Les Arvernes : Lettre aux électeurs de droite, futurs déçus d’Emmanuel Macron<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Les Arvernes : Lettre aux électeurs de droite, futurs déçus d’Emmanuel Macron
©

Cornus

2017 a-t-il des airs de 1981 ? Oui si l’on considère que le candidat favori, Emmanuel Macron, comme François Mitterrand en 1981, a à l’évidence besoin d’une partie du vote de la droite et du centre pour l’emporter.

Les Arvernes

Les Arvernes

Les Arvernes sont un groupe de hauts fonctionnaires, de professeurs, d’essayistes et d’entrepreneurs. Ils ont vocation à intervenir régulièrement, désormais, dans le débat public.

Composé de personnalités préférant rester anonymes, ce groupe se veut l'équivalent de droite aux Gracques qui s'étaient lancés lors de la campagne présidentielle de 2007 en signant un appel à une alliance PS-UDF. Les Arvernes, eux, souhaitent agir contre le déni de réalité dans lequel s'enferment trop souvent les élites françaises.

Voir la bio »

Il n’y a là rien de nouveau. En 1981, une partie de la droite, sous l’influence et au bénéfice de Jacques Chirac, qui se révéla à l’exercice du pouvoir un président non de droite mais de centre gauche, exaspérée par le centrisme de Valery Giscard d’Estaing, a permis à François Mitterrand de devenir Président de la République, et à la gauche de revenir au pouvoir après 23 longues années d’opposition. Ce n’était, pensait alors sincèrement nombres de ces électeurs de droite, « que pour quelques mois », tant il était évident que lesté par l’inepte Programme Commun, coordonné par Jacques Attali, père spirituel d’Emmanuel Macron, la gauche de gouvernement ne tiendrait pas. On connaît la suite…

La situation actuelle présente de grandes similitudes. L’exaspération de nombreux électeurs de droite se comprend. Une élection imperdable peut-être perdue, un pays dans un état déplorable, un monde qui se droitise (Brexit, Trump), une presse et un monde des bien-pensants largement coupés des réalités qui font très largement campagne pour Emmanuel Macron, un candidat dont la campagne à peine à s’extraire des affaires, des barons de la droite peu pressés de soutenir leur camp, le bal des ambitieux pressés de trouver à rebours de leurs engagements passés et au mépris de leurs électeurs un strapontin dans le petit théâtre macronien, le dernier exemple en date étant Dominique de Villepin, fidèle à la profondeur bien connue de ses convictions etc.

Pour autant, sauf à faire la politique de gribouille, qui se jette à l’eau parce qu’il veut éviter la pluie, il y a quelque paradoxe, pour l’électeur de droite, à se jeter dans les bras de la gauche et à prolonger le hollandisme au seul motif que la droite, depuis 2002, est incapable de s’assumer. Car, enfin, que les électeurs qui hésitent à voter pour lui, cessent de se mentir : Emmanuel Macron, c’est son droit, est bien de gauche et gouvernera à gauche. 

Emmanuel Macron, c’est la gauche parce qu’il a été l’un piliers du hollandisme. Après avoir préparé François Hollande candidat, et joué un rôle essentiel dans l’erreur de diagnostic portée sur l’état de l’économie française en 2012, il a été l’un des fers de lance d’une politique économique de gauche. Une politique économique qui a prétendu rompre avec le keynésianisme, mais qui en réalité l’a prolongé, augmenté la dépense publique, et ruiné les marges de manœuvres ouvertes par la baisse du dollar, la baisse des taux d’intérêt, et la baisse du coût de l’énergie importée. 

Emmanuel Macron, c’est la gauche parce que le vote Mélenchon le montre, en dépit de son profond archaïsme et de son incapacité à se réformer, la gauche française, qui aurait dû progressivement se muer en une social démocratie, refuse obstinément son Bade Godesberg. Comme elle est a su renaître des cendres de 1993 en 1997, comme elle a su reprendre le pouvoir en 2012, le centre de gravité intellectuel de la gauche française n’a pas évolué. Ceci signifie à l’évidence qu’au moment de gouverner, Emmanuel Macron, pour s’assurer la domination de son camp naturel, devra, selon l’expression « gouverner par la gauche ». Et tant pis pour les électeurs de droite qui en attendent la politique économique moderne...

Emmanuel Macron, c’est la gauche car le macronisme qui se prépare a tout de la gauche hollandienne. Qu’on en juge : Jean-Yves Le Drian Premier ministre comme ce dernier s’y prépare activement ; des investitures aux législatives pour En Marche – les français l’ignorent - qui puiseront très largement dans les sortants du Parti Socialiste ; le soutien de la majorité des ténors du pouvoir hollande, à commencer par Manuel Valls ; les corps intermédiaires, think tank, journaux de centre gauche, grands corps de l’Etat qui font activement campagne pour Emmanuel Macron. On pourrait continuer. 

En définitive, ceux qui vont voter Macron par légèreté, manque d’enthousiasme pour François Fillon, ou toute autre raison, pas toujours illégitime d’ailleurs, seraient avisés de se souvenir de 1981 et des « bof, ça ne durera que quelques mois » : ils en prendront peut-être pour 10 ans !

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !