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Pourquoi la poursuite de la hausse de la bourse est liée au résultat de la présidentielle
©AFP

Edito

En France, la crainte d’un score élevé du Front National explique largement le retard de la cote parisienne sur ses concurrents.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Après une quinzaine de jours d’hésitations, l’indice CAC 40 de la Bourse de Paris vient de franchir le cap des cinq mille points qu’il n’avait pas connu depuis le 11 août 2015. Plus de dix huit mois de valse hésitations en fonction des hoquets de la conjoncture. Les actions des grandes entreprises se montrent pourtant  généreuses avec leurs actionnaires alors que leurs profits ont été l’an dernier les  plus élevés depuis 2010 avec 75 milliards de bénéfices. Pourtant le marché parisien a pris du retard par rapport aux autres grandes places financières qui caracolent à leurs plus hauts niveaux historiques.  A Paris, les capitalisations demeurent modérées, quand on songe que les banques sont valorisées en-dessous de leurs fonds propres. En fait, ce ne sont plus les considérations purement  financières qui jouent un rôle essentiel. En cette période préélectorale, la politique est omniprésente. Ainsi, le franchissement  de manière franche du seuil des cinq mille points s’est fait au lendemain du verdict des urnes aux Pays-Bas, marqué par l’éloignement du danger populiste, tant  redouté par les marchés. En France, la crainte d’un score élevé du Front National explique largement  le retard de la cote parisienne sur ses concurrents. L’hypothèse d’une sortie de l’euro reste présente dans le raisonnement des gestionnaires de patrimoine qui n’hésitent pas à estimer qu’un retour au franc se traduirait par une perte de pouvoir d’achat immédiate de l’ordre de 25%. Ils en déduisent, en cas de démenti des urnes, que la bourse de  Paris verrait disparaître le principal handicap à son rattrapage pour rejoindre les performances des autres places.

Une fois cette hypothèque levée, les  tenants d’une poursuite mieux assise de la hausse font valoir deux arguments : en  premier lieu, la politique de la banque centrale américaine demeure prudente : une hausse de 25 points de base des taux d’intérêt vient d’être annoncée ; elle sera suivie de deux mouvements similaires de même ampleur d’ici la fin de l’année, mais en évitant une accélération brutale qui aurait eu des conséquences négatives sur l’économie. En second lieu, la croissance s’affirme peu à peu en Europe et l’Insee vient de relever modestement ses prévisions sur  la France, où  l’on a pu enregistrer l’an dernier la création de près de deux cent mille emplois, malgré la faible expansion, un record depuis dix ans.

Il reste qu’il faudrait surmonter un lourd handicap. L’investissement  demeure un parent pauvre, alors que la croissance est toujours tirée par la consommation. Or, celle-ci repose largement sur les importations, au détriment du commerce extérieur qui vient d’enregistrer un montant vertigineux avec un déficit de 48 milliards, réalisé essentiellement  avec la Chine et l’Allemagne.  Le problème de fond est bien connu : le décrochage continu de l’industrie avec ses conséquences sur la désertification des régions. Aujourd’hui, la  production de nos usines est inférieure de dix pour cent  au niveau qui était le sien en 1990. Mais ce sujet est peu évoqué dans les programmes des candidats à la présidentielle, qui ne  reviennent  pas  sur la suppression du ministère de l’industrie édictée à l’époque par Lionel Jospin.  Alors qu’un plan d’urgence à long terme s’imposerait, on préfère brandir le spectre de l’invasion des robots pour envisager de les taxer et continuer de maintenir le pays dans son immobilisme actuel, loin des réformes que l’évolution du monde rendrait pourtant urgentes. 

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