Le fantôme des France-Allemagne historiques n'aura pas fait peur aux Bleus<!-- --> | Atlantico.fr
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Olivier Giroud, auteur du premier but français du match France-Allemagne de ce mercredi.
Olivier Giroud, auteur du premier but français du match France-Allemagne de ce mercredi.
©Reuters

Booouh

La France l'a emporté 2-1 mercredi soir à Brême, contre l'Allemagne. Un match pas tout à fait comme les autres et une victoire surprise de bonne augure en vue de l'Euro.

Philippe David

Philippe David

Philippe David est cadre dirigeant, travaillant à l'international.

Il a écrit trois livres politiques : "Il va falloir tout reconstruire", ouvrage qui expliquait le pourquoi du 21 avril,  "Journal intime d'une année de rupture", sorti en 2009 aux éditions de l'Ixcéa, qui retrace les deux premières années de présidence Sarkozy et  "De la rupture aux impostures", Editions du Banc d'Arguin (9 avril 2012). 

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«Le football est un sport qui se joue à 11 et où à la fin c'est toujours l'Allemagne qui gagne ». Cette célèbre phrase du canonnier anglais Gary Lineker n'est peut-être pas si vraie que ça quand on regarde les bilans des duels franco-allemands de football. La France menait en effet 10 victoires à 6 avant le match de mercredi soir, les deux pays ayant réalisé 7 fois des scores de parité lors de leurs 23 affrontements. Mieux, il y a maintenant un quart de siècle que les ogres teutons n'ont pas battu le coq gaulois puisque la dernière victoire allemande remonte au 12 août 1987 à Berlin (Berlin Ouest à l'époque, bref il y a une éternité).

Cependant, en toute objectivité et pour rafraichir nos ardeurs, cette série sans défaite n'est qu'une suite de matches amicaux, les deux derniers affrontements en matches de compétition étant pour les gens de ma génération de bien tristes souvenirs.

Seville, stade Sanchez Pizjuan,  jeudi 8 juillet 1982.Dans cette enceinte se déroula le match qui restera à mon avis le plus grand match de tous les temps entre la France de Platini et l'Allemagne de Rummenigge. Je me préparais à fêter mes 16 ans et nous avions été mon père et moi regarder le match à feu le « café de la plage » à Soulac sur Mer. Autant d'Allemands que de Français dans la salle et pas mal de Hollandais qui, bien qu'éliminés en phase de qualification par les tricolores, avaient pris fait et cause pour nous contrairement à leur compatriote qui arbitrait le match, le sinistre Charles Corver...

Michel Platini dit de ce match « qu'il regroupe tous les sentiments de la vie ». On peut ajouter qu'il est plus merveilleuse tragédie grecque écrite depuis l'antiquité. De l'agression de Schumacher sur Battiston à la joie extrême de Giresse après le 3ème but français en passant par le tir d'Amoros s'écrasant sur la barre à la dernière seconde et au désespoir de Maxime Bossis après son tir au but manqué on peut dire, comme Michel Platini encore une fois: « celui qui n'a pas vu ce match n'a pas vu un match de football, celui qui n'a pas vu ce match n'a pas vu un match de Coupe du Monde ».

Je me souviens avoir rencontré une dizaine d'années après le match le très sympathique Marius Trésor avec qui j'avais deux amis communs. Après avoir fait les présentations, je lui dis, ironie de l'histoire, que « j'étais la veille au Stadium de Toulouse à côté de Giresse et qu'il ne manquait que Platini pour que j'eus rencontré en deux jours les trois buteurs de Seville ». A peine ma phrase terminée, et alors que nous venions à peine de faire connaissance, le « Sacré Marius » me prit par les épaules et me dit : « Ne me parlez plus de ce match, ne me parlez plus de ce match »...

Quatre années plus tard, la France rencontra à nouveau l'Allemagne en demi-finale et s'inclina cette fois par 2 à 0. Héroïques quatre jours plus tôt face au Brésil, le terrain transformé en rizière par des pluies diluviennes (qui désavantageait les techniciens français et avantageait les colosses allemands) et un arbitrage encore une fois pro-allemand (but marqué sur un coup-franc consécutif à un plongeon allemand; but valable de Platini refusé pour un hors jeu inexistant et penalty non sifflé sur Stopyra ce qui fait beaucoup) eurent une fois de plus raison de nos joueurs. Ce match marque d'ailleurs la fin de la génération 82-86 qui est encore dans les mémoire de tous les amoureux du football peu importe leur nationalité. 

Depuis, que des matches amicaux et, malgré le spectacle inoubliable du Allemagne-France de  Gelsenkirchen en 2003 au cours duquel Henry et Trezeguet avaient fait exploser la « Mannschaft » 3 à 0 chez elle, il reste que la France n'a plus battu l'Allemagne en match de compétion depuis...1958  lorsque l'équipe de Kopa et Fontaine avait gagné la petite finale de la Coupe du Monde en Suède.

Mercredi soir, comme d’habitude en match amical, la France s’est imposée au terme de ce qui restera un match référence sous l’ère Laurent Blanc avec un jeu collectif superbe, de très beaux gestes techniques et deux buts avec à leur origine Mathieu Debuchy qui a certainement gagné sa place pour l’Euro dans le seul poste qui était encore vacant dans la défense tricolore. Parmi les autres grandes satisfactions Olivier Giroud, tueur sur sa première occasion et qui a été très présent tant offensivement que défensivement et Samir Nasri pour son rôle de métronome au milieu. Bravo également à toute l’équipe pour son sérieux, sa rigueur et pour l’ensemble de sa prestation.

Après les victoires contre la « Seleçao » au Stade de France et à Wembley contre l’Angleterre, cette victoire au Weserstadion contre une Allemagne deuxième au classement FIFA est d’excellent augure avant l’Euro. Et si on profitait du 30ème anniversaire du match de Séville pour enfin battre l’Allemagne en match de compétition à cette occasion ?

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