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Débat présidentiel : jeux du cirque, défilé de mode ou visite de la cour des miracles. C’est au choix !
©REUTERS/Ralph Orlowski

Atlantico Business

Le débat de ce soir ne peut être utile que s’il permet de comparer les programmes économiques et sociaux. Ça n’est pas garanti.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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C’est la première fois qu’un débat présidentiel va réunir les onze candidats sur un plateau de télévision en direct. L’exercice est sûrement passionnant, mais il risque fort d’être assez inutile pour la pédagogie des politiques à mettre en place.

Ce type de débat court trois risques majeurs pour les candidats.

Le premier des risques est de tourner aux jeux du cirque. Pourquoi ? Parce qu’il y a désormais 4 candidats principaux qui émergent : Emmanuel Macron, Marine Le Pen, François Fillon et Jean-Luc Mélenchon. Les autres sont marginaux.La seule solution pour se faire remarquer est d’être transgressif dans leur projet et violents dans la critique des grands candidats. Ils vont donc attaquer les leaders. Dans le peloton de tête, le leader va concentrer tous les tirs. Emmanuel Macron va donc être le plus menacé parce que c’est aussi le plus menaçant.

Le deuxième risque est que ce débat se résume à un défilé de mode où les candidats ne diront rien qui puisse fâcher leur électorat. Comme les athlètes de haut niveau, ils resteront chacun dans leur couloir avec leurs certitudes et leur discours prêt-à-porter. Opérations éduction de leur propre clientèle.

Le troisième risque est celui de la cour des miracles. Assister à un festival de promesses et de projets plus irréalisables les uns que les autres.

Dans les 3 configurations, l’électeur n’apprendra pas grand chose. Au delà du spectacle, du pugilat et des petites phrases assassines, si on considère que les questions économiques et sociales sont les plus attendues par l‘opinion, il y a trois enjeux sur lesquels les candidats peuvent marquer leurs différences et surtout leur cohérence.

1er : l’enjeu de l’emploi. Plus de 10% de chômage, plus de 25% chez les jeunes. La souffrance française, c’est le chômage de masse. La France est le seul pays développé dans le monde àsouffrir d’un taux de chômage aussi élevé. Alors quelques experts nous expliqueront qu’en Allemagne, il y a des emplois sous payés, qu’en Angleterre ou aux Etats-Unis, il y a beaucoup de petits boulots et beaucoup de temps partiels. Sans doute, mais la question est de savoir s’il vaut mieux le risque du déclassement social et l’exclusion du monde du travail plutôt qu’un petit boulot qui est souvent l’antichambre de l’insertion. La France est en train de crever du manque d’emplois marchands. Parce que la France est capable de créer des emplois publics en s’endettant. Tout emploi public ou aidé nous prive des moyens pour créer des emplois privés créateurs de richesses, l‘opinion publique attend des candidats qu’ils déroulent un véritable plan de sauvetage de l’emploi marchand sous toutes ses formes. Ça passe par la création d’activité dans les entreprises, l’innovation, la formation, la flexibilitésociale et la fiscalité.

2e : l’enjeu européen. Certains candidats ont choisi de tourner le dos à la construction européenne et de se replier sur l’Hexagone pour mieux se protéger de la concurrence des autres.Le repliement serait une erreur historique, la constitution d’une Europe plus solidaire et plus fédérale est sans doute la seule et dernière grande aventureà offrir aux jeunes générations pour qu’ils se défendent dans un monde assez violent et assez hostile. L’Union européenne (300 millions d’habitants) a presque tout ce qu’il faut pour vivre en autarcie. L’Union européenne aurait le poids des Etats-Unis et de la Chine.La faute politique des gouvernements précédents a été de ne pas œuvrer à la consolidation de l’Europe et surtout avoir utiliser l’Europe, l’euro et Bruxelles comme alibi à nos propres lâchetés et faiblesses.

3e : assumer la mondialisation et les progrès technologiques. Là encore, beaucoup de candidats se méfient de la concurrence mondiale. Elle est inéluctable. La seule issue est de l’assumer. Pour une raison très simple. Il y a aujourd’hui des questions qui ne peuvent se régler qu'à l’échelon mondial : le réchauffement climatique, les phénomènes de pollution, la raréfaction des matières premières et des énergies fossiles. Les progrès de la technologie dans tous les domaines ne pourront être gérés eux aussi qu’à l’échelon mondial.

La prise en compte de ces trois enjeux majeurs permet de séparer les candidats entre ceux qui ont vocation à gouverner et ceux qui limitent leur vocation au témoignage. C’est sympathique un témoignage, une analyse, une utopie, mais on a besoin de cohérence pratique et de moyens.

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