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Arrestations violentes à Aulnay-sous-bois : derrière le cas du jeune Théo, ce que l’on sait des bavures policières en France
©Reuters

Cercle vicieux

L'incident survenu ce week-end à Aulnay-sous-Bois met en lumière le climat guerrier qui règne en banlieue entre bandes et forces de l'ordre. Les terribles incidents dans lesquels sont impliqués quatre policiers d'Aulnay-sous-Bois s'inscrivent dans la longue liste des failles des forces de l'ordre en banlieue.

Gilles-William Goldnadel

Gilles-William Goldnadel

Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Il a notamment écrit en 2024 "Journal de guerre : C'est l'Occident qu'on assassine" (éditions Fayard) et en 2021 "Manuel de résistance au fascisme d'extrême-gauche" (Les Nouvelles éditions de Passy). 

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Les incidents d'Aulnay-sous-Bois ont réveillé les fantômes de 2005 ou ceux plus récent d'Adama Traoré, avec la mise en cause du professionnalisme des forces de l'ordre. S'agit-il ici d'un révélateur de dérapages fréquents de la part des policiers ou plutôt de l'exutoire terrible et odieux du malaise profond découlant des conditions de travail de la police dans ces lieux ?

Gilles-William GoldnadelD’abord, vous ne me ferez pas faire le procès de la police en général. On est passé ces derniers temps d’un excès d’angélisme au lendemain des attentats à un procès à l’américaine affirmant que les flics français seraient de sales racistes ! C’est n’importe quoi !

Mais l’avocat qui vous parle doit rester prudent concernant cette affaire qu’il ne connait pas. Je me permets de vous rappeler simplement que dans l’affaire Zyad et Bouna, on pensait dans les premiers jours qu’il s’agissait d’une sorte d’assassinat raciste, pour finalement considérer que les faits même de mise en danger ne tenaient pas. J’aimerais entendre la version de l’avocat des policiers mis en cause avant de vraiment m’exprimer sur le fond de cette affaire. 

Une fois la culpabilité reconnue, je ne saurais pour autant souscrire aux mouvances d’indignation du type Black Lives Matters aux Etats-Unis, où forcément, tout dérapage serait d’ordre raciste ! Non pas que j’exclus la présence de racisme dans la police, qui me semble être résiduel. Mais il me semble qu’en général, ces accidents ne peuvent pas cacher la guerre véritable qui existe en banlieue entre différentes bandes avec la police, avec des victimes collatérales ; peut-être que le jeune garçon qui a été agressé en est d’ailleurs la plus parfaite illustration. Je n’en sais rien là encore. Mais m’expliquer que les policiers des banlieues n’ont qu’une envie du matin jusqu’au soir, c’est de traquer les jeunes pour leur pourrir la vie ! En vérité ce sont des cibles. On les provoque, on leur crache dessus, on les lapide. Il faut avoir les nerfs particulièrement trempés pour tenir. Et bien entendu, il y a des gens qui craquent, et qui en viennent à voir tous les jeunes comme des délinquants en puissance. On est donc en présence d’un climat guerrier avec tous les dérapages qui existent en temps de guerre ! 

Voilà l’histoire qui est nettement plus complexe que ce qu’on nous propose : ce n’est pas l’histoire de la poule et de l’œuf, l’histoire des banlieues, c’est d’abord une délinquance qui n’est pas un produit chimérique ayant poussé sur rien du tout, mais le fruit d’années d’immigration incontrôlée, d’insécurité acceptée, de laxisme judiciaire. Et ce drame, des gens formidables le payent tous les jours, des gens qui vivent là-bas terrorisés, y compris les populations immigrées qui sont les premières victimes de cet état de choses. La posture la plus irresponsable, c’est que sur ce terreau-là, on ne peut pas venir faire en plus un procès de la police en général. Il faut fuir la logique américaine, je le redis : on ne peut considérer qu’à chaque incident, c’est le système policier entier qui est à revoir, et qu’il y a là la preuve inhérente du racisme d’Etat. 

Qu'est-ce qui manque aujourd'hui à la police pour que ce genre de bavure très néfaste à leur légitimité et à la pacification des zones de crise n'ait plus lieu ? 

Ces gens-là sont les principaux responsables de cette population. Pourquoi voulez-vous qu’ils changent ? Ils en bénéficient ! Ce sont généralement les islamo-gauchistes, tels que vous les décrivez, qui, par clientélisme, continuent à fermer les yeux sur la voyoucratie et sur toutes les dérives. Ce sont eux qui ont dépeint les Français comme des sales franchouillards depuis des années. Pourquoi voulez-vous que les petits jeunes de là-bas ne les croient pas sur parole ? C’est tellement facile ! C’est un réflexe tellement humain de croire au fait qu’on est la victime d’un tout, et que tous les autres sont des bourreaux en puissance. Moi je n’en veux pas aux petits jeunes, mais j’en veux beaucoup à tous ceux qui ont la posture que vous me décrivez.

Que penser de ceux qui voient déjà dans cet acte l'illustration de la politique de violence de l'Etat à l'égard des banlieues, ou même d'une politique discriminatoire ou raciste ? 

Pardon de le dire, mais la bavure est inhérente à la police. Il est normal qu’il y ait des fait anormaux ! Ce qui n’est pas normal, c’est qu’ils soient si importants. En ce moment, je défends un jeune musulman qui a été victime d’une bavure policière dans le VIIIe arrondissement, à la sortie d’une boite de nuit. Ce type qui n’a jamais été condamné pour quoi que ce soit, qui est un modèle même, s’est fait frapper sans raison apparente (peut-être à la suite d’une méprise avec un autre, je n’en sais rien !) par sept types de la BAC. J’ai des témoignages de personnes qui ne le connaissent pas, de la part de personnes qui ont tout vu. Mais seulement, la scène est dans le VIIIe arrondissement ! Bien entend,  personne n’y craint une émeute urbaine.

Ce qui provoque une situation paradoxale : un voyou qui a des problèmes avec la police (et je ne parle pas de l’affaire d’Aulnay) en banlieue est en meilleure position en banlieue qu’un jeune innocent dans les autres quartiers. C’est un paradoxe cruel.

Ensuite, il existe beaucoup d’expériences pour améliorer les conditions de travail de la police, mais elles seront peu utiles si on ne se rend pas compte de l’anormalité de la situation actuelle. 

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