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Le Royaume-Uni 
est-il au bord du gouffre ?
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Ça chauffe !

A Londres, les déclarations du Chancelier de l'Echiquier George Osborne ont confirmé le vote d'un budget serré pour le mois de mars prochain. Une annonce qui enterre l'espoir d'un éventuel rebond économique. Au cœur de la crise, le gouvernement s'accroche à la politique de monétisation de la Banque Nationale.

Nathalie Dezeure

Nathalie Dezeure

Économiste depuis1999, Nathalie Dezeure a couvert plusieurs zones et plusieurs pays avant de finalement prendre en charge le Royaume-Uni et les pays d'Europe hors zone euro en 2009.

Elle travaille au sein de la  Banque de Financement et d'Investissement Natixis. 

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La situation économique du Royaume-Uni reste très délicate. Les derniers chiffres du PIB ont confirmé  la baisse  de 0,2% au quatrième trimestre ramenant la croissance annuelle à 0,8% en 2011, en net ralentissement par rapport à 2010 (+2,1%). La tendance devrait se poursuivre cette année avec, selon nos prévisions, une progression du PIB de seulement 0,5%.

Le Royaume-Uni est toujours fragilisé par de nombreux déséquilibres, que le gouvernement s’était engagé à résorber lors de son arrivée au pouvoir en juin 2010. En la matière, le bilan est en effet très partagé. Certes, le poids de l’Etat dans l’économie, en termes d’emploi, d’investissement ou encore de prestations versées, s’est sensiblement réduit. Mais le rebond de l’activité manufacturière et des exportations sur lequel comptait le gouvernement pour relancer la croissance a été éphémère. La réorientation de la demande vers les exportations ne semble pas encore amorcée, ce qui se traduit notamment par un élargissement du déficit courant. La crise de la zone euro a sans aucun doute contribué à retarder cette réorientation alors que près de 40% des exportations britanniques lui sont destinées.

Par ailleurs, en dépit de la mise en place de nombreuses mesures pour soutenir les entreprises (allègement de la fiscalité, assouplissement  de la réglementation combinée à une révision de la législation du travail, aide au financement  des entreprises) l’investissement apparaît plus fragile qu’escompté. En 2011, l’investissement productif a augmenté d’à peine 0,2% et, au regard des indicateurs avancés, 2012 ne s’annonce pas plus favorable. L’incertitude concernant les débouchés apparaît désormais comme le principal obstacle à une reprise soutenue de l’investissement. L’évolution passée et à venir de la consommation des ménages justifie cette prudence.

En 2011, les dépenses de consommation ont baissé de 0,8%. Alors que la situation des ménages reste extrêmement délicate, caractérisée par une augmentation du taux de chômage, une faible hausse des salaires, des conditions d’emploi difficiles et la poursuite du désendettement, une reprise de la consommation à l’horizon des prochains trimestres semble exclue. Seul le ralentissement de l’inflation, en soutenant le revenu réel, devrait permettre d’éviter une nouvelle chute des dépenses des ménages.

Du côté des finances publiques, la situation est également très détériorée. Selon les projections du gouvernement présentées en novembre dernier, la dette publique ne devrait pas baisser avant 2015-16 (après un pic à près de 94% du PIB) et le déficit qui devrait dépasser les 8% du PIB en 2011-12 ne retombera pas sous les 3%  avant 2015-16.

La situation économique du Royaume-Uni et celle de ses finances publiques n’apparaissent donc pas plus favorables que celles de certains pays de la zone euro, la France notamment. Cependant, le Royaume-Uni bénéficie sans conteste de l’action de la Banque d’Angleterre. En achetant les titres de la dette publique elle écarte ainsi tout risque de défaut et de krach obligataire. La Banque d’Angleterre a d’ailleurs annoncé une nouvelle extension de son programme d’achats au début du mois de février, avec une rallonge de 50 milliards de sterling pour un total de 325 milliards. 

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