques (sortie de l'Euro et l'age de départ à la retraite), Marine Le Pen a frôlé le naufrage. La candidate qui a réajusté sa position sur l'euro, à la faveur de son alliance avec Nicolas Dupont-Aignan, n'avait pas affiné son argumentaire et sa théorie sur l'instauration d'une double monnaie, avec le retour du franc dans les porte monnaies et le maintien de l'euro comme monnaie d'échanges commerciaux , est si peu crédible que même ses amis politiques n'insistent pas sur le sujet quand on les interroge. Quant à sa proposition de revenir à la" retraite à 60 ans avec 40 annuités", Marine Le Pen n'est pas e mesure d'expliquer comment elle financerait son coût. Son adversaire lui oppose une démonstration chiffrée et catastrophiste. Point n'était besoin d'être docteur en économie pour comprendre que la politique économique de la candidate du FN si elle était élue, creuserait considérablement la dette et provoquerait une hausse de la fiscalité, mais qu'Emmanuel Macron en ne promettant pas de raser gratis , et en chiffrant toutes ses propositions, n'apporte pas cette part de rêve qui fait chavirer les électeurs. Après ce débat on avait le sentiment que Marine Le Pen ne se préparait plus à gouverner, mais plutôt à mener une guerre impitoyable aux futurs dirigeants de ce pays, en l'occurrence une majorité indéterminée à ce jour, sous la présidence d'Emmanuel Macron .Pour sa part, le candidat d'En Marche va devoir monter en puissance au cours de l'ultime ligne droite de la campagne s'il veut obtenir plus que de la résignation, une véritable adhésion de la part des Français qui s'apprêtent à déposer un bulletin à son nom dans l'urne.

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