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Hamon-Mélenchon : pourquoi ces deux gauches sont politiquement nettement moins réconciliables qu’il n’y paraît
©Reuters

Suis moi je te fuis.

Après le ralliement de Yannick Jadot via un "accord formidable" passé avec le candidat Socialiste, l'alliance entre Benoit Hamon et Jean-Luc Mélenchon semble toujours être en discussion. Petit décryptage des points communs et des différences des deux candidats.

Sylvain Boulouque

Sylvain Boulouque

Sylvain Boulouque est historien, spécialiste du communisme, de l'anarchisme, du syndicalisme et de l'extrême gauche. Il est l'auteur de Mensonges en gilet jaune : Quand les réseaux sociaux et les bobards d'État font l'histoire (Serge Safran éditeur) ou bien encore de La gauche radicale : liens, lieux et luttes (2012-2017), à la Fondapol (Fondation pour l'innovation politique). 

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Atlantico : En quoi est-ce que les discussions entre Hamon et Mélenchon, ainsi que les rumeurs d'alliance masquent malgré tout de véritables différences : qu'est-ce qui unit et désunit les deux candidats de la gauche aujourd'hui ?

Sylvain Boulouque : Ce qui unit ces deux candidats dans un premier temps c'est une sensibilité écologique commune. Il y a eu une conversion complète dans les deux discours. La deuxième chose c'est la volonté de réduire un certain nombre d'inégalités sociales. Ils ont une vision assez proche de la méthode, cela passerait par une redistribution de l'argent et des prélèvements plus importants. C'est un peu plus accentué du côté de Jean-Luc Mélenchon. 

Mais ce qu'il les divise et c'est très important c'est la question européenne. Benoit Hamon a été hostile au traité européen de 2005, et Mélenchon avait fait campagne contre, mais il n'est absolument pas prêt à engager à une sortie de la France de l'Europe pour autant. Contrairement à Mélenchon. Benoit Hamon reste globalement favorable à l'Europe même s'il espère pouvoir peser sur une évolution des structures européennes. 

La deuxième chose qui les différencie beaucoup c'est l'héritage gouvernemental. Même si Benoit Hamon n'est pas d'accord avec un certain nombre de lois qui ont été proposé par le gouvernement Hollande, comme la loi El Kohmri  ou la prolongation de l'état d'urgence par exemple, il tire un bilan mitigé de la présidence Hollande. Alors que pour Mélenchon c'est sans équivoque, il n'y a rien à garder de l'actuel quinquennat. 

On a donc deux gauches très différentes pour ne pas dire irréconciliables. Une première qui s'inscrit dans la plus stricte tradition social-démocrate, qui est prête à aller au gouvernement et à faire la réforme. Et la deuxième qui est hostile à la participation de la gauche socialiste au gouvernement en tous les cas dans l'état actuel des choses. 

Pourquoi les deux candidats masquent-ils les réelles différences entre leurs programmes aujourd'hui ?

Sylvain Boulouque : Pour des raisons essentiellement stratégiques et de primauté dans le refus de l'alliance. Ils ne veulent pas faire apparaitre leurs divergences car si cela apparait trop fortement, ça voudrait dire qu'il y a réellement deux électorats relativement irréconciliables. Ce n'est pourtant peut être pas tant les électorats que les dirigeants qui sont irréconciliables. Il n'y a pas particulièrement d'atomes crochus entre les membres de la France Insoumise et ceux du Parti Socialiste actuel. Le parti socialiste reste très méfiant vis-à-vis des dirigeants du parti de Jean-Luc Mélenchon qu'il considère comme "irrécupérables". De fait, l'entente est impossible. L'objectif premier ici c'est de porter la responsabilité de cette (im)possible alliance mais l'un comme l'autre sait très bien qu'ils n'arriveront pas à s'entendre. 

Néanmoins, il y a un élément qui aurait pu les faire s'entendre, outre l'écologie, c'est la menace de l'arrivée au pouvoir de Marine Le Pen. Mais actuellement ça ne suffit pas pour réconcilier ces deux gauches. 

L'écologie n'est-elle pas devenue le lieu commun de la gauche dans cette élection, au point de disqualifier les Verts de Jadot ?

Sylvain Boulouque :Les écologistes ont gagné et perdu en même temps. Ils ont gagné car ils ont convertis à peu près toute la gauche, ou au moins une bonne partie de la gauche traditionnelle, à l'écologie mais ils ont perdu car ils ont dissous leur identité dans cette même gauche. 

Ils ont en fait perdu ce qui faisait la spécificité du parti une fois que les deux gauches ont adhéré. L'autre élément qui faisait la particularité des écologistes, et qu'ils ne mettent plus du tout en avant, c'est l'idée de l'Europe Fédérale. Mais aujourd'hui, à part quelques exceptions, personne n'en parle. 

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