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Que trouve-t-on dans le trou d’air que traverse Emmanuel Macron ?
©AFP / PHILIPPE LOPEZ

Du vide ?

Le tassement de Macron correspond d’abord à la tectonique électorale classique.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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La campagne d’Emmanuel Macron traverse un trou d’air. En fin de semaine, des sondages (ah! la religion du sondage…) donnaient même Fillon au coude-à-coude, au premier tour, avec l’ancien ministre des Finances. Les intentions de vote en faveur de Macron semblaient même baisser. Outre le jeu normal de la barométrie politique en période électorale, on y verra aussi quelques effets nouveaux… et on y lira quelques signes cocasses de l’état d’esprit régnant dans l’équipe du candidat.

Trou d’air ou réajustement face à Hamon et Fillon?

Le tassement de Macron correspond d’abord à la tectonique électorale classique. Hamon commence à prendre ses marques à gauche et devrait grignoter des voix sur les basques de Macron. Le phénomène devrait s’amplifier dans les semaines à venir, surtout si Hamon parvient à fédérer les candidatures de Mélenchon et de Jadot. Dans cette hypothèse, il pèsera probablement pas loin de 25% et deviendra le second candidat, derrière Marine Le Pen. Voire le premier. Le sentiment de dynamique jouera alors à plein, ce qui constituera u vrai choc pour Emmanuel Macron.

Le point inédit de la campagne tient au fait que ces regroupements pourraient se produire à un mois du scrutin, ce qui redonnerait de l’air à celui-ci.

De son côté, François Fillon a commencé à réajuster sa campagne. Personne ne sait toutefois quelle sera l’ampleur de ce réajustement.

L’absence de programme devient un handicap

Face à ces adversaires immédiats, Macron commence à comprendre que son absence de programme chiffré devient un handicap. Il a d’ailleurs annoncé un premier chiffrage pour le 22 février. Tiens! il ne l’a donc pas tout prêt dans sa manche. Autrement dit… il avance depuis plusieurs mois sans aucune idée sur le coût de ses mesures. Et nous sommes à deux mois du scrutin. On rêve!

“Nous avons l’impression qu’un certain nombre des choses qui ont été dites par le candidat n’ont pas été perçues ou reçues ou comprises, (…) c’est peut-être en partie de notre faute”, dit-on au siège de campagne d’Emmanuel Macron, dans le XVe arrondissement de Paris.

“Les mesures que nous proposons, pour n’être pas des mesures choc, sont néanmoins des mesures lourdes et radicales que nous ne serons pas amenés ensuite à faire évoluer, à modifier, à amender ou simplement même à faire disparaître au gré de la façon dont tout cela est reçu ou perçu par les médias ou par le grand public parce que ce sont des mesures dans lesquelles nous croyons”, ajoute-t-on de même source.

Des mesures lourdes, on en a, paraît-il, mais quant à savoir combien elles coûtent… On ne m’enlèvera pas de l’idée que Macron est l’incarnation du Canada-Dry. Tout est dans l’habillage et dans l’impression qu’il donne. Et pour le reste, de la politique à l’ancienne, à la Chirac dirais-je même.

Veillée d’armes avant les boules puantes

Pour le reste, le camp Macron s’attend au pire côté boules puantes. Tout le monde a en tête désormais l’intervention miraculeuse de Vladimir Poutine dans la campagne électorale. L’équipe d’Emmanuel Macron a essuyé des milliers de cyberattaques depuis le début de la campagne, a déclaré lundi le secrétaire général du mouvement En Marche!, Richard Ferrand, exhortant l’Etat à prendre des mesures face au risque d’ingérence étrangère dans l’élection présidentielle en France. (…)

Pour Richard Ferrand, les Russes ciblent Emmanuel Macron “sans doute parce qu’ils savent qu'[il] veut une Europe forte, une Europe qui se développe et une Europe qui pèse lourd, y compris face à la Russie”.

“Il est clair que l’extrême-droite et la droite et leurs candidats sont plutôt bien vus tandis que nous, nous prônons une Europe forte, une Europe puissante et évidemment, objectivement, un certain nombre de médias russes manifestement ne veulent pas”, a-t-il ajouté.

Voilà qui sent le déminage ou, en tout cas, la prise de date avant la tempête. Le pire, pour Macron, serait que les boules puantes interviennent après le 18 mars, au moment où il aura déposé sa liste de 500 parrains. Il sera alors dans une seringue sans retour.

Les Français aiment-ils un candidat sans programme?

Reste la question à laquelle Emmanuel Macron soutient connaître la réponse:

Le candidat à la présidentielle Emmanuel Macron a affirmé dans Le Journal du Dimanche que « c’est une erreur de penser que le programme est le cœur » d’une campagne électorale, alors que, selon lui, « la politique, c’est mystique ».

Macron est-il le nouveau Jésus ou le nouveau Raël? La question est ouverte. La posture de Macron en dit en tout cas très long sur sa conception de la démocratie: élisez-moi et des voix me diront chaque jour ce que j’ai à faire. C’est peut-être cette vacuité-là qui explique le mieux le trou d’air de la campagne Macron.

Article publié sur le blog d'Eric Verhaeghe

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