Socialisme à la papa : le (non) appel de Londres de François Hollande<!-- --> | Atlantico.fr
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François Hollande et Ed Miliband leader du parti travailliste à Londres.
François Hollande et Ed Miliband leader du parti travailliste à Londres.
©Reuters

Le consensus, c'est maintenant !

Le candidat PS était en déplacement dans la capitale anglaise mercredi. Gaspard Koenig l'a suivi et a trouvé son discours beaucoup trop consensuel.

Gaspard Koenig

Gaspard Koenig

Gaspard Koenig a fondé en 2013 le think-tank libéral GenerationLibre. Il enseigne la philosophie à Sciences Po Paris. Il a travaillé précédemment au cabinet de Christine Lagarde à Bercy, et à la BERD à Londres. Il est l’auteur de romans et d’essais, et apparaît régulièrement dans les médias, notamment à travers ses chroniques dans Les Echos et l’Opinion. 

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Les temps changent. J’avais assité au meeting Sarkozy à Londres en 2007, je me suis rendu hier à celui de Hollande. Il serait injuste de comparer les 3 000 personnes du premier avec les 300 du second. Car je pense que si le candidat UMP revenait à Londres aujourd’hui, ce serait 30 personnes qu’il réunirait, tant il a déçu les Français de Londres en tournant le dos à ses promesses libérales.

J’attendais, twitter en main, que François Hollande nous parle de finance, de fiscalité et de mondialisation. Il n’en fut rien, et je suis resté tout penaud avec mon téléphone dans la main, sauf pour signaler que le candidat socialiste s’emmêlait encore une fois dans ses chiffres (« 150 000 Français à Londres », alors qu’il y en a deux fois plus). J’espère qu’il sera plus consciencieux quand il s’agira d’évaluer le déficit ou de calculer nos impôts.

Hormis cet accrochage technique, le candidat socialiste illustre à la perfection la définition thatchérienne du consensus : « ce que personne ne croit, mais que personne ne rejette ». Avec les travaillistes britanniques, il y a des divergences et des convergences. Les jeunes, il faut les aider. La justice, elle doit être fiscale et sociale (mais sans égalitarisme). Les droits et les devoirs, il faut qu’il soient les mêmes pour chacun. L’union entre la France et le Royaume-Uni, elle est importante. Le mouvement de l’histoire, c’est le progrès. Et quand même, à regret, un mot sur la finance à la fin : « régulée », pas « folle ». Qui est contre ?

Cette volonté de ne rien dire est tellement ancrée chez François Hollande qu’il l’a théorisée : le candidat, nous répète-t-il, ne doit pas diviser. Faire campagne sur des « thèmes simples ». Ne jamais, au grand jamais, froisser quiconque. Et ceux qui parviennent à ne pas être d’accord, qui veulent apporter des « nuances », n’ont qu’à voter Hollande quand même, car la gauche ne doit pas se « disperser ». Le rien est inclusif. La salle se néantise sagement, sans rien de cette passion, de cet espoir qui accompagnèrent d’autre campagnes. On prend la pose avec Elisabeth Guigou, Harlem Désir ou Pierre Moscovici. Le « changement », en somme.

Pourtant, sous son discours au cordeau, l’inconscient hollandais laisse échapper des scories qui ne me disent rien qui vaillent, et qui annoncent un socialisme à la grand-papa.

D’abord, on apprend que la solidarité, c’est « prévenir TOUS les risques de l’existence ». L’Etat nounou revient en grande forme. Joignant les actes à la parole, l’équipe du PS nous empêchait de nous approcher trop près des balustrades « pour ne pas tomber ». Je parie que la cigarette sera interdite et la vitesse des piétons limitée (avec radars sur les trottoirs) d’ici la fin du quinquennat d’Hollande.

Ensuite, Hollande a déploré la fermeture de quelques consulats de province car nous aurions vivement besoin de plus d’administration française à l’étranger. Pauvres de nous, qui vivions dans l’insouciance, trop loin de notre belle bureaucratie ! Elle nous rattrapera. Et je gage que sur le territoire métropolitain, elle proliférera. Car c’est bien connu, l’Administration a seule la réponse à nos problèmes.

Enfin, j’eus le bonheur d’apprendre que les progressistes ici présents incarnaient la « destinée du genre humain ». Vieille, si vieille tradition de l’Internationale socialiste ! Le PS se sent toujours obligé de guider le monde, alors qu’il est aujourd’hui ringardisé par tous les autres partis de gauche européens.

Hollande ne nous a pas dit, comme Sarkozy en 2007 : « Revenez ! ». Il a le nez fin. Car si la France reprend le chemin de l’économie dirigée, il est certain que les 300 sympathiques militants PS de Londres resteront eux aussi de leur côté de la Manche. 

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