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Chiffres du chômage : le gouvernement n’a pas pu obtenir quatre victoires de suite
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Malédiction

Mais on peut conclure à une stabilisation du chômage à un niveau élevé, un premier niveau de satisfaction au regard des hausses massives qu’a connu le pays pendant huit longues années (2008-2015). Il n’en reste pas moins un immense travail pour la prochaine équipe issues des échéances électorales de cette année pour sortir le pays de la malédiction économique et sociétale que constitue le chômage de masse.

Pierre-François Gouiffès

Pierre-François Gouiffès

Pierre-François Gouiffès est maître de conférences à Sciences Po (gestion publique & économie politique). Il a notamment publié Réformes: mission impossible ? (Documentation française, 2010), L’âge d’or des déficits, 40 ans de politique budgétaire française (Documentation française, 2013). et récemment Le Logement en France (Economica, 2017). Il tient un blog sur pfgouiffes.net.
 

Vous pouvez également suivre Pierre-François Gouiffès sur Twitter

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Alors que le nombre de chômeurs connaissait un reflux au cours de ces derniers mois, les données relatives au mois de décembre 2016 sont décevantes, avec une hausse de 25 900 du nombre de chômeurs en catégorie A. Comment expliquer ce coup d'arrêt ? Faut il y voir un retournement de tendance ?

Pierre-François Gouiffès : En langage sportif on dirait que le gouvernement n’a pas pu obtenir quatre victoires de rang en ce qui concerne les demandeurs d’emploi de catégorie A (aucune activité professionnelle), une séquence qui n’est pas apparue depuis février 2008 – il y a près de neuf ans – ce qui en dit long sur la dégradation durable de l’emploi en France.
Les chiffres de décembre ne constituent toutefois pas un retournement de la tendance à la baisse des chômeurs sur cette catégorie A – qui attire à mon avis un peu à tort l’essentiel des commentaires -, puisque cette séquence de baisse s’est enclenchée en avril 2016. Il faut toutefois avoir à l’esprit la modestie du mouvement - environ cent mille chômeurs de moins sans aucune activité sur l’années 2016 (-3%) - à comparer avec la hausse de plus de 1,5 millions depuis septembre 2008 ou de 570 000 depuis l’arrivée de François Hollande à l’Elysée.
Les faiblesses structurelles demeurent en particulier avec l’horrible augmentation du chômage des plus de 50 ans (en augmentation encore de 5% par an après les saignées des années antérieures avec des hausses annuelles supérieures à 10%). L’amélioration réelle sur le front des jeunes doit être mise en regard de l’augmentation d’un facteur de 3,5 en 25 ans qui vient d’être rappelée par France Stratégie (17% des jeunes ni en emploi, ni en étude, ni en formation).
En comparaison internationale enfin, le benchmark entre la France et les pays de population comparable est soit défavorable en niveau (Allemagne, Royaume-Uni), soit en tendance (Espagne).

Malgré les efforts fournis par le gouvernement pour faire baisser le nombre de chômeurs, notamment en usant largement des formations, il apparaît que les personnes reviennent gonfler les chiffres du chômage après leur période de formation. Comment interpréter cette situation ? Les formations sont elles inadaptées aux besoins des entreprises, ou s'agit il plus simplement d'une erreur de diagnostic, mettant en avant le fait que la formation n'est pas le principal problème de la hausse du chômage ?

L’exécutif a en effet complété en janvier 2016 la boite à outils des politiques de l’emploi en ajoutant au traditionnel dispositif des contrats aidés la novation du plan de formation « 500 000 chômeurs ». On constate ainsi que le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie D (personnes inscrites à Pôle emploi sans être tenues de rechercher un emploi, sans emploi) a flambé en 2016 en augmentant d’un quart (71 000 de plus), tandis que les sorties des catégories ABC pour entrée en stage a quasiment doublé en un an.
Au final l’année 2016 se caractérise par une baisse de la catégorie A (-3%), une hausse à l’identique des catégories B et C conduisant à la stabilité des catégories ABC et une légère augmentation des catégories ABCD, un agrégat à regarder du près du fait des initiatives 2016 du gouvernement concernant la formation.
Les données fournies hier par Pôle Emploi ne permettent pas de pister facilement ce que deviennent les demandeurs d’emploi qui sortent de stage et de vérifier que cela a augmenté leur employabilité et leur probabilité de se réinsérer sur le marché du travail, une vraie et bonne question.
Le risque est que la solution de la formation ne soit qu’une réponse politique et budgétaire de court terme présentant sur le papier l’intérêt d’éluder une triple question pénible : la question du coût du travail, celle de la flexibilité du marché du travail (cf. les déboires du gouvernement avec la loi travail) et celle enfin de la destruction de capital humain du fait d’un chômage de longue durée massif (2,4 millions de personnes fin 2016).

Si la catégorie A voit ses effectifs augmenter, il est possible de constater une stabilisation du nombre de chômeurs dans les catégories A, B, C, ce qui semblerait indiquer que les bons chiffres du temps partiel subiraient une « accalmie ». Peut on incriminer l'incertitude relative au prochain scrutin présidentiel dans ces chiffres ?

Comme indiqué précédemment, il n’y a que la catégorie A qui baisse de façon significative sur un an tandis que les chômeurs avec activité réduite (B et C) ont augmenté à due proportion, ce qui semble constituer un jeu de vases communicants entre ces trois catégories.
La politisation des chiffres du chômage, forte depuis longtemps mais exacerbée depuis 2012 suite aux engagements successifs de François Hollande sur ce thème, pour à une certaine prudence. Mais on peut conclure à une stabilisation du chômage à un niveau élevé, un premier niveau de satisfaction au regard des hausses massives qu’a connu le pays pendant huit longues années (2008-2015).
Il n’en reste pas moins un immense travail pour la prochaine équipe issues des échéances électorales de cette année pour sortir le pays de la malédiction économique et sociétale que constitue le chômage de masse.

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