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Hollande face aux Français : 
"Y a-t-il autre chose que de l'empathie chez le candidat PS ?"
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Parole de candidat sur TF1

François Hollande était ce lundi l'invité de l’émission politique de TF1 "Parole de candidat". Le candidat socialiste a affirmé que s'il était élu, il créerait un taux d'imposition "à 75% pour les revenus au dessus d'un million d'euros" par an. Sophie de Menthon revient sur sa prestation.

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

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Atlantico : François Hollande était l'invité ce lundi soir de "Paroles de candidat". Comment avez-vous trouvé sa prestation ?

Sophie de Menthon : François Hollande joue à maître Pathelin, il est de toutes ses forces dans l'empathie et veut apparaître rassurant surtout sans déplaire. Face aux Français, il devient l'un d'entre eux, il s' indigne avec eux, renchérit avec eux et partage les solutions qu'un lui souffle...

Il se définit par contraste par rapport au Président sortant et il y réussit d'ailleurs ; ces deux hommes sont incomparables et aussi différents que l'on puisse l'être. François Hollande sur la forme n'apparaît pas crédible, non pas qu' il ne connaisse pas les dossiers, non pas qu' il n'ait pas de convictions, mais tout est attendu, énoncé dans le mode raisonnable. Tout serait donc possible depuis le gel du prix de l'essence pendant 3 mois (pourquoi 3 mois ? Pour fêter son élection ou pour chercher une solution qu' il n'a pas ?) jusqu'au regroupement des laiteries ou la réforme de pôle emploi...

Il a tellement peur de faire une erreur, il est sur la défensive et on sent à chaque instant le désir de dire ce qu' il faut et de montrer qu'il est bon élève. Il cherche désespérément un style présidentiel , non pas qu'il ne soit pas "convenable" dans le rôle mais quel manque de souffle ! Même les mots sont édulcorés, on ne parle pas d'impôt mais de contribution... Il faut, il faut, il faut...on soupire. Il faut plus que des exhortations. En fait, le ton utilisé nuit un peu au candidat. Il ne se lâche pas, contrairement à son rival, il ne se mouille pas et dans son élocution le fait de buter légèrement sur chaque mot donne la sensation qu' il doute de ce qu' il annonce. Il prend quand même un ton plus ferme pour répondre à une question sur la Syrie... on s'est réveillé quelques instants.

Sur la forme, l'avez-vous trouvé plus à l'aise face au panel de Français ou face aux journalistes ?

Sophie de Menthon : Face aux journalistes Il fait tout de même preuve d'un peu plus d'agressivité et reprend sa critique sous jacente à Nicolas Sarkozy, à chaque phrase ; c'est dans ce registre qu' il est le plus à l'aise, il se définit en permanence par rapport à ce qui n'a pas été fait ou mal fait. Quand on lui parle politique il retrouve ses bases. On le sent plus sûr de lui, il joue le sage, il respecte tout le monde,veut apparaître "élégant" (suivez mon regard), par rapport à ceux qui ne le sont pas. L' idée d'être un Chirac 2 évoqué par un journaliste ne lui déplaît pas ! Même s'il explique qu'il doit être lui même avant tout et on sent bien qu' il ne sait pas vraiment ce que cela implique.

Un homme normal et on voudrait bien qu'il dépasse cette normalité qui rime un peu avec médiocrité. Quel est son point fort ? Quel est le signe distinctif pour lequel on devrait voter pour lui? On attend la surprise en s'ennuyant un peu. La forme, envahit le fond, les mots glissent : questions et réponses.

Les réformes immédiates sont égrainées, 25% d'augmentation de l'allocation de rentrée scolaire, les réformes de structures sans précisions...impossible de savoir ce qu' il va couper dans les dépenses d'ailleurs. En fait il ne devrait pas y avoir de coupe. Méthode Coué.

Son leitmotiv, taxer les revenus du capital autant que le travail. Il explique le pourquoi et lâche une nouveauté : pour 1 million de revenu  annuel, 75% de taux d'imposition, un taux clairement confiscatoire et on peut penser que cette annonce va faire sortir les valises de quelques uns ! Pas grave, ce ne sont pas ceux qui voteront François Hollande et personne ne les plaindra , en principe car la symbolique est forte .

Quel a été le moment clé du débat ?

Sophie de Menthon : Une position mesurée et raisonnable sur l'immigration. Rien à dire, le propos est juste. Mais qui peut croire à la promesse volontariste de mettre les emplois dans les banlieues, de faire que l'école soit meilleure, que les bandes disparaissent, qu' on lutte contre les trafics de drogue... les candidats nous prennent un peu pour des imbéciles en nous expliquant tous la même chose. A les écouter rien de plus facile...

Mauvaise foi absolue sur sa réponse à une intervenante qui regrette que les produits importés ne soient pas taxés ... Une pique sur une TVA sociale qui ne servirait à rien. On enfile les poncifs, il faut de la compétitivité, des ingénieurs, des aides aux PME ( il parait qu il fallait les supprimer ?) et puis il faut aller convaincre les Chinois de réévaluer leur monnaie.

Propos recueillis par Jean-Benoit Raynaud

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