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Fillon et l'autisme : la métaphore médicale, un cancer pour la société ?
©PASCAL GUYOT / AFP

Jaunisse

En se défendant d’être autiste, Fillon a fait tousser quelques hypertendus constipés. Avoir le sens de la métaphore vaut pourtant mieux que d’attraper la scarlatine...

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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François Fillon, un type pour lequel, on s’en sera rendu compte, je ne déborde plus vraiment d’empathie depuis que l’on m’informe régulièrement de la nature de ses « compléments de rémunérations », vient de se faire taper dessus parce qu’il se défendait d’être « autiste »-- au sens de quelqu’un qui n'écoute pas ce qu’on lui dit.

En utilisant ce terme, il se serait montré ignorant de ce qu’est réellement l’autisme, et insensible aux difficultés que rencontrent les personnes qui en souffrent dans leur vie quotidienne. Mais l’usage de la métaphore médicale, et peut-être même de la métaphore tout court, est-il en passe d’être rendu illégal par la « police de la pensée » (un concept qui doit d’ailleurs choquer policiers et penseurs, que l’on n’associe généralement pas) ?

Ce serait évidemment complètement con, et nous obligerait à faire un tel ménage dans notre vocabulaire courant qu’on finirait par ne plus s’exprimer que par platitudes littérales. Je me souviens d’ailleurs d’une protestation du syndicat des bouchers, il y a quelque années, qui s’offusquait de voir la presse qualifier de « boucherie » l’assassinat sanglant de toute une famille de touristes britanniques dans les Alpes, le terme jetant l’opprobre sur cette estimable profession. Ce drame s’étant déroulé au col de Chevaline, le terme était pourtant doublement approprié…

Moi-même, je serais très malheureux de vivre dans un monde où l’on ne pourrait plus prendre qui que ce soit en grippe (une maladie qui tue encore des milliers de vieilles personnes chaque hiver), en avoir plein le dos (les problèmes lombaires sont le mal du siècle), s’indigner qu’il n’y ait pire sourd que celui qui ne veut pas entendre (7 % de la population française souffre de surdité), ou déplorer que les borgnes gouvernent au royaume des aveugles (près de deux millions de cannes blanches au dernier décompte).

Non, la métaphore médicale n’est pas un cancer pour la société, elle ne la gangrène pas et ne devrait donner de palpitations ou de l’eczéma à personne. Mieux, elle nous vaccinerait presque contre les troubles narcissiques. Traiter, par exemple, le candidat LR de schizophrène au motif qu’il prône la rigueur sans la pratiquer devrait pouvoir se faire sans risquer d’être assigné par la fédération française des dédoublés de la personnalité. Et si ce point de vue vous file vraiment des aigreurs d’estomac, prenez donc un Rennie, ça vous passera.

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