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Taxer les plus riches : buzz ou couac de campagne de Hollande ?
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Proposition surprise

L'annonce du candidat socialiste de vouloir taxer les "plus riches" à 75% a pris de court une partie de son camp. Il a donc profité de son passage sur RTL, ce mercredi matin, pour apporter des précisions bienvenues. Difficile cependant, pour certains socialistes, de défendre cette sortie surprise...

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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On le croyait enfoui dans les oubliettes de l’histoire. Erreur ! Le fantôme du marxisme a fait une réapparition en France, avecla proposition de François Hollande de taxer les très hauts revenus (un million d’euros par an et plus) à 75%. Le président du groupe UMP Christian Jacob l’a aperçu au détour d’un couloir de l’Assemblée Nationale. La droite en tremble encore. Et les explications apportées ce matin par le candidat socialiste au micro de RTL n’ont pas été superflues.

Au PS, en dépit des apparences, on est tombé des nues. On s’est beaucoup interrogé en coulisses sur cette annonce soudaine et, à de rares exceptions près, on espérait que le fantôme ne laisse pas trop de traces.

Car, le moins que l’on puisse dire, c’est que la proposition surprise du candidat socialiste a provoqué des frissons jusque dans les rangs de son équipe de campagne, où l’on a été pris de court par cette improvisation. Quand Jérome Cahuzac, le Président de la commission des Finances de l’Assemblée Nationale, par ailleurs responsable du pôle "Budget, Finances et Fiscalité" auprès de François Hollande, la découvre en direct sur le plateau de France 2, c’est que quelque chose cloche.

Impossible alors d’ajuster son discours avec les fameux éléments de langages prémâchés, et d’en appeler, comme ont pu le faire ses collègues par la suite, à Franklin Roosevelt, le Président qui a redressé l’Amériqueavec un taux d’imposition avoisinant les 90%. Pour une fois le modèle américain a été appelé à la rescousse par les élus PS obligés de défendre la proposition, du moins d’en louer l’esprit de "justice" ! 

Pierre-Alain Muet, élu du Rhône et ex-conseiller en économie de Lionel Jospin à Matignon, trouve cette idée "logique si on veutarriver à réduire l’écart de rémunérations qui peut varier de 1 à 300, voire 400 dans notre pays". Enthousiasme partagé par Jean-Marc Ayrault, mais beaucoup moins par des élus PS qui ont vu là "une décision très individuelle", sur laquelle il va falloir "travailler". Du coup les socialistes se sont montrés très discrets dans les couloirs de l’Assemblée, les plus anciens mettant cet incident sur le compte de "toute campagne électorale", et raillant les "ego" de ceux qui se voient déjà au pouvoir. 

Le candidat Hollande a entendu les récriminations de ceux qui ont crié au loup et, avant de partir pour Londres, il a profité de son passage à RTL pour procéder à quelques réglages , expliquant qu’il voulait avant tout une "réforme fiscale d’ampleur". Et qu’il n’entendait pas décourager "les créateurs" qui gagnent de l’argent "en récompense de leur talent", et dont les rémunérations annuelles varient, contrairement à celles des dirigeants d’entreprises qui s’octroient des augmentations scandaleuses. Enfin, pour ne pas effrayer davantage, il a laissé entendre que la modération salariale sera (aussi) de mise s’il est élu.

En attendant, en lançant cette proposition, François Hollande a cherché à surprendre, à faire le "buzz". Donner un coup de barre à gauche pour mieux revenir au centre (du débat) ? Sans doute. Par crainte du resserrement des courbes de sondages, et par peur du croisement de la sienne avec celle de Nicolas Sarkozy, dont la cote est en train de grimper légèrement ? Ce n’est pas impossible. En tous cas à travers cette polémique on a compris que François Hollande, comme tous les candidats, et surtout comme son modèle François Mitterrand, travaille avec plusieurs cercles qui ne se croisent pas toujours. Le tout est d’éviter les couacs que peuvent provoquer des annonces improvisées comme celle sur l’imposition des "très riches".

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