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Comment Emmanuel Macron est finalement parvenu à repousser la redoutable offensive Le Pen chez Whirlpool
©PATRICK KOVARIK / AFP

À l'arrache et aux tripes

Loin de faire de la démagogie ou des promesses en l'air, Emmanuel Macron en visite dans l'usine Whirlpool a répondu de manière pragmatique aux ouvriers sans faire de fausses promesses. Avec cette démarche, il surclasse largement Marine Le Pen.

Bertrand Martinot

Bertrand Martinot

Bertrand Martinot est économiste et expert du marché du travail à l'institut Montaigne, ancien délégué général à l'emploi et à la formation professionnelle. Co-auteur notamment, avec Franck Morel, de "Un autre droit du travail est possible" (Fayard, mai 2016). 

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Atlantico : En déplacement sur le site de l'usine Whirlpool, Emmanuel Macron a déclaré "je ne suis pas en train de vous dire que je vais sauver vos emplois" mais qu'il est là pour "défendre un plan social qui défend vos intérêts". Comment jugez "économiquement parlant" cette promesse faite aux salariés ? 

Bertrand Martinot : Même si elle ne satisfait pas les salariés concernés, c’est la seule promesse qui soit réaliste compte tenu de la situation de cette entreprise. Concrètement, l’Etat n’a pas les moyens d’empêcher une entreprise de fermer. Ni en France ni ailleurs. Mais dans un cas comme celui-ci, la loi prévoit la mise en place d’un plan social selon deux procédures possibles. Soit il y a un accord entre la direction et des syndicats représentant la majorité des salariés. Dans ce cas, l’Etat se contente d’un contrôle minimal sur ce plan. L’hypothèse est faite que, si les syndicats ont signé, c’est que le plan contient des mesures de reclassement assez puissantes. C’est ce qui se passe dans 80 % des cas. 

Deuxième possibilité, il n’y a pas d’accord entre l’employeur et les syndicats majoritaires. Dans ce cas, les services de l’Etat (l’inspection du travail) doit valider le plan proposé par la direction. Là, l’Etat contrôle en opportunité les efforts consentis par l’entreprise en matière de reclassement. Il vérifie en effet si les mesures prises dans le cadre du plan sont pertinentes et adaptées à la situation. 

Enfin, il y a le contrôle du juge qui peut toujours remettre en cause le bien-fondé du licenciement, c’est-à-dire l’existence d’une cause « réelle et sérieuse » justifiant les licenciements économiques. 

De la même façon, Emmanuel Macron a mis en cause la responsabilité de l'entreprise Whirlpool en déclarant "Il n'est pas normal de verser des dividendes et qu'elle fasse ce qu'elle a fait". Quels seront les moyens à la disposition d'Emmanuel Macron pour mettre en oeuvre une telle déclaration d'intention? 

Rien dans la loi n’empêche les « licenciements boursier ». Et l’on sait que la promesse de François Hollande faite à son fameux discours du Bourget est restée lettre morte. Pour une raison évidente : ce n’est pas parce qu’un groupe verse des dividendes qu’une filiale est en bonne santé. Ce n’est pas non plus parce qu’une entreprise a versé des dividendes l’année dernière qu’elle ne se trouve pas, de manière prévisible, dans des difficultés quelques mois plus tard. 

Toutefois, lorsqu’il doit valider un plan de sauvegarde de l’emploi, l’Etat doit, aux termes de la loi, vérifier que les mesures prises par l’entreprise en matière de reclassement de ses salariés sont bien proportionnées aux moyens dont elle dispose. Donc, concrètement, quand l’entreprise distribue des dividendes, l’Etat peut se montrer exigeant. Et il l’est en pratique. 

Ne peut-on pas considérer qu'Emmanuel Macron est, en l'espèce, parvenu à tenir un discours prenant en compte la réalité des problématiques, en ayant évité une posture antilibérale, tout en acceptant de dénoncer certaines dérives ? 

La réponse d’Emmanuel Macron est en effet assez équilibrée. A contrario, les discours sur l’interdiction des licenciements ne tiennent pas la route car en pratique, aucune entreprise ne s’implanterait dans de telles conditions conditions. Pire, ces discours tendent à donner à la France une image décourageant l’investissement des groupes étrangers en France. C’est d’autant plus dommageable que la France est attractive sur de nombreux points : qualité de la main d’œuvre, infrastructures, qualité de vie… 

Mais en fait, personne ne s’attaque au mal à la racine, qui est la nécessité de préparer les salariés aux changements. Dans de nombreux cas de restructuration, les salariés sont en poste depuis très longtemps et les efforts de formation, mais, au-delà, la conduite du changement en amont ont été défaillants. On les a laissés dans l’illusion d’un emploi à vie dans la même entreprise, sur le même site.  

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