“Mais pourquoi les Italiens ont-ils suspendu l’identification ADN des morts du Costa Concordia ?”<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Europe
“Mais pourquoi les Italiens ont-ils suspendu l’identification ADN des morts du Costa Concordia ?”
©

Naufrage

Presque deux mois après le naufrage du Costa Concordia, sept personnes sont toujours portées disparues. La semaine dernière, huit corps ont été retrouvés. Seulement un seul a pu être identifié. Malgré cela, les autorités italiennes ont décidé d’arrêter les recherches ADN. Le témoignage d'André Litzler, l'oncle de Mylène Litzler portée disparue avec son compagnon Mickaël Blémand depuis le 13 janvier dernier.

André Litzler

André Litzler

André Litzler est l'oncle de Mylène Litzler, passagère du Concordia, portée disparue depuis le 13 janvier dernier avec son compagnon Mickaël Blémand.

Voir la bio »

Atlantico : Près de deux mois après le naufrage du Costa Concordia, il reste encore sept personnes portées disparues. Parmi elles, se trouvent votre nièce Mylène Litzler et son compagnon Mickaël Blémand. Où en sont aujourd'hui les recherches ?

André Litzler : Les recherches ADN ont été suspendues suite à la demande d’un avocat des inculpés. Qui ? on ne le sait pas. Le commandant, son adjoint ou les sept autres membres de l’équipage inculpés ? Nous ne comprenons absolument pas cette décision. Où est le rapport entre les recherches ADN et l’inculpation qui devrait avoir lieu ce samedi ?

Les recherches ADN étaient effectuées sur les huit corps qui ont été retrouvés la semaine dernière. Une petite fille de 5 ans a pu être identifiée assez facilement mais les sept autres corps restent toujours anonymes. La recherche ADN est indispensable car ces corps son en état de décomposition.

On nous avait dit qu’on aurait les résultats ce lundi. On ne les a pas eu. On nous a ensuite dit mercredi, puis vendredi. Nous avons appris ce jeudi que les recherches ADN ont été stoppées.

Personne ne connaitra l’identité de ces sept corps tant que la justice italienne n’aura pas ordonner la reprise des recherches ADN.

La demande d’un des avocats des inculpés suffit donc à stopper les recherches ADN. N’y a-t-il pas aussi une autre raison ?

Un inculpé se déclare innocent du naufrage. S’il est innocent, je ne vois pas pourquoi il s’oppose à la recherche ADN. Il fait du mal aux familles qui attendent des résultats depuis le début de cette histoire. Je ne vois pas pourquoi il s’en prend aux familles, nous n’y sommes pour rien là-dedans. Il pourrait s’en prendre directement à Costa ou quelqu’un d’autre.

La semaine dernière, 5 experts internationaux (français, suédois, suisse, anglais et allemand) se sont déplacés sur l’ile de Giglio. Grâce à leurs techniques, ils ont pu retrouver huit corps. Ils sont restés jusqu’à vendredi 24 février sur place. Ils ont demandé à rester plus longtemps mais l’Italie a estimé ne plus avoir besoin d’eux. Les autorités italiennes pensent que, grâce aux techniques de ces experts, ils seront capables de retrouver les sept autres corps qui restent encore disparus. Depuis une semaine, ils n’ont encore rien trouvé… les recherches n’avancent plus.

Les recherches par bateau continuent mais sont très faibles par rapport à ce qu’elles devraient être. Une seule équipe travaille pour couvrir tout le bateau. Ce n’est clairement pas suffisant par rapport à la taille du navire. La France a proposé son aide à l’Italie mais l’Italie refuse toujours.

Quelle est aujourd’hui votre principale revendication ?

Nous essayons de pousser l’Italie à accepter l’aide des autres pays. D’autant plus qu’il n’y a plus d’Italien porté disparu aujourd’hui. Cela fait deux mois que ça dure, il faut que ça cesse ! Les familles n’en peuvent plus !

Les Italiens font preuve d’égo mal placé. C’est, je le crois, un problème de fierté. Ils veulent être les seuls à trouver les sept derniers corps. Nous, on s’en fout de qui retrouvera les corps !  C’est pour cela que nous tentons de lancer aujourd’hui une campagne médiatique de manière à avoir le plus de poids possible auprès du procureur pour que l’on reprenne les recherches ADN et pour que l’Italie accepte l’aide des autres pays. C’est aussi dans cette optique que mon frère, Alain Litzler, a choisi Me. Gilbert Collard pour nous défendre.

Comment trouvez-vous l’attitude de l’entreprise Costa dans cette tragédie ?

Costa a clairement dit qu’elle mettrait tous les moyens en œuvre pour aboutir dans les recherches. C’est maintenant à l’Italie de jouer le jeu !

En ce qui nous concerne, nous n’avons jamais parlé d’argent avec eux. Nous demandons simplement que l’on retrouve nos enfants. Mais plus les jours passent, plus l’espoir diminue. Depuis le début, nous réclamons le plus de moyen possible et le plus rapidement possible. C’est ce qui aurait du être fait dès le lendemain du naufrage !

Je trouve choquant que certaines personnes présentes sur le Costa Allegra se mettent à demander des indemnités à Costa, à l’instar des victimes du Concordia, alors que c’est seulement une affaire de « vacances gâchées ». Pour nous, ce n’est clairement pas un problème d’argent. Un être humain n’a pas de valeur. Ils peuvent nous donner tout l’argent du monde, cela ne ramènera pas nos enfants.

Propos recueillis par Jean-Benoît Raynaud

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !