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Fermeture de Fessenheim : une décision politicienne à 446 millions d'euros
©Reuters

Coûteuse...

Le conseil d'administration d'EDF a adopté un accord prévoyant l'indemnisation du fournisseur historique d'électricité à hauteur d'au moins 446 millions d'euros pour la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim. Si EDF semble jouer la montre et attendre un changement de majorité présidentielle, l'instrumentalisation politique du dossier Fessenheim n'en demeure pas moins déplorable.

Xavier Pinon

Xavier Pinon

Xavier Pinon est cofondateur et gérant de Selectra, leader de la comparaison des fournisseurs d'énergie. Diplômé de Sciences-Po Paris et de Columbia University, Xavier a créé Selectra pendant ses études avec son associé Aurian de Maupeou à l'âge de 20 ans. Aujourd'hui, Selectra emploie 220 collaborateurs en Europe, propose ses solutions de réduction de la facture d'électricité et de gaz aux consommateurs dans sept pays et informe 10 millions de visiteurs uniques par an en France via ses portails www.selectra.infowww.fournisseurs-electricite.com et www.kelwatt.fr.

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Pourquoi veut-on fermer Fessenheim ?

Le projet ne répond pas à des questions de sûreté, mais à des considérations politiques, voire purement politiciennes. Fin 2011, un accord électoral négocié de haute lutte entre les Verts et le Parti Socialiste en vue de l'élection présidentielle de 2012 a sacrifié la centrale nucléaire de Fessenheim sur l'autel de l'unité entre les deux partis, et en a fait une promesse de campagne du candidat François Hollande. 

Oubliant ce contexte, on rappelle aujourd'hui plus sobrement dans les médias que la fermeture de Fessenheim s'inscrit dans le cadre de la loi sur la transition énergétique prévoyant le plafonnement de la capacité de production nucléaire à 63,2 gigawatts, son niveau actuel. La mise en service (qui ne cesse d'être retardée) du nouvel EPR de Flamanville contraindrait donc EDF à fermer une partie de ses capacités de production.

La question technique de la sûreté nucléaire devrait être au coeur du débat

Il n'est pas question de jouer avec la sécurité des français : si la centrale de Fessenheim est dangereuse, elle doit fermer. Toutefois, ce n'est pas une négociation politique menée dans l'urgence sur un coin de table qui peut en juger, mais plutôt les experts de l'Autorité de Sûreté du Nucléaire (ASN) qui procède aux minutieuses inspections des centrales. Or, la principale conclusion de l'appréciation 2015 de l'ASN révèle que "l’ASN considère que les performances en matière de sûreté nucléaire et de protection de l’environnement du site de Fessenheim se distinguent de manière positive par rapport à l’appréciation générale que l’ASN porte sur EDF". Autrement dit, l'ASN ne voit pas de raison technique de pointer du doigt Fessenheim plutôt qu'un autre site.

Les salariés, le climat et le contribuable sacrifiés

Le gâchis annoncé ne semble devoir épargner personne : 850 salariés d'EDF et 250 sous-traitants voient leur emploi menacé, 2,4% de la production d'électricité française ne générant pas d'émission de CO2 pourraient laisser la place à des énergies fossiles. Et c'est comme à l'ordinaire le contribuable qu'on a prévu de mobiliser pour régler la note particulièrement salée des 446 millions d'euros d'indemnisation pour EDF. Heureusement, l'approche de l'élection présidentielle laisse bel et bien toutes les raisons d'espérer qu'il suffira de jouer la montre pour éviter la fermeture politique de Fessenheim.

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