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De la caricature anti-Macron aux costumes de Fillon, un néo populisme anti-riches empoisonne la campagne
©Pixabay

Critiques

A dénoncer le prix des costumes de François Fillon les médias prendront-ils le risque d’encourager les passions négatives dans l’opinion, développant une forme de néo-populisme anti-riches qui pourrait décourager du choix d’une politique libérale proposée aussi par Emmanuel Macron?

Nathalie Krikorian-Duronsoy

Nathalie Krikorian-Duronsoy

Nathalie Krikorian-Duronsoy est philosophe, analyste du discours politique et des idéologies.
 
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Ce week-end a ouvert le ban à de nouvelles révélations sur la vie de François Fillon. Elles concernent sa manière de s’habiller, dont l’enquête menée par le Journal du Dimanche révèle le coût, et une inconnue : qui paye les factures? 
Dieu seul sait pour l’instant où tout cela conduira, parce qu’il n’y a bien sûr rien d’illégal à recevoir des cadeaux s’ils sont légaux, pas plus qu’il n’y en a, à bien savoir s’habiller.
De légalité il n’est donc point question a priori dans l’article sur « Les mystérieux paiements des costumes de Fillon ». Mais derrière l’idée de l’achat, c’est bien entendu celle du prix qui est visée. 
L’enquête confirmant, s’il était nécessaire, que le luxe a un coût, comme tout ce qui est beau et de grande qualité. Les Français le savent bien, du reste, puisque leur pays est précisément l’ambassadeur du luxe dans le monde. Le lecteur est pourtant mis une demeure de s’indigner du coût des costumes du candidat.
Et la question sous-entendue est donc au fond la suivante, puisque cela n’est a priori pas illégal : « Est-il légitime pour un homme politique, candidat à l’élection suprême de dépenser autant d’argent pour s’habiller? ». Qu’il en paie ou non la facture devenant adjacent, telle est au fond la réflexion soumise au jugement de l’opinion.
Chacun est donc conduit à se poser une interrogation dont tous, depuis la nuit des temps, connaissent la réponse. Quel citoyen en effet souhaiterait voir ses représentants habillés de guenilles, ou tout simplement le voir « mal habillé »? Que n’a-t’on critiqué, y compris chez la plupart de ceux qui se vêtent plutôt chez Zara, Uniqlo, sur le marché ou dans les grands magasins, la mauvaise allure du couple Présidentiel de 2012,  lui s’affichant en maillot informe et elle pas mieux, en première page de Paris Match? On se souvient, a contrario, combien les Français ont apprécié l’élégance de Carla Bruni, tout de Dior vêtue.
C'est pourquoi l’affaire des costumes de Fillon est au fond signée par ceux-là même qui stimulent la haine de l’argent et la détestation des riches chez tous ceux qui peinent à boucler leurs fins de mois. 
Ils sont légions, y compris dans les classes moyennes, suite à ce quinquennat hollandais désastreux, infligeant une politique et un idéal ayant fait fuir des milliers d’investisseurs. Ayant appauvri la société civile en l’étouffant par l’impôt, les charges patronales et l’inflation des prix.
Effondrés, déprimés, angoissés par le terrorisme de gens qui haïssent leurs valeurs, les Français sont manipulés par les tenants d’une idéologie égalitariste absurde mais puissante.
Ce populisme anti-riches s’affiche contre une droite libérale qui voudrait relever la tête, avec François Fillon. Lequel porte une morale alternative à la moraline antiraciste et immigrationniste qui domine les mentalités et la vie politique. Mais il est aussi hostile au nouveau Centre gauche inventé par Emmanuel Macron, qui propose de produire des richesses, et encourage les Français à la consommation, y compris le dimanche.
De sorte que l’alternative au relèvement économique proposée par ces deux candidats, à travers des politiques de l’offre, ne laisse guère le choix qu'entre deux formes exacerbées de populismes anti-élitistes autant qu’étatistes. Celui du Revenu Minimum de Benoît Hamon, qui plait au MJS et aux frontistes d’ultra-gauche, ou celui du nationalisme frontiste de droite, qui veut la sortie de l’Euro, avec Marine Le Pen.
Force est de constater que l’idéal de gauche par lequel François Hollande s’était fait élire en 20012, lorsqu’il mentait aux Français sur ses capacités fumeuses à inverser la courbe du chômage, est aujourd’hui devenu une sorte de populisme social basé sur la haine des riches et des producteurs de richesses.  
Cet appel aux peuple contre les élites s’appuie aussi sur la défense d’une politique exacerbée de la demande, que ce soit à droite avec le Front national de Marine Le Pen, ou à gauche avec le Parti Socialiste de Benoît Hamon ou encore le Front de Gauche de Jean-Luc Mélenchon.
Porteuse d’espoir jusqu’à la fin du XXème siècle cette idéologie anti-libérale et anti-capitaliste, qu’ils revendiquent tous ls trois, se nourrissait de son contre-modèle communiste. De nos jours, elle ne survit qu’en soulevant des passions négatives. 
Tout se passe comme si la belle idée universelle d’égalité des droits, portée par Kant et réalisée en politique par le Contrat Social, basé sur le Suffrage Universel de Rousseau, ne servait plus qu’à alimenter, chez nos concitoyens, l’envie et la jalousie.
Mais qui souhaiterait en toute bonne conscience voir les Français s’habiller à la mode de Mao, uniformément, et surtout pour pas cher, fut-ce au nom de cet égalitarisme souhaitant voir advenir l’égalité réelle des individus, mais qui provoquerait un abaissement généralisé, comme au temps des soviets?
En mettant les costumes de François Fillon au pilori, c’est la mode, le bon goût mais au fond surtout la liberté de s’habiller chacun selon ses moyens qui est condamnée.
Et finalement, ce que cette moraline populiste de gauche très anti-élitiste et très anti-riches pourrait tuer, c’est la seule chose qui reste lorsque le malheur s’abat parfois sur l’Homme avec le visage de la pauvreté ou de la guerre : sa faculté de rêver et son désir de Beauté.

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