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Les marchés n’aimaient déjà pas le risque Le Pen, ils vont détester le risque Mélenchon, avec son programme trotskiste, et son jeu « le Fiscal Kombat »
©DR

Un nouveau chouchou

Depuis que le candidat de la France Insoumise est arrivé dans le quarté des gagnants possibles à la présidentielle, les marchés commencent à mesurer le risque Mélenchon.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Après le risque Marine le Pen qui a un peu baissé, les investisseurs commencent à s’inquiéter sérieusement du risque Mélenchon. Le spread entre la France et l’Allemagne, c’est à dire l'écart de taux d’intérêt entre les deux pays a augmenté à 70 points de base pour les emprunts à 10 ans après la publication des sondages donnant Mélenchon à l’arrivée du premier tour devant François Fillon avec 18% des intentions de vote.

Jean Luc Mélenchon devient donc le troisième homme de la campagne.

Alors les milieux financiers ne paniquent pas encore, mais ce qui les préoccupe, c’est la vitesse de progression du candidat de « la France insoumise »

Jusqu'à maintenant, jean Luc Mélenchon était considéré comme un extra-terrestre de talent.  Intelligent, cultivé et drôle. Ses meetings ressemblaient à des one-man show dans la veine d’un Guy Bedos du temps de Mitterrand quand il remplissait les zéniths d’un discours sarcastique, mais l’avantage de Mélenchon c’est que c’est gratuit.

En clair Mélenchon a siphonné les voix de Benoit Hamon et attiré à lui une sympathie venant de tous les horizons et plus spécialement des territoires de la gauche ou on se faisait plaisir en caressant un programme qu’on n’avait pas lu en entier d’abord, et dont on pensait qu’il ne pouvait pas être appliqué.

Mais ça s’était avant. Aujourd’hui que Mélenchon a acquis un pôle position pour la finale avec Emmanuel Macron et Marine Le Pen, les marchés, les investisseurs étrangers commencent regarder tout cela de plus près.

Et le paysage commence à les perturber.

Avec Marine le Pen, ils pouvaient s’attendre au retour du franc avec un referendum sur l’appartenance de la France à l‘union européenne. La perspective n‘était guère réjouissante mais elle paraissait improbable.

Si maintenant en face de Le Pen, on trouve Jean Luc Mélenchon, l’horizon se brouille. Jean Luc Mélenchon est quand même un eurosceptique convaincu et c’est surtout un radical forcené en matière fiscale. Mélenchon n’arrête pas d’annoncer qu’il va renégocier les traités européens sinon, il engagera la sortie de la France de L’UE.

Peu à peu on découvre que l’artiste qui attire les foules en meeting est aussi un trotskiste qui n’a rien oublié des dogmes de Trotski lui même et de son interprète française, Lambert. La lutte contre le capitalisme mondial reste l ambition première.

La meilleure preuve est que l‘un de ses atouts dans la campagne aura été d’allier la modernité digitale à tous les clichés et archaïsmes de la gauche et extrême gauche française.

Il avait déjà été le premier en France à innover en faisant un meeting grâce à un hologramme ou mener une émission de cinq heures sur YouTube, il se permet aujourd’hui le luxe d’être le héros d’un jeu vidéo, créé par quelques-uns de ses sympathisants.

Ce jeu « fiscal Kombat » en dit plus qu’un long discours sur les intentions.

Pour jouer à « Fiscal Kombat », on se glisse dans la peau de Jean-Luc Mélenchon, justement et avec son personnage, on attrape des personnalités, appelées des « oligarques » puis on les secoue, afin de récupérer leur argent.

Le but : financer le programme du candidat de la France insoumise.

Jean-Luc Mélenchon se sert des casseroles que trainent les partis traditionnels. Au fil des niveaux, il affronte donc Jérôme Cahuzac, Nicolas Sarkozy, Christine Lagarde ou François Fillon. Mais aussi des personnalités étant simplement connus pour être du côté des « riches » : Liliane Bettencourt, Pierre Gattaz ou son concurrent a la présidentielle, Emmanuel Macron.

Au delà de l’amusement, et des postures typiques des extrêmes, le jeu a pour but de monter des catégories de populations les unes contre les autres. De reproduire la lutte des classes et la guerre sociale. Soit on se reconnaît du côté de ceux qui veulent récupérer l’argent des oligarques, à la Mélenchon. Soit c’est une razzia fiscale sur le revenu à laquelle vont devoir se préparer les concernés, un autre type de combat fiscal.

Le message est clair. Une fois Mélenchon au pouvoir, il ne fera pas bon être riche en France. D’ailleurs, sa réforme de la fiscalité est claire. C’est d’ailleurs d’après lui, une révolution fiscale. Celle de la création d’une tranche marginale à 90% pour tout revenu supérieur à 400 000 euros. Un autre type de combat fiscal, pour tous ceux qui seront concernés.

Les marchés ont découvert le fiscal Kombat et n’ont pas envie de prendre le risque d’être tirés comme des lapins.

La montée de Mélenchon accentue donc les incertitudes à deux semaines du premier tour. La présidentielle va  se jouer entre quatre candidats. Dont deux se situent dans le système d’économie de marché Fillon et Macron, et deux se sinuent hors système, le Pen et Mélenchon.

Le problème est que parmi les deux qui s’inscrivent dans  le système, l’un est affaibli par les affaires (Fillon) et l’autre est hors de tout parti politique traditionnel sans référence historique pour essayer d’imaginer la majorité avec laquelle il pourrait gouverner.

Le PS est donc vide de ses énergies et de son idéologie et la droite se prépare à la frustration.

Aujourd’hui, et selon beaucoup de banquiers qui observent la situation, chacun des quatre candidats les mieux placés peuvent se qualifier pour le second tour, et du coup, une finale entre Mélenchon et Le Pen n’est évidemment pas à exclure. Pour les milieux d’affaires et les chefs d’entreprise, c’est la perspective la plus mauvaise.

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