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"Merce Cunningham et William Forsythe" : l'excellence, point...
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Dominique Poncet pour Culture-Tops

Dominique Poncet pour Culture-Tops

Dominique Poncet est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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BALLETS

"MERCE CUNNINGHAM ET WILLIAM FORSYTHE"

Par le Ballet de l'Opéra de Paris

INFORMATIONS/ RÉSERVATIONS

OPÉRA DE PARIS

PLACE DE L’OPERA

75009 PARIS

www.operadeparis.fr

Jusqu’au 13 mai

RECOMMANDATION

EN PRIORITÉ

THEME

Quelle riche idée de réunir, en une même soirée, Merce Cunningham et William Forsythe. Non seulement ces deux grands noms américains de la danse  ont bouleversé le paysage chorégraphique, mais ils ont en commun un même goût pour l’abstraction. Pour privilégier le mouvement, le premier a  supprimé  dans ses créations, narration, symbolisme et psychologie. Le second  a cherché, et s’y ingénie encore, à détourner les codes de l’académisme pour défier toujours plus les lois de la vitesse et de la gravité.

Pour ouvrir le bal de cette soirée, Walkaround time, un ballet de  Merce Cunningham, datant de 1968 et inspiré par La Mariée mise à nu par ses célibataires de Marcel Duchamp.  Au milieu de sept structures gonflables en plastique transparent  qui contiennent chacune un morceau de l’œuvre du plasticien, neuf danseurs évoluent, sur une création musicale de David Behrman. Leur gestuelle, toute d’équilibres, d’arrêts suspendus  et d’ enjambements géants requiert une concentration absolue. Ils fascinent et déconcertent.

Après l’entracte, deux pièces de Forsythe : Trio, d’abord (1996,) qui, sur une musique de Beethoven, s’amuse, avec beaucoup de virtuosité, à exposer les corps des danseurs. Puis, Herman Schmerman (1992), qui permet, d’abord à cinq danseurs, puis à deux, de dépasser leurs limites dans la légèreté et la vitesse d’exécution. Crée sur une musique de Thom Willems, cette pièce  est un sommet de l’art chorégraphique.

POINTS FORTS

- Comme souvent, ce sont les œuvres  programmées qui constituent le premier  point fort des soirées chorégraphiques de l’Opéra de Paris. Pas besoin d’argumenter plus avant, on a compris  que  le trio de ballets  mis à   l’affiche de ce programme est exceptionnel, tant par sa beauté que par son intérêt.

- Comme souvent aussi, pour ne pas dire toujours, c’est le niveau d’interprétation  qui constitue, ex-aequo avec le premier, le deuxième point fort de ces soirées. Pas la peine d’en rajouter non plus. Juste  répéter, une fois encore, que le Ballet de l’Opéra de Paris est décidément l’une des premières troupes du monde, la seule en tous cas, capable de se plier avec autant de perfection,  à tous les styles chorégraphiques, du plus classique  au plus moderne, du plus narratif au plus abstrait.

POINTS FAIBLES

  Ceux que l’abstrait rebute vont peut-être voir  leurs nerfs mis à vif par  le ballet de Merce Cunningham qui suspend souvent, et relativement longtemps, les moments de danse pour figer les interprètes. C’est pourtant esthétiquement très beau. Mais l’immobilité sur une scène, qui plus est une scène de danse, peut  engendrer incompréhension, et donc… sifflets.

EN DEUX MOTS

 D’un continent l’autre. Avec cette soirée qui met à l’honneur deux de ses représentants  les plus emblématiques, c’est l’Amérique avant-gardiste que l’Opéra de Paris soumet à la curiosité des balletomanes.

Les amateurs ont d’autant plus de raisons de s’y précipiter que les trois œuvres programmées font leur entrée au répertoire.

UN EXTRAIT

Ou plutôt deux:

 - "Mon travail est un processus continu. A la fin d’une danse, j’ai toujours une idée, même mince, du début de la suivante. C’est pourquoi je ne vois pas chaque danse comme un objet, mais plutôt comme une pause le long de la route ». (Merce Cunningham)

- «Je ne suis pas plus l’héritier de Balanchine qu’il ne l’était de Petipa…Je suis un chorégraphe d’aujourd’hui. Je travaille avec le vocabulaire classique parce que c’est le mien. Je me suis aperçu qu’en le déstructurant, on en tirait des possibilités inouïes jusque là occultées par le ballet » (William Forsythe)

LES CHOREGRAPHES

- Né en 1919 dans l’Etat de  Washington , Merce Cunningham commence sa carrière au sein de la Martha Graham Dance Company, d’abord comme danseur, puis, à partir de 1942, comme chorégraphe. Il s’en échappe et, dans une optique plus expérimentale, crée, en 1953, la Merce Cunningham Dance Company. Il y créera plus de 150 pièces et formera de nombreux danseurs et chorégraphes, dont Trisha Brown. 

Pour lui, qui fut le compagnon du compositeur John Cage, le sujet de la danse est…la danse. Ce pionnier des avant-gardes américaines  s’est éteint en 2009. Le Cunningham Trust préside aujourd’hui aux destinées de son héritage.

- Né à New York en 1949, William Forsythe  effectue d’abord ses classes en Floride. Au début des années 70, il part  comme danseur au Ballet de Stuttgart . En 1976, il  y est nommé chorégraphe résident, puis, en 1984, Directeur. Il restera vingt ans à la tête de cette compagnie, qui, sous son impulsion deviendra l’une des plus réputées. 

Ses ballets ont été créés ou recréés sur presque toutes les grandes  scènes du monde. Depuis la fin de son mandat à Stuttgart, le chorégraphe a repris son indépendance, mais a été  chorégraphe associé au Ballet de l’Opéra de Paris  durant la saison 2015/2016. Sa danse, qui utilise et déconstruit en même temps le vocabulaire classique  est athlétique, dynamique, inventive.   

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