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Guerre des Malouines : un double-jeu français ?
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Zone franche

La BBC l'affirme, la France aurait donné un coup de main à la junte argentine, engagée en 1982 contre la Grande-Bretagne dans le conflit des Malouines. Pas de quoi pavoiser...

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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C’est l’ancien ministre de la Défense de Margaret Thatcher qui le raconte à la BBC, et il y a sans doute quelques bémols à apporter à son témoignage, mais il confirme une vieille rumeur que l’on aurait préféré voir démontée sur l’attitude de la France pendant la guerre des Malouines

Officiellement solidaire de son alliée britannique, la France avait immédiatement déclaré un embargo sur ses ventes d’armes à l’Argentine, dont elle était un important fournisseur. Mieux, elle avait permis aux bâtiments de la Royal Navy en route pour l’archipel de se ravitailler sur ses bases ouest-africaines et fourni à Londres des informations sur les missiles gaulois (Exocet) utilisés par les Argentins.

Procéder différemment aurait d’ailleurs été assez intenable. Un voisin démocratique, membre des mêmes alliances politiques et militaires, dont un territoire est envahi par les troupes d’une dictature d’extrême droite, on lui donne un coup de main si on peut.  Et si on ne peut pas, on évite au moins de lui rendre la vie plus difficile ― ce qui est un sacré euphémisme si les 32 morts des HMS Sheffield et Atlantic Conveyor, les deux navires britanniques coulés au combat, nous sont indirectement imputables.

Car selon l’ancien ministre, Sir John Nott, une équipe de techniciens français était intervenue pour résoudre les dysfonctionnements de plusieurs lanceurs argentins. Ce qu’avait d’ailleurs suggéré le Sunday Times à l’époque, dans l’interview du responsable de cette équipe, Hervé Colin :

« Les procédures de vérification impliquent de déterminer si le lanceur fonctionnait correctement ou pas. Trois des lanceurs n’ont pas fonctionné. Nous avons identifié la source du problème et c’est tout. Le reste était simple. »

Un ancien colonel de la DGSE, Pierre Léthier (plus tard mêlé à l’affaire Elf, dans des circonstances qui ne font sans doute pas de lui l’interlocuteur le plus crédible mais bon, faute de grives..), confirme d’ailleurs à la BBC que la présence des Français en Argentine était connue de ses services puisqu’ils lui fournissaient également des informations sur les activités de la junte ! Sur l’assistance technique offerte à cette dernière, il ne mâche d’ailleurs pas ses mots :

« C’était à la limite de la trahison ou de la désobéissance à un embargo. Il est clair que lorsqu’un chef d’État décrète un embargo, c’est un embargo. Point final ».

Hum, a fortiori lorsque les techniciens travaillent pour la SNIAS (devenue l'Aérospatiale, puis intégrée à EADS), une société dont le capital est détenu à 51% par l’État lui-même. Mais bon, il paraît que ça ne les pas surpris tant que ça, nos alliés britanniques :

« Nous avions demandé à Mitterrand de ne pas aider les Argentins. Vous me demandez si les Français ont fait preuve de duplicité ? Bien sur que oui. C’est ce qu’ils ont toujours fait ».

Bon, mais un doute subsiste, hein…

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