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L'aveugle et le paralytique
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zone franche

Sarkozy se plante sur tout mais Hollande ne tranche sur rien. Choisir va vraiment être cornélien.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Je ne l'aurais peut-être pas lâché spontanément, de peur de passer pour un terrible suppôt de l'omniprésident, mais cette histoire d'abstention du PS sur le vote du Mécanisme Européen de Stabilité me met un poil mal à l'aise.

Bah, sur le coup, même Libé, qui est pourtant l'organe officiel de la campagne Hollande, s'en émeut et se demande à haute voix si un parti qui se révèle incapable de prendre une position claire sur un sujet aussi grave et urgent est vraiment en ordre de marche.

Alors pourquoi m'en faire...

Oh, je ne dis pas que les parlementaires socialistes devaient nécessairement approuver comme un seul homme cette énième mère de tous les dispositifs de sauvetage communautaires (depuis le temps que la Grèce meurt puis ressuscite, on peut avoir des doutes), mais même être carrément contre à la Mélenchon aurait montré qu'ils avaient du poil aux pattes.

« Tout élu du peuple doit exprimer un avis, s'est d'ailleurs énervé le patron du Front de gauche. Il est impossible d'aller se cacher dans les toilettes ». On est d'accord. Et la posture alambiquée de Moscovici, directeur du team Hollande, si elle reflète la manière dont un éventuel président socialiste gérerait les affaires du pays, provoque certaines inquiétudes :

« En gros, on approuve le MES donc on ne vote pas contre, mais parce qu'il n'est pas entièrement satisfaisant même s'il résulte d'une patiente et douloureuse négociation entre membres de l'eurozone, on ne vote pas pour non plus ».

Dans le sérail, on a fini par se rendre compte du problème et c'est toujours dans Libé que l'on tombe sur un papier assassin dans lequel des proches anonymes de Hollande se répandent en lamentations :

« Le côté prince de l'esquive va finir par se voir. Il n'y a que Dujardin qui peut gagner un oscar sans parler ».

De fait, la mise sur pause pendant cinq ans, la France a déjà connu sous l'égide d'un autre Corrézien mais il n'est pas certain qu'elle ait les moyens d'y regoûter. Ça ne signifie pas qu'il lui faille renouveler le bail de Sarkozy, dont le côté brouillon et l'absence de résultats probants sont plutôt des repoussoirs, mais la perspective d'une présidence dont les seules initiatives consisteraient à déconstruire les rares acquis de la précédente (retraites, universités, traités européens...) ne réjouit guère que les extrémistes qui s'épanouissent sur les échecs des grands partis.

Disons que la France traverse l'une de ces périodes de son histoire où elle doit faire avec une classe politique particulièrement médiocre mais que ce n'est sans doute pas le meilleur moment. Capitaines de pédalos et excités inconséquents, c'est acceptable quand la croissance est là et qu'il suffit de se mettre à la remorque de la planète pour avancer avec elle ; par gros temps, on en regretterait presque les priapiques hôteliers...

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