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"Saint Salopard" : la saloperie, comme oeuvre d'art
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Serge Bressan pour Culture-Tops

Serge Bressan est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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 LIVRE
« Saint Salopard » 
de Barbara Israël
Ed. Flammarion
208 pages
18 €.
L'AUTEUR
Née à Nice en 1970, et vivant à Paris, Barbara Israël est scénariste et réalisatrice de documentaires, dont l’un a reçu le prix « Brouillon d’un rêve » de la SCAM (Société civile des auteurs multimédia). Elle est aussi romancière et a publié « Pop Heart » (2007), « Miss Saturne » (2009) et « Nos vies rêvées » (2010), avec en toile de fond la musique pop et le groupe britannique The Smiths dont elle est fan absolue. 
Pour son quatrième et nouveau roman, « Saint Salopard », elle a changé de registre, s’intéressant à Maurice Sachs (1906- 1945), une figure des années 1920 qui eut alors son quart d’heure de gloire littéraire.
THEME
 « Saint Salopard », un titre aussi joli qu’énigmatique pour un roman épistolaire. En vingt lettres d’outre-tombe, la correspondance du lettré mondain Maurice Sachs (auteur de, entre autres, « Sabbat » et « Chronique joyeuse et scandaleuse ») avec ses parents, Jean Cocteau (qu’il a abusé et volé), André Gide, Julien Green, la romancière Violette Leduc, la créatrice de mode Coco Chanel, le grand poète Max Jacob et quelques autres.

Fêtard aux mœurs dissolues, il se rêvait grand écrivain et charmait par son esprit. Dans la vie qui va et dans les cocktails, il baladait ses paradoxes : juif et homosexuel, converti à deux reprises au catholicisme… Collabo avec le régime nazi à partir de 1942, il proposera ses services à la Gestapo quand il fera étape à Hambourg. 
Le 14 avril 1945, il meurt dans des conditions toujours pas élucidées, à Hambourg, sûrement abattu d’une balle dans la tête par un SS.
POINTS FORTS
-Un roman d’intelligence et de grâce, un texte dans lequel, souvent, la bassesse est portée à son niveau d’excellence.
-Une plongée vertigineuse dans le monde malsain et brillant d’un mondain aussi tressautant que lettré.
-Une correspondance certes fictive mais qui propose un regard « éclairé » sur un « saint salopard », sur un homme qui a fait de la saloperie quelque chose proche de la sainteté, quasiment une œuvre d’art…
-Le style de Barbara Israël, liquide et millimétré, qui entretient à merveille le flou entre le vrai et le faux, entre le bon et le mauvais…
POINTS FAIBLES
-Un seul point faible : le sujet lui-même. Qui, aujourd’hui, s’intéresse encore à ce « saint salopard » que fut Maurice Sachs ?
EN DEUX MOTS
Avec un sens très malin du roman épistolaire, Barbara Israël imagine ce « Saint Salopard » de Maurice Sachs écrivant des lettres de l’au-delà à ses parents ou encore à Jean Cocteau, à Max Jacob, à Coco Chanel qui lui répondent. C’est lyrique, cynique, mesquin, bas… bref, un grand roman épistolaire pour l’amoral par excellence !
UN EXTRAIT
Ou plutôt deux:
- « On dit que les temps changent. C’est faux, ils se déguisent. On les retrouve alors qu’on pensait s’en être débarrassé pour de bon. Ils sont comme nous, toujours à se sentir obligés de faire des promesses qu’ils ne tiendront pas parce qu’elles sont intenables »
- « Je me souviens de cette première nuit chez vous à nous étourdir d’opium. J’en étais sorti aux aurores brumeuses dans ce Paris assoupi qui faisait les yeux doux à mon regard vague. La terre était un sale endroit où j’étais arrivé par erreur ».
RECOMMANDATION : EXCELLENT

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