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Début de panique à Berlin : entre Grèce, Brexit, Trump et risque Le Pen, l'Allemagne s'attend à payer les factures
©Reuters

Atlantico business

L’Allemagne multiplie les scénarios de rupture du pacte de l’Union européenne en cas d’effondrement de l’euro, mais elle sait que les factures qu’elle aura à payer sont d’un montant considérable.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Beaucoup d’études qui ont été faites montrent à Berlin, que c’est l’Allemagne qui paiera le plus lourd tribut en cas de faillite de l’euro dans un des grands pays de l’Union européenne, parce que l’Allemagne est le seul pays en Europe à en avoir les moyens. Au départ, l’Allemagne a très mal supporté la politique généreuse de Mario Draghi à la banque centrale, jusqu’au jour où les technocrates de Berlin ont compris que la banque centrale faisait tout pour éviter l’effondrement de l’Union Européenne. Ce jour-là, ils ont mis en sourdine beaucoup de leurs critiques.  

Quand le Brexit a été voté, ils ont, en première réaction, considéré que si les Anglais voulaient rester entre eux sur les îles britanniques, il fallait qu’ils y restent. Jusqu’au jour où ils ont pris conscience que les anglais essayaient de négocier un plan de collaboration avec les marchés européens qui leur donnerait les mêmes avantages que l’appartenance à l’Union européenne et notamment le fameux passeport, ils se sont réveillés avec l’idée qu‘un tel compromis était inacceptable.  On ne pouvait pas se mettre en dehors de l’Union et chercher à profiter des facilités de l’Union. Il fallait choisir. Sauf que si les Anglais confirment le Brexit pur et dur, l’Europe va perdre le marché britannique, et l’Allemagne ne va pas récupérer les activités qui quitteront la City. L’industrie financière n’a pas bonne presse à Berlin, l’industrie financière ira donc se poser à Luxembourg, à Rotterdam et avec un peu de chance à Paris. 

Quand Donald Trump est arrivé au pouvoir, les allemands ont compris les premiers qu’il prendra l‘Europe dans sa ligne de mire, et qu’il fera tout pour renforcer la compétitivité américaine au détriment du seul concurrent que les Etats Unis ont sur la planète, l’Europe. Et en Europe, le cœur de cible visé par Trump, c’est évidemment Berlin. 

Après les effets du Brexit, le sauvetage inévitable de la Grèce, après le protectionnisme de Trump, après les fragilités de l’Italie, puis du Portugal, voilà que les allemands assistent impuissants au spectacle d’une France où la démocratie pourrait accoucher d’un gouvernement populiste d’extrême droite anti-européen, anti euro.

Pour les allemands, c’est la goutte d’eau qui fera céder le barrage. Pour les allemands, il faut prendre très au sérieux la faillite de l’euro compte tenu de l’effondrement de la France. Cette hypothèse ne réjouit pas les milieux d’affaires et les milieux politiques allemands.

Le moral des investisseurs allemands est désormais tombé dans leurs chaussettes dans des proportions que personne n’avait imaginé au début de l’année. En janvier, avec François Fillon d’un côté et Emmanuel Macron de l’autre, les allemands avaient acquis la certitude que le prochain président français serait pro-business, pro-européen, pro-euro, pro-système d’économie de marché.

Maintenant que François Fillon est fragilisé par des affaires d’éthique (que les allemands ne comprennent pas) et qu’Emmanuel Macron stagne dans les sondages faute de programme, les allemands paniquent parce qu’ils voient l’arrivée de Marine Le Pen ou de Benoit Hamon très probable. Ce qui ne serait pas mieux pour l’Europe et l’euro.

Dans le même temps, la Fransfurther Allgemeine explique que les loyers et les prix de l’immobilier n ont pas cessé de monter sur tous les marchés allemands, mais que cette tendance pouvait s’arrêter un jour prochain si par exemple, l’Union européenne venait à craquer. Bref, les financiers allemands craignent l’explosion de la bulle immobilière dans les 7 villes les plus dynamiques de l‘Allemagne : Berlin, Hambourg, Munich, Cologne, Francfort, Düsseldorf et Stuttgart. 

Quant à l’euro, après avoir critiqué sa gestion pendant des années, l’Allemagne considère aujourd’hui que c’est un facteur de confiance. Plus grave, si la France venait à quitter l’euro comme le prévoit Marine Le Pen, les allemands considèrent que ça en serait fini de l’Europe, et fini de l’euro.

Ce scénario ne les effrayait absolument pas avant la crise. Aujourd hui qu’ils ont financé 60% de la dette publique des Etats européens, les allemands paniquent. Si un pays comme la France sort de l’euro et se remet au franc, le président de la Banque de France a transmis à la BCE, à Bruxelles et à Berlin, l’impact sur la dette. La monnaie étant dévaluée de 30 %, les dettes libellées en euros perdront environ 30 milliards de leur valeur en France pour les non -résident étrangers. Et 60% de la dette étant détenue par les allemands, ce sont les allemands qui paieront le plus lourd tribut.

Pour les allemands ces chiffres ont effrayants. Il se croyaient à l’abri du danger. Les économistes leur ont expliqué que si l’euro s’effondrait, leur épargne qui finance la dette européenne s’effondrerait en valeur.

Personne ne sait quelle sera la réaction du gouvernement allemand à ces sombres perspectives. Mais normalement, les allemands vont être obligés de faire comme les banquiers face à leur plus gros débiteur. Ils vont être obligés de soutenir les pays en difficultés pour qu’ils ne s’effondrent pas et éviter que tout le monde parte dans la tempête.

Ce qui est intéressant dans ce scénario catastrophe imaginé par les allemands, c’est que cette solidarité que les partenaires européens ont souvent demandée à leur mentor allemand leur a toujours été refusée.  Aujourd’hui que les risques de faillite systémique sont réels, l’Allemagne va se retrouver dans l’obligation de mettre en place cette solidarité, pour se protéger elle-même.

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