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"Victor Hugo vient de mourir": Paris en transe
©Reuters

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Dans quelles conditions un peuple peut-il se mobiliser avec passion? L'un des exemples les plus étonnants est celui de la réaction du peuple de Paris à la mort de Victor Hugo, en 1885. Passionnant et instructif.

Jean-Noël Dibie pour Culture-Tops

Jean-Noël Dibie pour Culture-Tops

Docteur en droit, Jean-Noël Dibie a une très longue expérience de l'audiovisuel et des médias : directeur de la SFP (Société française de production), responsable des affaires européennes à France Télévision, conseiller du directeur général de l'UER (Union européenne de radio-télévision). 

Aujourd’hui consultant, il s’investit dans les activités de recherche, notamment au sein d’EUROVISIONI, et d’enseignement (président du conseil pédagogique de l’EICAR, l’Ecole des métiers du cinéma de l’audiovisuel et des nouveaux médias, et chargé de cours à l’EDHEC).

Jean-Noël Dibie est l'auteur d'un A-book en six parties paru en 2014 sur Atlantico éditions : Communication politique, le plus vieux métier du monde

 

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LIVRE
Victor Hugo vient de mourir
de Judith Perrignon 
Ed. L’ICONOCLASTE 
250 pages
L'AUTEUR
Avant d'évoquer l'auteur de ce livre, juste un mot pour vous dire que ce roman est sorti en 2O15 mais que nous ne l'avions pas remarqué alors. C'est une lecture de hasard, toute récente, qui m'a permis d'en découvrir la qualité. Et nous nous sommes dit qu'il n'y avait pas de raison de ne pas vous faire partager ce plaisir. JND
Ce roman a reçu, l’année de sa parution, le Prix de la révélation de la SGDL.
                                                                            ***
Journaliste (Libération, Marianne…), essayiste et romancière, Judith Perrignon, née en 1967, combine habilement ses multiples talents dans ce roman, conduit comme un grand reportage. Elle confirme, ce faisant, le succès critique et public qu'elle avait obtenu, en 2006, avec « C’était mon frère», ouvrage traitant des relations de Vincent et Théo Van Gogh.
THEME
1885: Victor Hugo, qui tout au long du 19ème siècle a tendu aux français un miroir sans concession, est mourant. Le journaliste cédant le pas au romancier, par le truchement de deux proches du poète le lecteur est à l’écoute des rumeurs et des informations courant la ville et les rues, les salons et les tavernes, les palais de la jeune République et les ateliers, les cercles politiques et les métiers…, tout ce qui fait Paris.
Pour ce faire, Judith Perrignon a réalisé un très important travail de recherche, « tout est vrai, tout est roman », comme le souligne  l’éditeur sur la 4ème de couverture.
POINTS FORTS
Le lecteur vie en direct la fin du poète, son refus de secours de l’Eglise, sa passion pour ses petits-enfants, son sens de la mise en scène….
Rien n’échappe à la vigilance de l’auteur, les angoisses du préfet de police, les vaines tentatives des communards, de retour d’exil suite aux interventions de Victor Hugo, et des anarchistes, pour récupérer l’événement. Leur manifestation au Père Lachaise est sévèrement réprimée, la fusillade fait 4 morts. Le débat sur le Panthéon, finalement retenu comme dernière demeure pour le poète. L’Eglise Sainte Geneviève, rendue au culte, est désacralisé, les ouvriers enlèvent les croix …
Au fil des pages l’auteur révèle les arcanes de la préparation, puis du déroulé, des funérailles nationales, le 1°juin., à l’itinéraire tenu secret pendant plusieurs jours. La location à prix d’or des balcons et vitrines sur un parcours évitant les grands boulevards, trop populaires. Les événements de la journée du dimanche précédent les obsèques. Le corps du poète est placé sous l’Arc de Triomphe de la place de l’Etoile, où une foule immense converge vers le catafalque. Le peuple de Paris frustré, l’Etat a confisqué son héros, se libère dans une soirée et une nuit de bacchanale, (page 203 « La mort est vaincu, c’est la fête »).
POINTS FAIBLES
Le plaisir que m’a procuré la lecture de ce livre ne m’a pas permis d’en percevoir de notable...
EN DEUX MOTS
Un travail qui fait regretter la disparition des grands reporters et du journalisme d’investigation, dont l’art requiert un lectorat attentif, contrairement à l’information actuelle, de plus en plus factuelle, et éclatée dans des rubriques visuelles.
UN EXTRAIT
(Page 200) « Paris offre au poète le culte d’ordinaire dévolu aux despotes, aux empereurs et aux rois, il était le souverain des mots, de l’imaginaire. Il leur a inoculé un vaccin, un espoir, alors aussi dure que soit la perte, le fond des cœurs semble tranquille.»
RECOMMANDATION : EN PRIORITE

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