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Présidentielle : les séismes syndicaux qui menacent à l'automne 2017
©Reuters

Prévisions

Si les résultats de la présidentielle sont hypothétiques, leur impact sur les rapports sociaux à moyen terme dans le pays le sont plus encore. Pourtant, tout laisse à penser que la rentrée sociale sera chaude pour le prochain président de la République. Voici quelques scénarios plausibles laissant penser que le mois d’octobre 2017 (centième anniversaire de la Révolution russe, qui plus est) ne manquera pas de piquant.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Les conflits syndicaux au coeur des rapports sociaux en 2017

Après le grand satisfecit accordé à la CFDT devenue premier syndicat du secteur privé, devant la CGT, par le gouvernement, la rentrée promet d’être agitée. Philippe Martinez dispose désormais de quatre années pour reprendre sa place de leader devant sa rivale. Ainsi le veut la loi de 2008 sur la représentativité, qui prévoit une mesure quadriennale de l’audience syndicale auprès des salariés.

Tout laisse à penser que la CGT sera tentée par sa logique contestataire, qu’elle déploie par opposition à la CFDT. Dans la pratique, les deux syndicats devraient s’engager dans une course de conquête ou de reconquête qui modèlera probablement la vie sociale en France.

L’hypothèse d’une victoire Mélenchon

Dans le cas où Jean-Luc Mélenchon remporterait la victoire finale, tout laisse à penser qu’il existerait une forme de proximité entre la CGT et le nouveau pouvoir, qui pousserait la CFDT dans ses retranchements. Laurent Berger a d’ailleurs déjà dénoncé les pulsions autoritaires de Mélenchon. Cette sortie en dit long sur l’état d’esprit qui pourrait régner après mai 2017. De fait, la CFDT sera probablement très allergique aux élucubrations de notre Chavez national, qui propose par exemple la réintégration d’office dans les entreprises de tous les salariés dont le licenciement est annulé pour des motifs sans cause réelle et sérieuse.

Mais attention aux confusions simplistes. Si Mélenchon apprécie certains syndicalistes de la CGT (comme Mehdi Kemoune, de la CGT Air France, qui sera candidat insoumis à Paris), ses relations avec Philippe Martinez sont moins simples, voire complexes. On se gardera donc de croire à une alliance sacrée entre les deux.

L’hypothèse d’une victoire Le Pen

Dans le cas d’une victoire de Marine Le Pen, le scénario sera évidemment très différent, puisque la CGT et la CFDT se retrouveront dans une opposition frontale au nouveau pouvoir. Les deux centrales syndicales rivaliseront d’activisme pour satisfaire une base en colère. Pour le gouvernement, la situation sera donc extrêmement tendue. On imagine sans mal que les affaires sociales ne seront pas du gâteau et donneront sans doute lieu à d’importants mouvements de contestation.

Selon toute vraisemblance, et nonobstant les grandes déclarations de Marine Le Pen sur les défauts de la loi El-Khomri, cette contestation n’attendra pas le mois de septembre pour s’exprimer. Paradoxalement, le rapprochement sera plus facile avec la CGT qu’avec la CFDT, puisque cette dernière est celle qui a, sur le droit du travail, les positions les plus éloignées de celles du Front National.

Rappelons que Marine Le Pen est hostile à la loi El-Khomri, position qu’elle partage avec la CGT.

L’hypothèse d’une victoire Macron

Dans l’hypothèse d’une victoire d’Emmanuel Macron, le rejet syndical ne sera pas forcément moins viscéral qu’avec Marine Le Pen. Macron a en effet annoncé son intention de réformer le dialogue social par ordonnances dès l’été. Cette procédure autoritaire n’est pas du goût de Laurent Berger, qui l’a qualifiée de divagation. Au demeurant, les points de friction entre la CFDT et Macron sont nombreux, dans la mesure où le candidat à la présidentielle a promis des réformes fiscales qui auront un impact sur le paritarisme et son influence.

Contrairement aux apparences, la coexistence entre Macron et la CFDT ne devrait donc pas être plus pacifique qu’avec la CGT, pour qui Macron est volontiers le candidat de la finance. Dans ces conditions, on peut s’attendre à une rentrée agitée pour un gouvernement choisi par l’ancienne secrétaire général adjoint de l’Elysée.

L’hypothèse d’une victoire Fillon

Paradoxalement, c’est donc l’hypothèse d’une victoire de François Fillon qui paraît la plus rassérénante aujourd’hui pour le climat social français, même si la curée annoncée par l’éventuel Président risque de ne pas passer comme une lettre à la poste. Dans la pratique, François Fillon a conservé autour de lui les conseillers qui pratiquaient le dialogue social au jour le jour lorsqu’il était à Matignon. Si Philippe Martinez n’étaient pas aux manettes à l’époque, Laurent Berger les a en revanche bien connus. Tout ce petit monde pourrait donc reconstituer les ligues dissoutes et retrouver des pratiques de co-gestion chères à la CFDT.

Toutefois, la cohabitation avec la CGT risque d’être plus délicate. Le syndicat contestataire aura un intérêt vital à mener une bataille violente contre la nouvelle politique mise en oeuvre par le gouvernement. La CGT reste en effet le premier syndicat français grâce à son implantation dans la fonction publique. La casse annoncée par François Fillon donnera lieu à une empoignade historique.

Des scénarios conflictuels dans tous les cas

Dans ces conditions, on voit mal comment le prochain président ne se heurterait pas à au moins une résistance syndicale majeure. Dans le cas de la CGT, cette résistance sera forte dans tous les cas, sauf avec une victoire de Mélenchon. Dans le cas de la CFDT, la résistance sera moins forte avec François Fillon. Il n’en reste pas moins que la rivalité entre les deux centrales devrait agiter les esprits. Et les rues.

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