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Sondage exclusif sur le vote utile : et le candidat qui pourrait en être la première victime est...
©Reuters

Indécision

Sondage Ifop pour Atlantico. Seuls 26% des Français affirment qu'ils pourraient voter pour un candidat qui ne correspond pas totalement à leurs idées.

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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Avec la situation inédite d'un quatuor de tête et une incertitude maximale, chacun est amené à faire des calculs, à voter autant en fonction de ce qu'il veut que de ce qu'il ne veut pas. Quelle est la part de gens qui votent au 1er tour autant par conviction que pour éviter des 2èmes tours dont ils ne veulent pas ?

Jérôme FourquetOn a aujourd'hui 1/4 des électeurs qui considèrent qu'ils vont voter pour un candidat qui ne correspond pas à leurs opinions mais qui a le plus de chance d'accéder au second tour. C'est ce qu'on appelle le vote utile. Ce qui est intéressant, c'est que cette part d'électeurs est très stable par rapport à ce qu'on constatait sur le scrutin de 2012. 

Cette stabilité a des considérations radicalement différentes. En 2012 nous étions sur un vote utile beaucoup plus visible car la hiérarchie qui se dégageait dans la dernière partie de la campagne était très claire et séparait deux groupes de candidats. Les finalistes quasi assurés François Hollande et Nicolas Sarkozy, représentants la gauche et la droite, et des poursuivant reléguaient très loin derrière (15% Pour Mélenchon et 16 % pour Marine Le Pen). Un modèle classique donc avec deux candidats apparaissant très manifestement comme étant en capacité de se positionner au second tour et chacun des candidats représentait un camp politique identifié et traditionnel. Les électeurs pouvaient être amenés à faire un arbitrage en se disant "est-ce que je privilégie le vote de conviction et je vote pour les autres (petits) candidats" ou "est ce que je réagis d'abord en termes de logique et je renonce à un vote de conviction pour privilégier un vote stratégique et soutenir le champion de la  famille politique à laquelle je me sens appartenir". 

Aujourd'hui on a la même proportion d'électeurs sauf que la configuration est radicalement différente. Pour deux raisons : 

Nous n'avons pas deux mais quatre candidats qui peuvent être envisagés comme étant au deuxième tour et donc représenter le réceptacle de ce vote utile. Ça change radicalement la donne. 

Ensuite, deux de ces candidats n'appartiennent pas à un bloc politique classique de la droite ou la gauche. Emmanuel Macron, la droite comme la gauche peut se reconnaitre en lui. Aussi, Marine Le Pen incarne le vote d'extrême droite qu'elle est la seule à occuper. Le vote utile du coup peut s'exercer sur plusieurs candidats et avec des frontières blocs à bloc qui se sont brouillées rendant l'issue du scrutin incertaine.

Quand on regarde concrètement comment se répartissent la proportion d'électeurs qui se place dans une logique de vote utile, un clivage apparait. Tous les candidats  ont, à quelques points prêts, la même proportion d'électeurs qui envisagent de voter utile à une exception, Emmanuel Macron, dont l'électorat est composé pour moitié par des électeurs qui se réclament d'un vote utile. 

C'est totalement inédit. En 2012, sur les deux finalistes, François Hollande avait 43% de vote utile et Nicolas Sarkozy 29%.  Aujourd'hui on a tous les candidats qui sont bien inférieur à ce que les que les deux protagonistes de l'époque enregistraient, à part Emmanuel Macron. Ca renvoie bien à une dispersion du vote utile qui normalement se rassemble autour d'un champion. Donc la même proportion, mais dispersée. 

A quel point cette élection va-t-elle se faire en fonction des sondages ?

Habituellement les sondages contribuent grandement à orienter le vote utile. Puisque comme c'était le cas en 2012, un chiffre net se dégage. Mais à partir du moment où vous avez quatre candidats, tout le monde peut prétendre à récupérer du vote utile. Donc les sondages ont leur importance sur la partie du corps électoral stratège sauf que là, cette importance est amoindrie car le vote utile est déboussolé. Vous pouvez voter Emmanuel Macron ou Jean-Luc Mélenchon en étant de gauche de même que vous pouvez voter François Fillon ou Marine Le Pen en étant à droite. 

Si on fait un peu de prospective et qu'on essaye d'analyser ce qu'il peut se passer dans les dynamiques, on s'aperçoit que si la baisse d'Emmanuel Macron se confirme, étant donné qu'il est celui qui a la plus grande proportion d'électeur qui voteraient pour lui parce qu'ils pensent qu'il peut gagner, à partir du moment où il descend dans les sondages -et que sa qualification devient moins évidente-, c'est mauvais pour lui. Il peut y avoir un effet boule de neige qui ferait qu'il commencerait à baisser et comme son électorat est moins cristallisé que les autres, -et qu'il n'apparait plus comme le vote utile- il n'est pas impossible qu'une nombreuse part de ses électeurs (car ils sont nombreux) revoient leurs intentions de vote et se dirigent vers un autre candidat. 

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