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Google annonce-t-il la victoire de Fillon?
©AFP

A surveiller

Au jeu des prédictions, les sondages d’opinion sont-ils encore des instruments fiables? Google peut-il les remplacer? Un petit focus sur le sujet n’est pas sans intérêt, et permet d’instiller le doute sur quelques habitudes de pensée diffusées par les médias subventionnés.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Google avait-il prédit la victoire de François Hollande?

Un retour en arrière sur 2012 illustre la corrélation forte qui existe entre les tendances Google et les résultats électoraux. Voici à quoi ressemblait la courbe des requêtes cette année-là, sur le thème « recherche d’actualités » dans la catégorie « individus et sociétés »:

Comment on le voit, François Hollande a dominé la préoccupation des internautes français dans les quatre mois précédant le premier tour de la présidentielle sur les sujets politiques, devant Nicolas Sarkozy. Jean-Luc Mélenchon était alors arrivé troisième devant Marine Le Pen.

On le voit, Google peut donner des indications fortes sur les résultats finaux de l’élection, même si la corrélation n’est pas absolue. Dans le cas de Mélenchon et de Marine Le Pen, on peut estimer que l’inversion des résultats sur Google par rapport aux résultats réels tient à la moindre appétence pour Internet au Front National.

Dans la pratique, il est en tout cas exact d’établir un lien entre les recherches Google dans la catégorie « politique » et les résultats des élections. Ce lien n’est pas arithmétique, il est complexe, il doit être analysé. Mais il existe.

La situation des candidats en 2017

Pour 2017, la même requête adaptée aux candidats en lice donne les résultats suivants:

Par commodité, j’ai choisi de régler la question du candidat socialiste en retenant Manuel Valls, mais cette décision est évidemment contestable, dans la mesure où rien ne garantit que Valls sera le vainqueur de la primaire.

L’analyse du tableau montre en tout cas que François Fillon est aujourd’hui en tête de tous les candidats connus. Toutefois, il est talonné de près par ses rivaux, notamment par Manuel Valls. Emmanuel Macron apparaît, dans cet ensemble, comme le troisième larron, juste devant Mélenchon et Marine Le Pen.

Là encore, ce classement dans un mouchoir de poche ne dit pas que Marine Le Pen est « sur-pronostiquée » par les sondages d’opinion. Il souligne plutôt que la compétition, à ce stade, entre les candidats, est loin d’être finie.

Macron et l’effet « meeting »

Une autre remarque mérite d’être faite sur la situation d’Emmanuel Macron. Alors qu’il se présente comme le candidat de la modernité, son impact sur les requêtes Google est largement inférieur à celui de ses rivaux en dehors de ses meetings largement relayés par les médias. Sur ce point, on peut s’interroger sur l’existence du « phénomène Macron » sans un appui massif de ces médias.

On notera aussi que cet effet a tendance à s’amenuiser avec le temps.

Un indicateur à suivre dans les mois à venir

Si l’intérêt suscité par les candidats sur Google ne peut constituer une religion, ce paramètre constitue toutefois un indicateur utile qui mérite d’être suivi avec attention. Il permet en effet de bien diagnostiquer la portée des événements et incidents qui émaillent la campagne.

On voit en effet qu’en 2012 comme en 2017 la courbe des requêtes suit efficacement les discours de campagne demeurés par la suite comme les moments essentiels de chaque candidat. Pour reprendre la courbe de 2012, on y voit clairement le manque de souffle de la campagne de Nicolas Sarkozy et les « cliquets » que François Hollande avaient pu franchir.

Cette courbe risque d’être particulièrement instructive à l’occasion de la primaire de la gauche.

Cet article a été publié sur le blog d'Eric Verhaeghe.

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