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Bayrou-Macron contre Fillon : les libéraux-en-marche contre les libéraux enracinés
©ERIC FEFERBERG / AFP

Présidentielle

C’est officiel, les noces sont consommées, François Bayrou a fait sa demande à Emmanuel Macron qui a accepté son alliance. Macron, le séducteur a su rallier à sa candidature progressivement les financiers historiques, puis les vieilles gloires politiques et pour terminer l’éternel candidat-perdant centriste.

Jonas Haddad

Jonas Haddad est Conseiller régional de Normandie, Président des Républicains de Seine-Maritime et co-président de la Fondation Concorde.

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Simplement, la politique n’est pas une mathématique, elle est une dynamique. On n’additionne pas les voix comme on additionne les bâtonnets, on doit présenter un bloc cohérent aux Français qui sont de plus en plus attachés à la sincérité d’un candidat.

Hors, Emmanuel Macron par ses alliances multiples et par ses récentes déclarations sur l’identité française se présente comme le candidat libéral-béat flanqué de son acolyte François Bayrou. En quelques semaines, le candidat En Marche a oublié tout enracinement. Pour lui, il n’existe pas d’art français. Il  n’existe pas non plus de culture française. Pire, la France est une criminelle contre l’humanité car elle n’aurait amené que des barbaries dans les pays du Maghreb.

En Marche, sans port d’attache, vers la post-identité.

Il est d’autant plus étonnant que Bayrou ait rejoint ce mouvement, lui qui posait fièrement devant son tracteur lors des précédentes campagnes. Il a décidé de s’aligner sur un candidat qui donne de grands meetings à Londres, à Berlin et qui oublie rapidement qu’il fut l’assistant d’un grand philosophe francophone.

Face à cela, François Fillon n’a pas cessé depuis des années de mettre en avant des recettes économiques radicales, de vouloir briser les freins structurels des entrepreneurs français. Les 35 heures, l’ISF sont des scories économiques, il souhaite s’en débarrasser. Certains nous diraient que ce faisant, Fillon casserait une exception française, alors qu’il ne semble conserver dans notre exception que ce qui vaut de l’être.

Il veut une « France libre », il considère que « devenir Français c’est un choix qui doit être réciproque », sa politique culturelle vante justement « l’exception culturelle » française, il veut replacer le « roman national » au cœur de l’éducation.

Ce n’était pas qu’un symbole lorsque le 2 février 2017, en pleine polémique sur l’implication de sa femme comme collaboratrice, l’ancien Premier Ministre avait choisi de tenir un meeting à Charleville-Mézières sur le thème de la ruralité.

Il avait conclu sur cette phrase singulière : « Ces territoires, je les connais comme aucun autre candidat à l’élection présidentielle ne les connaît. Il ne suffit pas, mes chers amis, de descendre de Paris deux heures avec un cortège de journalistes, gyrophares allumés, pour comprendre un pays et entendre ce qu’il a à dire ».

Quelle différence avec Emmanuel Macron qui dans son ouvrage qui a dû être relu par ses équipes (sic) situe Villeurbanne…en région lilloise, ou qui pose sur les réseaux sociaux avec un jeune dont la mère serait « expatriée » (sic) en Guadeloupe.

Evidemment, l’élection présidentielle n’est pas un concours de géographie mais tout de même ! Evidemment, devenir président ne suppose pas d’être issu des territoires ruraux, mais les connaitre est un minimum minimorum !

Si l’on se résout à la présence de Marine Le Pen au second tour, il faut surtout envisager ce duel Fillon-Macron comme le duel de deux types de libéralisme.

Un libéralisme-entrepreneurial lucide sur les menaces qui pèsent sur l’identité d’un pays qui se questionne et un libéralisme-branché en vogue dans les CSP+ urbaines.

Le premier choix est toujours le bon. 

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