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Indicateurs au vert : vers un climat économique parfait pour le prochain président ?
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Aubaine

De nombreux indicateurs comme ceux de l'institut Markit montrent un climat plutôt positif en cette fin de mandat présidentiel. Mais s'il peut y avoir des opportunités, la mission ne sera pas nécessairement facile pour le prochain occupant de l'Elysée. D'autres marqueurs le montrent.

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Atlantico : Selon la dernière enquête menée par l'institut Markit, le niveau d'activité du secteur privé aurait atteint un plus haut de 6 ans au cours de ce mois de mars 2017. Faut-il y voir une réelle opportunité pour le début du prochain quinquennat ?

Philippe Crevel : Depuis le début de l’année, de nombreux indicateurs économiques sont bien orientés pour l’Europe et pour la France également. Ainsi, les dernières données PMI Flash de mars mettent en évidence une expansion du secteur privé françaiset cela pour le 9e mois consécutif. L’Indice Flash Composite Markit de l’Activité Globale atteint 57.6, soit son plus haut niveau depuis mai 2011. Le volume des affaires en cours augmente pour le 13e mois consécutif. L’indice mesurant le climat des affaires même s’il a légèrement baissé au mois de mars est à un niveau largement au-dessus de sa moyenne de longue période. L’indice parisien CAC 40 a franchi la barre des 5000 points ce qui ne lui était pas arrivé depuis 2015. Il y a un petit vent d’euphorie un peu surréaliste qui envahit les marchés et les analystes. Néanmoins, il faut rester prudent. Les résultats économiques réels ne témoignent pas d’une réelle accélération de la croissance. Simplement, les investisseurs tentent de croire que du fait que le pire ne soit pas au rendez-vous, il est possible de croire au meilleur. La série des mauvaises nouvelles de 2016, Brexit, Trump… n’a pas provoqué les cataclysmes annoncés. En France, le taux de croissance de 2016 a été très modeste, 1,1 %. Il a été inférieur à la moyenne de la zone euro. Le taux de chômage fait du surplace depuis la fin de l’année dernière. La production industrielle est loin d’avoir retrouvé son niveau d’avant crise. Le déficit public a été d 3,4 % en 2016 et la dette publique s’élève à 96 % du PIB. Il n’y a donc pas lieu de penser que tout va bien en ce début de printemps. Les marchés veulent croire à la reprise promise par Trump et au rattrapage de croissance en Europe mais tout cela pourrait se retourner très rapidement

Quels sont les facteurs qui pourraient modifier la tendance actuelle ? Quelles sont les opportunités offertes par un tel contexte, et quels sont les risques qui peuvent y être associés ? 

L’INSEE a prévu une croissance de 0,3 % au premier trimestre et une croissance de 0,5 % pour le 2e. Cette légère amélioration attendue pourrait être remise en cause d’élévation trop rapide des taux. La montée des taux pourrait être provoquée par des doutes sur la volonté de la France ou de l’Italie de vouloir rester en zone euro. Si la France devenait ingouvernable après les élections, il pourrait y avoir des tensions sur les taux. Leur augmentation renchérirait le service de la dette et pénaliserait l’immobilier. De même, il y a un risque en France de relance et d’accroissement des déficits qui pourraient créer un réel blocage au sein de l’Union. En outre, à force de tirer sur la ficelle de l’endettement, elle pourrait craquer.

Des incertitudes internationales pourraient remettre le micro-climat d’optimisme qui règne à l’heure actuelle. L’incapacité de Donald Trump d’appliquer sa politique pourrait déboucher sur une correction sur les marchés américains qui s’étendrait sur les autres places. A contrario si Donald Trump réussit à faire adopter ses mesures protectionnistes, la croissance de l’économie mondiale pourrait ralentir ce qui toucherait la France.

La négociation avec le Royaume-Uni sur leur départ de l’Union européenne qui débute le 29 mars peut donner à des tensions qui pourraient peser sur l’investissement

Le retour des tensions au Moyen Orient pourrait également modifier le climat économique.

Dans quelle mesure le contexte économique actuel est-il différent de celui du printemps 2012 ? 

En 2012, nous sortions d’une double crise, celle de 2008 liée à la faillite de Lehman Brothers et celle de 2011 liée à la Grèce et aux dettes souveraines. En 2009, l’économie mondiale a connu la récession la plus forte depuis 1929. Le système financier a failli imploser. Les chefs d’Etat et de gouvernement ont mis en place dans le cadre du G20 un plan de sauvetage de l’économie portant sur des milliers de milliards de dollars. En 2011, l’euro était au bord du gouffre. Même si tout n’a pas été parfait, la France et l’Allemagne ont réussi à empêcher la fin de l’aventure européenne. La Grèce a été sauvée tout comme l’Irlande, le Portugal ou l’Espagne.

Aujourd’hui, de nombreux Etats ont retrouvé le plein emploi : les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la République tchèque… Seule l’Europe du Sud et le France sont à la peine.

Mais, aujourd’hui, huit ans après la crise, la population a le sentiment que la mondialisation et la digitalisation mettent en danger le système économique tel que nous le connaissons depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La crainte du déclassement, la peur du chômage, le sentiment que la croissance favorise les autres entraînent la montée du populisme, du nationalisme, du protectionnisme. Les dirigeants apparaissent impuissants face à la situation quand en 2012 ils pensaient encore avoir la main. Le multilatéral recule, les égoïsmes nationaux progressent. La construction européenne est en panne. Aux Etats-Unis, un Président est prêt à s’entendre avec Vladimir Poutine en passant par-dessus des Européens. Le monde est plus instable et moins coopératif aujourd’hui qu’en 2012.

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