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Et voici comment moi aussi je me suis radicalisé !
©Reuters

Mea culpa

Je devrais peut être me soigner. Mais le seul médecin susceptible de m'aider habite un peu loin…

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Non, je n'étais pas place du Trocadéro ! Que serais-je allé faire avec une foule hystérisée ? Pourquoi me serais-je mêlé à des hommes et à des femmes fanatisés ? Comment aurais-je pu communier avec des catholiques excités qui ne sont pas loin de ressembler à des djihadistes islamistes ? Des "radicalisés", comme a diagnostiqué un des candidats malheureux à la primaire de la droite et du centre.

Non je n'ai rien à voir avec ces gens-là. Certes je suis radicalisé. Mais ma radicalité à moi est personnelle, singulière, exceptionnelle. A nulle autre pareille. Je dois ça à mon égo surdimensionné. A ma vanité qui m'interdit de me commettre avec le tout-venant.  Je me suis radicalisé en écoutant la radio hier matin. Des dizaines de "jeunes", m'a-t-on appris, ont prit d'assaut un établissement scolaire de Saint Denis. Aidé par des élèves, ils ont tout saccagé. Puis, armés de cocktails Molotov ils ont, avec courage, affronté la police venus les déloger. Plusieurs d'entre eux, mineurs pour la plupart, ont été arrêtés. Je suis radicalement opposé à ces "jeunes". Et je suis radicalement favorable pour que, dans leur cas et dans beaucoup d'autres, l'âge de la majorité pénale soit abaissé à 16 ans. 

Je m'étais déjà radicalisé en apprenant que d'autres "jeunes" avaient attaqué une voiture de police et tenté de bruler vif ses occupants. Je me suis radicalisé en lisant Libération, Le Monde, Télérama, et les Inrocks. Mon médecin m'avait pourtant interdit ces lectures. Mais les produits de substitutions qu'il m'a prescrit –La Croix, le Pèlerin, La Vie- étaient à peine meilleurs et n'ont donc été d'aucun effet sur moi. 

Je me suis radicalisé en écoutant un ex-candidat à la présidence de la République prôner l' "'identité heureuse", pour faire la nique à un prophète de malheur nommé Finkielkraut. Le "vivre ensemble", une sucrerie dégoulinante vantée par toutes sortes de Hollande, Taubira, Bayrou, m'a fait le même effet. Et quand j'ai lu que "nos quartiers ont du talent" et que la jeunesse bouillonnante qui vivait là-bas était une chance pour la France, ma radicalité à fait un bond en avant. 

Je me suis radicalisé quand j'ai appris que les gentils apôtres qui nous gouvernent avaient commencé à installer des cellules de déradicalisation. Des centres thérapeutiques, pour certains voyageurs de Syrie et d'Irak. Là-bas, ils se sont livrés à des activités recommandées par leurs maitres à penser : l'assassinat, l'égorgement et le viol des filles yézidies. Et quand un ami, professeur de médecine, m'a dit que ces activités-là n'étaient pas répertoriées par la faculté, je me suis radicalisé encore plus. 

J'en suis là. Et je suis inquiet pour moi et pour mon entourage. Mais je ne refuse pas de me soigner. On m'a indiqué que la seule cellule de déradicalisation à laquelle je serais éligible se trouve à Bordeaux. J'ai appelé la sécu pour savoir si ces soins me seraient remboursés : on m'a ri au nez. Le permanencier de ma mutuelle, lui, m'a tout simplement raccroché. Pourtant je suis prêt, pour le bien des miens, à faire cet effort. A une condition, car j'aime avant tout mon confort. Que la mairie de la ville prenne à sa charge mon billet d'avion AR Paris-Bordeaux, mon séjour dans une suite du Grand Hôtel InterContinental et plusieurs jours de thalasso à Arcachon… 

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