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Augmenter les professeurs de 500 euros : quel chiffrage pour la proposition de Nicolas Sarkozy ?
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Calculette interdite

Nicolas Sarkozy propose d'augmenter de 500 euros par mois le salaire des professeurs qui accepteraient d'être présents 26 heures hebdomadaires au lieu de 18 à l'école. Mais combien ça coûte ?

Olivier Carré

Olivier Carré

Olivier Carré est Secrétaire National en charge de la Stratégie Economique à l'UMP.

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Atlantico : Nicolas Sarkozy propose d'augmenter de 500 euros par mois le salaire des professeurs qui accepteraient d'être présents 26 heures hebdomadaires au lieu de 18 à l'école. Comment chiffrer le coût de cette proposition ?

Olivier Carré : La mesure procure un supplément de salaire moyen évalué à 500€ par mois, soit, chargé, environ 8000€ par an et par enseignant volontaire soit un quart de salaire en plus. Cela représente une hausse de 44% d’heures disponibles (8h/18h) pour une hausse du salaire de 25%. Il s’agit bien de présence dans l’établissement, sachant qu’aujourd’hui, les enseignants sont statutairement à 39h et qu’il ne s’agit pas d’augmenter leurs heures globales mais celles qu’ils passent dans leur établissement.

Valérie Rosso-Debord estime que tout cela va s'équilibrer naturellement avec les départs en retraite non renouvelés. Comment l'évaluer ?

Aujourd’hui, dans le second degré, le nombre de départs en retraite est d’environ 12 000 dont le coût est évalué en moyenne individuelle à 51 000 € (fin de carrière) et qui sont remplacés par 8 000 recrutements dont le coût est évalué à 31 K€ (débutant). Si vous accroissez de 44% le nombre d’heures de présences tout en augmentant le salaire de 25%, vous facilitez la possibilité de maintenir l’offre pédagogique tout en diminuant le coût global du fonctionnement.

Concrètement, la règle du 1 sur 2 appliquée aux enseignants du secondaire permet d’économiser 4000x51+8000x20=360 M€ dont la moitié (180 M€) « revient » aux enseignants. En fléchant ce montant sur les volontaires à cette mesure, on peut financer environ 22 000 postulants à cette proposition soit largement plus que les seuls entrants annuels (8000). La mesure est donc bien autofinancée dans le cadre actuel des règles de la RGPP et des engagements financiers de la France de réduction de ses déficits. Elle ne nécessite pas de ressource nouvelle.

Cette disposition permet aux chefs d’établissement de « disposer » d’effectifs davantage présents ans l’établissement, l’enseignant lui voit sa rémunération « stable » augmenter significativement et l’Etat garde la maîtrise de ses équilibres en pouvant poursuivre le 1 sur 2 dans un domaine qui se tendait.

A la fin du prochain quinquennat, si Nicolas Sarkozy était élu, combien de libérations de postes en plus permettra cette mesure ? Combien de professeurs profitent de cette augmentation de salaire ? Combien coûte ou rapporte, au total sur cinq ans, la mesure ?

Cette mesure n’est pas destinée à « libérer des postes » en plus mais à accompagner la réforme du secondaire et accentuer la présence des enseignants au contact des élèves donc dans l’établissement. On estime qu’à la fin du prochain quinquennat, environ 30 000 postes liés au second degré n’auront pas été remplacés sur 446 000 ETP (-7 %). L’essentiel des heures qu’ils effectuaient seront compensées par l’affectation d’une partie des 8h des enseignants volontaires à des heures de cours, le solde étant utilisé pour assurer le suivi des élèves et de la vie de l’établissement conformément aux axes de la réforme proposée par Nicolas Sarkozy.

On ne sait pas combien d’enseignants seront volontaires, que ce soit en entrant ou en postes. Ceci étant dit, chaque enseignant partant à la retraite et non-remplacé (51 000), permet de financer 6 volontaires (8 000) ; la marge de manœuvre est donc importante pour les chefs d’établissement dont l’autonomie sera renforcée en vue de mettre en œuvre la réforme. La mesure telle qu’annoncée est gagée par le un sur deux. Elle est donc autofinancée (ni coût ni gain).

Propos recueillis par Romain Mielcarek

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