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"Je suis Saint-Pétersbourg" : quand Paris et Berlin font preuve de compassion sélective en mettant tant de temps à se décider à allumer leurs monuments suite à l'attentat en Russie
©Ruslan Shamukov / AFP

Piqûre de rappel

Les passagers d’un métro russe fauchés par une bombe ne se sont pas des coupables par association. Juste des victimes. Ça va sans dire mais ça va mieux en le disant tout de même.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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J’hésite à parler d’« indignation sélective » ou de « deux poids deux mesures » parce que ces locutions sont devenues aussi vides de sens que « bien pensant », « idiot utile », « nauséabond » et « bobo » à force d’être mises à toutes les sauces, mais force est de constater qu’une bombe dans un métro russe fait moins de bruit qu’une voiture-bélier à Westminster ou un camion fou à Nice.

De fait, le seul autre endroit de la planète où le terrorisme génère aussi peu de compassion, c’est Israël, incidemment le seul pays ayant exprimé sa compassion à l’égard des victimes de Saint-Pétersbourg par les moyens désormais habituels

C’est qu’il existe probablement un vague sentiment qu’une vie brisée par un djihadiste n’est pas exactement brisée de la même manière qu’ailleurs si elle l’est dans un pays gouverné de travers. Et je ne dis pas ça pour faire le malin : moi-même, je suis loin d’avoir été le premier à changer ma photo de profil Facebook en un dérisoire (mais sans doute réconfortant pour les proches des morts et les blessés) « Je suis Saint-Pétersbourg ». A vrai dire, je ne l’ai pas fait du tout.

A la réflexion, je n’en suis pas spécialement fier. Le voyageur du métro qui termine son trajet en morceaux outre-Volga n’est pas plus responsable des bombardements en Syrie que l’ado aux jambes fracturées sur un pont londonien ne l’est de l’intervention britannique en Irak. D’autant plus qu’il s’en fout un peu, des choix politiques de la nation qu’il meurtrit, notre djihadiste.

Français qui bannissent la burqa, Anglais qui autorisent les tribunaux islamiques, Russes qui soutiennent Bachar, Turcs qui emprisonnent les laïques, c’est du pareil au même de son point de vue de théo-fasciste. Et que Poutine soit un semi-dictateur ne transforme pas un innocent en semi-coupable. Tout comme un israélien prenant l’apéro à la fraîche ne représente pas Nétanyahou lorsqu’un maboul prend sa terrasse pour cible.

Mais bon, je l’ai dit, je ne fais pas vraiment le malin sur ce coup. Aux morts et aux blessés de Saint-Pétersbourg : я Санкт-Петербург (maladroite traduction Google).

Note : depuis la rédaction de cet article, Anne Hidalgo a annoncé que la Tour Eiffel sera éteinte mardi 4 avril au soir à minuit en hommage aux victimes de l'attentat de Saint-Petersbourg.

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