Edito
Comment le président Trump va découvrir les réalités américaines
Le Président le plus imprévisible de l’histoire américaine prête aujourd’hui serment. A l’inverse de l’élection de son prédécesseur Barack Obama qui s’était déroulée dans la ferveur, l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche s’opère dans un climat délétère.
Il a eu toutes les peines du monde à rassembler pour cette cérémonie artistes et célébrités, tant sa personnalité est controversée. Il est à la fois adulé par ses partisans et détesté par une majorité de l’opinion alors que sa popularité est au plus bas dans les sondages.
Il est vrai que son élection est aussi la chose la plus improbable que l’Amérique ait vécue l’an dernier. Au départ, ses chances d’arriver au sommet du pouvoir paraissaient nulles, tant ses grossièretés, sa vulgarité paraissaient aux antipodes de ce qu’on attend d’un président. Il voulait choquer en permanence, l’injure était sans cesse à portée de sa bouche, mais finalement, il flattait les plus bas instincts d’un électorat de plus en plus mal à l’aise au sein de ce pays qui est encore le plus puissant du monde. Car malgré une conjoncture qui reste l’une des meilleures de l’occident, avec un quasi plein emploi, les Etats-Unis ont conscience d’être sur la voie du déclin face aux puissances montantes comme la Chine et bientôt l’Inde. Ils ne représentent plus que 4,4% de la population mondiale et leur poids sur la scène internationale a diminué de moitié depuis la fin du deuxième conflit mondial, qu’ils avaient pu terminer sans être envahis à la différence de nombreux belligérants. Ils avaient d’ailleurs participé à la création des institutions internationales, aidé à la reconstruction de l’Europe. Mais au fil des ans, les liens se sont relâchés. La montée en puissance des économies régionales les ont fait paraitre de plus en plus comme des rivales plutôt que des partenaires, d’autant que ces dernières supportaient de moins en moins le comportement de Washington, davantage enclin à exiger et commander qu’à accepter de discuter et négocier des compromis. Le rattrapage des pays pauvres est d’autant plus mal perçu que les Etats-Unis y décèlent une perte de leur autorité. Au demeurant, les années récentes ont montré l’échec de la politique de la « pax americana », alors qu’après la guerre froide, la Russie a repris son indépendance, tandis que les interventions au Moyen-Orient se sont traduites par l’un des pires fiascos des dernières décennies.
Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que les idées véhiculées par Donald Trump sur le retour au protectionnisme, le contrôle de l’immigration et d’une manière générale, la volonté de restaurer la grandeur perdue de l’Amérique, ait trouvé un écho dans l’opinion. Toute la question est de savoir comment il entend le mettre en oeuvre. Pour l’instant il règne par l’incantation avec ses célèbres tweets de 140 signes qui ont mis à genoux un certain nombre de grands patrons qui ont décidé de faire allégeance en rapatriant des emplois aux Etats-Unis pour se concilier les bonnes grâces du nouveau chef de l’exécutif qui privilégie les rapports de force et se prépare à une déferlante d’ordonnances pour accélérer la croissance.
Mais le rapport des forces a changé. Certains observateurs se demandent déjà si la brutalité des discours de Donald Trump n’est pas aussi fonction des obstacles qui se dresseront très vite sur sa route. La Chine a déjà prévenu qu’elle n’accepterait pas un joug américain. La course aux armements qui a repris dans le monde est un signal inquiétant de nouvelles tensions dans le domaine de l’internet aussi bien que dans le spatial, ou encore les formes les plus modernes du nucléaire. Mais en premier lieu, c’est au sein même de l’exercice du pouvoir que les premières complications vont surgir. Un président des Etats-Unis est moins puissant toutes proportions gardées qu’un chef de l’Etat en France, car il a en face de lui un Congrès qui s’apprête déjà à exercer un contre-pouvoir. Au point que les intentions de Trump, au demeurant souvent floues voire contradictoires, pourraient relever rapidement des rodomontades plutôt que d’un plan d’action précis.
En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.
Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !