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Ce curieux royaume de France où l'on taxe les entreprises... avant même qu’elles aient gagné le moindre euro
©Reuters

Bonnes feuilles

Un naufrage programmé ? Privatine, la mule croulant sous les fardeaux, s’est effondrée sur la place du village. Privatine ? C’est l’économie privée, la bête de somme qui soutient à bout de forces les 30 millions de personnes dépendant de la dépense publique. Accablée de charges, impôts et normes, elle est épuisée, dépassée par ses consoeurs étrangères qui caracolent loin devant. Et si Privatine venait à mourir ? Extrait de "Privatine, la mule qui souffrait d'être trop chargée" d'Irène Inchauspé et Olivier de Massy, aux Editions du Cerf (2/2).

Irène Inchauspé

Irène Inchauspé

Passée par Le Point et Challenges, Irène Inchauspé est notamment l'auteur de L'Echéance avec François de Closets et de L'Horreur fiscale avec Sylvie Hattemer. Elle est journaliste à L'Opinion.

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Olivier de Massy

Olivier de Massy

Ancien administrateur de l’Insee et ex-président de la Commission paritaire de la banque, Olivier de Massy est dirigeant d’entreprise.

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Le professeur: Pourrait-on parler maintenant de ces impôts que payent les entreprises?

Walter : Avec plaisir car on a vraiment là une particularité française. Beaucoup d’économistes et de politiques se sont écharpés sur le partage de la valeur ajoutée… sans voir qu’un énorme intrus s’y installait progressivement! Dans ce royaume, on taxe les entreprises, avant même qu’elles aient gagné le moindre euro. Un peu comme si vous préleviez un sac de graines à un agriculteur avant qu’il ne les plante et ne récolte quoi que ce soit. Avant d’avoir le moindre chiffre d’affaires, les entreprises françaises payent donc 60 milliards d’euros (CFE, CVAE, impôts sur les salaires et la main-d’œuvre). Un chiffre en hausse depuis quinze ans. Si je veux être honnête, je soustrais de cela toutes les subventions diverses et variées; cela fait en net plus de 40 milliards d’euros en 2013. Avec le CICE, dont monsieur le maire a parlé, l’addition est encore à 30 milliards d’euros en 2015 ! Cela représente 5,3 % de la masse salariale brute des entreprises, c’est énorme !

L’ouvrier: Ben moi ce que je comprends, c’est que, finalement, personne n’est content, ni les salariés qui n’ont pas vu augmenter les salaires, ni les entreprises qui ont vu baisser leur compétitivité. On pourrait peut-être tomber d’accord là-dessus.

Walter: Vous avez raison, mais il n’y a pas que cela. À la fin des trente glorieuses, l’économie française était soutenue par ses acquis industriels et commerciaux et n’était pas encore trop alourdie par le poids des dépenses publiques. Il y a eu débat sur le partage de la valeur ajoutée car on pensait pouvoir jouer sur la part des rémuné- rations dans celle-ci. La production était considérée comme une sorte d’acquis résultant de la capacité de nos produits – avec leurs qualités et leurs prix – à s’imposer tant sur les marchés à l’exportation que sur le marché intérieur. Aujourd’hui, la logique est inversée. Très souvent, c’est le marché mondial qui fixe les prix ; ensuite, les entreprises essaient comme elles peuvent de dégager une valeur ajoutée en vendant leurs produits ou services à ces prix. La capacité des entreprises à s’adapter à cette situation et à obtenir une « production » est directement traduite par la « compétitivité » telle que nous l’avons définie (production par euro de travail). C’est là que pèse dans le mauvais sens le poids du poste « rémunérations », en particulier celui des charges fiscales et sociales qui ont beaucoup augmenté pour financer les 57 % de dépenses publiques dans le PIB national.

Extrait de "Privatine, la mule qui souffrait d'être trop chargée" d'Irène Inchauspé et Olivier de Massy, aux Editions du Cerf 

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