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"En présence de Schopenhauer" : En intense communion d'esprit
©Capture d'écran / Edition de l'Herne

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Arnaud Joly pour Culture-Tops

Arnaud Joly pour Culture-Tops

Arnaud Joly est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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LIVRE
En présence de Schopenhauer
de Michel Houellebecq
Ed. de L'Herne
L'AUTEUR
On ne présente plus Michel Houellebecq.
Toute son œuvre est souvent à la frontière du roman autobiographique et de l'essai visant à défendre une thèse sérieusement.  Un mélange de propos anodins, d'horreurs qui accrochent le lecteur et de thèses sérieuses et documentées. Le mélange est détonant car inédit pour les auteurs de fiction et souvent convaincant, sans que la responsabilité de l'écrivain soit vraiment engagée.
Houellebecq se pose aussi bien en pauvre bougre, seul avec son chien, qu'en génie de la littérature : "J’ai fait fructifier mes capacités intellectuelles jusqu’à devenir, ça me paraît maintenant inutile de jouer la modestie, un des écrivains les plus doués de sa génération."
THEME
Ce très petit livre (accessible gratuitement sur https://blogs.mediapart.fr/edition/bookclub/article/010210/en-presence-de-schopenhauer-15 ) permet à Houellebecq de nous présenter la philosophie de Schopenhauer : le monde existe comme volonté (élan vital) et comme représenta­tion objective, susceptible de reconstruction esthétique.
Mais la vie est souffrance et ennui, absurde et tragique, il est impossible d'adhérer au monde. Seules la compassion et la contemplation esthétique peuvent nous éviter de sombrer, en ayant recours à l'intuition et à la perception mais en évitant toute démarche conceptuelle.
L'ensemble de l'œuvre de Houellebecq est clairement influencée par la philosophie de Schopenhauer. Cette influence ne va toutefois pas sans quelques pas de côté car Schopenhauer n'était pas "gore" du tout et considérait que l'art est incompatible avec tout éveil du désir ou de la répulsion.
En spécialiste du contre-pied, Houellebecq nous fait comprendre qu'aujourd'hui la volonté n'est plus qu'un "éparpillement de désirs" et que la représentation est infectée par le sens et a perdu toute innocence, ce qui mine d'office toute activité artistique. C'est pourquoi, en définitive, Auguste Comte, théoricien du positivisme scientifique, serait son philosophe favori.
POINTS FORTS
Une approche claire et didactique de Schopenhauer qui a profondément influencé Houellebecq. Et au-delà de cette présentation, on voit se nouer un dialogue où la philosophie du maître est pour l'élève un tremplin pour construire sa propre pensée.
POINTS FAIBLES
Est-ce bien raisonnable de vouloir faire de Houellebecq un philosophe ? Son virement de bord de Schopenhauer à Auguste Comte est pour le moins original. Comment concilier la tentative de Schopenhauer pour percer l'énigme de l'être et le positivisme scientifique de Comte s'appuyant sur un mouvement de l'histoire et débouchant sur une "religion fétichiste" de l'humanité ?
Et la philosophie ne s'est pas arrêtée à Schopenhauer, Nietzsche ou Auguste Comte, contrairement à  ce que laisse entendre Houellebecq : "Sur le plan intellectuel, rien ne s'est passé depuis 1860"….
EN DEUX MOTS 
Un petit livre qui remet un grand philosophe sur le devant de la scène.
 RECOMMANDATION :  EXCELLENT

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