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Quitte à entrer en rébellion et à braquer la droite, quelle offre politique pourrait sauver François Fillon ?
©Reuters

Résistance

François Fillon a décidé lors de sa conférence de presse du mercredi 3 mars de résister coûte que coûte et assurait qu'il ne se retirerait pas de l'élection présidentielle. Désormais troisième dans les sondages, devancé par Emmanuel Macron et Marine Le Pen, le candidat LR doit plus que jamais réunir toute la droite. Difficile tant qu'il restera aux yeux des français "le candidat de l'argent".

Aurélien  Preud’homme

Aurélien Preud’homme

Aurélien Preud'homme est directeur des études à l'institut Viavoice, spécialisé notamment sur les analyses politiques, économiques et liées aux évolutions de société.

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Atlantico : Pourquoi François Fillon ne peut pas être à la fois un candidat qui résiste à la justice et le candidat de "l'argent" ? Dans quelle mesure serait-il bénéfique pour le candidat de la droite de procéder à un revirement idéologique sur les questions économiques pour séduire les patrons de PME, ou encore les artisans, électorats qui lui font défaut aujourd'hui ? 

Maxime Tandonnet : Il est bien évident que les événements médiatiques et judiciaires en cours ont totalement fracassé sa campagne qui n’est plus la même. Pour des raisons de symbole il ne peut plus axer son projet sur les efforts et la rigueur. Sinon, il se verra constamment accuser d’appliquer aux autres des exigences dont il s’est affranchi. Il doit inévitablement relancer sa campagne sur des bases nouvelles. La priorité absolue pour lui est de regagner la confiance populaire. Il n’est plus en mesure de réclamer des sacrifices. Ce serait une attitude suicidaire. Il doit rassurer, recentrer sa campagne sur le régalien : la sécurité, les frontières, l’intégration, l’école. Il lui faut impérativement répondre à l’attente d’exemplarité de l’opinion publique en annonçant dès que possible des mesures destinées à lutter contre les abus et les pratiques que nos concitoyens, frappés par le chômage de masse,  ne supportent plus, notamment liés à l’emploi des proches. L’avenir de la campagne de M. Fillon dépend désormais de son aptitude à prendre ace d’une situation radicalement nouvelle. 

Concrètement, est-ce qu'il est encore temps pour François Fillon "d'adoucir" son image aux yeux des électeurs ?

Aurélien Preud'homme : Il est certain qu'un tel revirement aujourd'hui interviendrait bien tard. D'une part le candidat Les Républicains est de moins en moins audible sur toutes les questions de programme. Mais surtout, sa parole déjà fragilisée apparaîtrait encore moins crédible.

Pour le dire autrement, François Fillon a été investi à la Primaire sur un programme de réformes radicales, couplé à une image d'honnêteté et d'intégrité. Or les affaires lui ont fait perdre très largement son image d'intégrité. S'il adoucit maintenant son programme économique, il perdrait son dernier atout, celui de l' "homme qui dit la vérité aux Français" face à un Etat en faillite et une économie atone, qu'il convient selon lui de relancer par un choc économique libéral combinant baisse de la fiscalité, augmentation du temps de travail et limitation drastique des postes de fonctionnaires et des dépenses publiques.

Abandonner ce positionnement, ce serait pour le candidat LR se renier une nouvelle fois après avoir dit qu'il démissionnerait s'il était mis en examen. Sans parler de ses nombreux revirements au début du "Penelope Gate".

Dans ce contexte, François Fillon n'a pas d'autre choix que de continuer sur la ligne qu'il suit depuis quelques semaines, et qu'il a confirmé aujourd'hui : celui d'un homme qui fait face à l'adversité, ne cédera pas sur sa candidature et ne reculera sur aucun point de son programme. Au-delà des éléments stratégiques, je pense que c'est sa raison d'être et ce qui justifie le fait qu'il continue à se battre dans cette campagne. Malgré tout. La difficulté, c'est que si cette ligne lui donne de la cohérence et peut lui permettre de conforter son camp, il sera très difficile de rassembler les Français en leur disant plus ou moins "c'est à prendre ou à laisser".

A quel(s) danger(s) François Fillon s'exposent-il à force d'adapter son positionnement ? Qu'est-ce que cela implique pour son électorat qui lui reste -jusque-là- fidèle ?

Aurélien Preud'homme : Il n'est pas du tout sûr qu'une telle stratégie fonctionnerait aujourd'hui : revenir sur un programme économique plus consensuel pour attirer les classes populaires, à l'image du programme d'Alain Juppé durant la Primaire par exemple, ce serait finalement se rapprocher d'Emmanuel Macron, qui veut aussi baisser la fiscalité des entreprises et limiter la dépense publique, mais en ne supprimant que 120 000 postes de fonctionnaires (contre 500 000 pour François Fillon). 

Il y a un mois ou deux, François Fillon aurait pu se "recentrer" et contenir la dynamique Macron sur un tel positionnement, mais aujourd'hui il n'est plus en position de force, son image est très dégradée au-delà du noyau dur de ses électeurs, et il ne fait plus la course en tête. Il y a donc peu de chances que les électeurs du centre et de droite déçus "reviennent" vers François Fillon si celui-ci prône peu ou prou les mêmes réformes économiques qu'Emmanuel Macron.

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