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Pour le monde des affaires et de la finance, Donald Trump va devenir fréquentable. Mais est-ce que ses électeurs vont l’accepter ?
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Donald Trump va sans doute continuer à crier dans ses tweets, mais on sait qu’il ne mordra pas vraiment. Il a limé ses dents et appris les codes...

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Donald Trump sera sans doute le président américain le plus critiqué, par la presse américaine, les démocrates et beaucoup de républicains, le plus critiqué et vomi même par les intellectuels de la côte Est, par les gens d’Hollywood ou des nouvelles technologies. On l’a quand même comparé à un produit hybride du mariage confus entre Hitler, Mussolini et Berlusconi.

Ce qui est vrai, c’est que Donald Trump n’a pas fait ses études dans les grandes universités de Boston, qu’il parle avec brutalité, qu’il se comporte avec vulgarité. Bref, tous ceux qui le critiquent ne l’inviteront pas à diner chez eux parce qu’il se tient trop mal.

Ce qu’on ne dit pas, c’est que beaucoup de ces peoples qui se bouchent le nez dès qu'on leur parle de Trump étaient invités à son mariage et y sont allés. Mais passons.

Ce qui est vrai aussi, c’est que Donald Trump a été élu grâce à quelques millions d’électeurs déclassés par la faillite des empires industriels américains, et qui ont été séduits par ses promesses, alors que la plupart de ses promesses sont irréalisables. Bref, Donald Trump a pratiqué le populisme et la démagogie les plus cyniques. Et il a gagné et a commencé à balancer des tweets à la planète toute entière pour annoncer qu’il allait réaliser ce qu’il avait promis qu‘il ferait.

Du coup, de multiples analyses sont sorties annonçant quasiment la fin du monde.

En réalité, il ne s’est rien passé. Trump s’est installé, il a fait ses tweets mais il a nommé un cabinet très libéral et très expert puisqu’il a engagé essentiellement des cadres de Goldman Sachs. Et si on fait un premier bilan de son action et ses projets, on s’aperçoit qu’il organise le projet de gouvernance sur deux axes.

Premier axe, rétropédalage à propos de la mondialisation. Il ne déclenche pas la guerre commerciale, ni la guerre des changes. Après avoir renoncé à s’attaquer au Japon, il baisse aussi les bras devant la Chine et baisse d’un ton concernant le Mexique. Il a donc abandonné son projet de construire des barrières protectionnistes, des murs et des droits de douane. Aucune des menaces les plus spectaculaires n’a été mise en œuvre. Aucun décret n’a été signé.

Deuxième axe, il confirme trois séries de réformes, qui sont directement inspirées de ce qu’avait fait Ronald Reagan.

  1. Une déréglementation forte dans tous les domaines notamment bancaire, et environnemental.
  2. Une baisse d’impôts massive et un plan d’investissements sur les grands travaux et les équipements collectifs (routes et autoroutes)
  3. Un renforcement important des dépenses militaires.

Alors, il n’a pas, devant le Congrès réuni, donné beaucoup de précisions chiffrées, mais il a changé de ton, en adoptant le costume du sérieux, empli de pragmatisme et de responsabilités face aux contraintes du système qu’il assume, alors que pendant la campagne, il avait tendance à passer outre en promettant de tout bousculer.

Le résultat est qu'après un mois de gouvernance, les médias et les milieux de la gauche américaine, les intellectuels sont toujours vent debout, mais les milieux industriels sont attentistes et pragmatiques. Quant aux financiers, ils sont euphoriques. Ce que Wall street appelle le rallye Trump a fait gagner beaucoup d‘argent. La situation n'est pas idyllique, mais elle est idéale.

Pas de guerre commerciale, pas de risque sur le libre échange, mais des baisses d’impôts annoncées et un plan de dépenses publiques assez généreux, et des contraintes règlementaires allégées. Même avec Reagan, les banquiers américains n’avaient pas bénéficié d'une situation aussi favorable.

Maintenant, la seule interrogation porte sur la réaction des électeurs de Trump. Des gens très modestes qui ont perdu beaucoup depuis dix ans et qui attendent un rebond de l’industrialisation.

Il est peu probable que l’économie américaine puisse ramener de l’activité industrielle dans la ceinture de la rouille, très abimée par les délocalisations.

La seule solution pour Trump sera de continuer la politique des tweets qui en fait leur sont indirectement adresses et surtout de délivrer des résultats en termes d’entrepreneuriat et de protection sociale.

Le problème dans ce modèle sera de le financer.

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