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#LaMajoritéEnMarche : Emmanuel Macron tente d’imposer ses règles pour garantir la cohésion de ses soutiens une fois élu
©AFP

En Marche !

Mardi 28 mars, Emmanuel Macron a présenté les contours de sa majorité une fois élu. Parité homme-femme, 15 ministres, obligation de quitter son parti à l'élection législative, "En Marche !" ressemble fortement aux partis tant décriés par le candidat à la présidentielle.

Virginie Martin

Virginie Martin

Virginie Martin est Docteure en sciences politiques, habilitée à Diriger des Recherches en sciences de gestion, politiste, professeure à KEDGE Business School, co-responsable du comité scientifique de la Revue Politique et Parlementaire.

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Atlantico : Emmanuel Macron a présenté mardi 28 mars les contours de sa majorité une fois élu. Equipe resserrée autour de 15 ministres, parité homme-femme, obligation pour les candidats à l'élection législative de quitter leurs partis... Ces règles lui permettront-elles effectivement de garantir la cohésion de ses soutiens, de gouverner de manière efficace ?

Virginie Martin :
 Emmanuel Macron a longtemps vendu l'idée qu' "En Marche !" n'était pas un parti mais un mouvement, mais ces précisions montrent que l'ancien ministre de l'Economie rentre bel et bien aujourd'hui dans une logique de parti politique. Effectivement, il est difficile d'imaginer une majorité parlementaire avec des élus dispersés dans plusieurs camps. 

Fort des sondages qui le créditent de 25% il fait maintenant passer le message à ses soutiens : vous ne pouvez pas avoir plusieurs appartenances politiques. Petit à petit on voit bien que ce mouvement qui à l'origine était souple est en train de prendre une forme différente. 

Si Emmanuel Macron a décidé de ces nouvelles règles, c'est donc pour asseoir sa majorité mais aussi pour des intérêts économiques. En Marche! a des comptes correctement alimentés pour le moment, mais le fait d'avoir des élus sous son étiquette assurera de manière pérenne une source de financement. 

Comment la question de l'élection législative peut-elle se poser aujourd'hui pour le candidat ?

L'élection législative est un événement essentiel pour Emmanuel Macron. Contrairement à ce qu'il a pu dire je pense qu'il a d'ailleurs déjà imaginé depuis longtemps le plan qu'il distille aujourd'hui. Il voulait prendre le pouvoir et donc avait besoin d'un parti politique. Il savait aussi, au vu des études qualitatives qu'un pays comme la France se prenait "hors parti", avec un discours qui sortirait des clivages, ou l'on doit "aimer un peu tout le monde". Il sait très bien ce qu'il veut mais il distille son plan au moment où les Français sont prêts à les entendre, ce qui reste habile.

Pour revenir à l'élection législative, elle comporte beaucoup d'inconnues pour le candidat, notamment parce qu'il a fait le choix de présenter des personnalités sans expérience de la vie politique qui se retrouveront face à de bons experts, des têtes connues depuis longtemps. Et les députés ne vont pas déchirer leur carte sur un coup de tête... 

En réalité il semble se diriger sans le dire vers une coalition à l'allemande avec des élus républicains et socialistes, une forme de cohabitation qui n'en serait pas vraiment une. Et pour être honnête j'ai du mal à imaginer ce que cela pourrait produire avec notre constitution qui laisse une place importante au Président...

Pensez-vous que ces nouvelles annonces lui permettront de poursuivre sa bonne dynamique dans les sondages ?

Emmanuel Macron fait aujourd'hui sa route, elle a l'air de fonctionner au regard des sondages. Mais c'est aussi parce que toute l'aile droite du Parti socialiste lui donne raison... Pourquoi cette tectonique des plaques vers la droite au PS ? François Hollande était déjà allé beaucoup à droite, et avec Emmanuel Macron on a largement dépassé l'idée d'une sociale-démocratie... Comment tous ces gens qui se disent de gauche peuvent-ils accepter qu'Emmanuel Macron souhaite retirer le mot "pénibilité" lorsqu'il s'agit du travail ? Symboliquement c'est très fort, et c'est toute la gauche qui se renie. Barbara Pompili a souhaité le rejoindre. Mais quelle valeur écologiste le programme d'Emmanuel Macron porte-t-il ?

Il faut que les gens de gauche qui le rejoignent assument le fait qu'il y a une droitisation de ses positions, que le logiciel libéral d'Emmanuel Macron protège finalement ceux qui vont déjà bien, les insiders... Ses meetings en témoignent, car ils sont remplis de jeunes cadres. La gauche doit-elle abandonner les classes populaires à Marine Le Pen ?

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