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Mais d'où vient ce besoin irrépressible de revenir sur les lieux de son passé ?
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Bonnes feuilles

Pourquoi évitons-nous certains lieux, tandis que d’autres nous attirent ? Pourquoi est-il si difficile pour certaines personnes de s’investir quelque part, et impossible pour d’autres de déménager ? Pourquoi achète-t-on telle maison plutôt qu’une autre ? Pourquoi éprouve-t-on parfois le besoin irrépressible de revenir sur les lieux de son passé ? Dans ce grand jeu de pistes auquel nous invitent les lieux, à nous de trouver des fils conducteurs, des perspectives insoupçonnées et de nouvelles impulsions. Extrait de "Psychogénéalogie des lieux de vie", de Christine Ulivucci, aux Editions Payot & Rivages (2/2).

Christine Ulivucci

Christine Ulivucci

Christine Ulivucci est psychothérapeute. De formation universitaire, elle exerce la psychothérapie analytique et transgénérationnelle à Paris. Elle a fondé en 2004 l’Atelier de recherche sur le transgénérationnel. Son approche l’amène par ailleurs à utiliser la photographie comme outil thérapeutique et à travailler sur les processus de création artistique.

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Retourner sur son lieu de naissance ou sur des lieux de l’enfance nous met en contact avec une mémoire et surtout avec notre présence. Et cette présence prend parfois corps différemment. Via ce lieu connu, la rencontre avec ce qui était là en nous, qui faisait partie de nous et qui était resté invisible, peut avoir lieu. S’ouvre alors un autre accès à nous-mêmes par la découverte d’un espace encore inexploré.

La confrontation avec un lieu familier peut par ailleurs nous révéler là où nous ne sommes pas, où nous n’avons jamais été. Apparaît alors en pleine lumière cette part de nous-mêmes qui ne nous appartient pas et que nous portons à notre insu, l’amalgame avec une histoire familiale que nous réparons et sur laquelle nous avons bâti notre vie.

Retourner sur un lieu de l’enfance permet de distancier visuellement et physiquement les événements vécus. Ce face-à-face qui engage à différencier le passé du présent opère la séparation nécessaire pour s’orienter vers un futur à réinventer.

Le parcours vers un lieu du passé est un trajet que nous jalonnons. Chaque pas marque notre présence, chaque rencontre, chaque événement peut nous parler. Quelques signes suffiront pour témoigner de ce qui a été jadis vécu et de ce que nous sommes en train de transformer. Un panneau routier avec un prénom ou un nom évocateur, un billet de train non poinçonné, la pluie qui fait place au soleil, la possibilité de déposer des bagages que l’on pensait devoir porter.

L’arrivée sur les lieux peut également nous mettre face à une transformation imprévisible. Le sens des rues a changé, les accès sont modifiés, la maison adjacente est repeinte, un immeuble a jailli de terre.

La configuration n’est plus la même. Parfois, il n’y a plus trace du lieu, comme si l’on n’avait plus la possibilité de recontacter son origine. La disparition nous renvoie alors à la séparation nécessaire et nous oblige à sortir de l’enfance. Face à une maison rasée, à ce qui n’existe plus, le manque inhérent à notre histoire peut également remonter et être élaboré. Parfois le lieu a laissé concrètement la place à une nouvelle présence, un espace encore inexploité ou une nouvelle construction. Dans cette démarche, la photographie pourra également nous aider à matérialiser l’absence comme la présence, la séparation d’une histoire ancienne et la transformation observée et vécue.

Extrait de "Psychogénéalogie des lieux de vie", de Christine Ulivucci aux Editions Payot & Rivages

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