Inclassable, intelligent, drôle et complice<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
Inclassable, intelligent, drôle et complice
©

Atlanti-culture

Gilles Tourman pour Culture-Tops

Gilles Tourman pour Culture-Tops

Gilles Tourman est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
Voir la bio »

CINEMA

OUVERT LA NUIT 

France. Couleur. Comédie dramatique de Edouard Baer. Avec Edouard Baer, Sabrina Ouazani, Audrey Tautou, Christophe Meynet, Michel Galabru…

LE REALISATEUR

Electron libre de la scène comme du cinéma français, né le 1ᵉʳ décembre 1966 à Paris, Édouard Baer fait la connaissance de la comédienne et metteure en scène Isabelle Nanty, dont il devient l’assistant, au Cours Florent. En 1987, il rencontre le journaliste, comédien, animateur de radio et de télévision français Ariel Wizman avec qui il commence à animer en 1992 La Grosse Boule, sur Radio Nova; cela durera quatre ans. Après quoi ils animent jusqu’en 1999 leur propre émission sur Canal + : À la rencontre de divers aspects du monde contemporain, faux documentaires parodiques. 

Puis le duo se sépare. Édouard Baer reste sur Canal+ pour le Centre de visionnage, ovni télévisuel de trois minutes diffusé quotidiennement à l’issue de Nulle part ailleurs.    Parallèlement, il débute au cinéma en 1994 dans la comédie dramatique et vaudevillesque de Frédéric Jardin : La folie douce. Dès lors, il enchaîne rôle sur rôle sur le grand écran, des plus “sérieux” ou romantiques (Rien sur Robert, 1998,Dieu est grand, je suis toute petite en 2001, etc) aux plus divertissants (Astérix dans Astérix, Mission Cléopâtre en 2001 ou Astérix au service de sa majesté en 2012)… 

En 2000, il écrit, réalise et produit son premier film, La bostella, dont il tient le rôle principal, l’histoire ubuesque d’une bande de copains réunis dans une maison de Camargue pour préparer une émission de télévision. 

En 2004, c’est Akoibon, où il partage l’affiche avec Jean Rochefort, Nader Boussandel, Marie Denarnaud et Chiara Mastroianni, une rocambolesque comédie où un petit escroc et un ex roi de la Jet-Set échangent leur identité pour une histoire d’amour. 

Il mène en parallèle une carrière théâtrale avec notamment Cravate club, de Fabrice Roger-Lacan, aux côtés de Charles Berling, mis en scène par Isabelle Nanty, et reçoit pour l’occasion le Molière de la Révélation Théâtrale 2001. AprèsLe Grand Mezze au Théâtre du Rond-Point, il écrit et met en scène le spectacle de music-hall La folle et véritable vie de Luigi Prizzoti en 2006, un « one-man-show » joué par… 25 artistes ! Nous en resterons là, la série restant en cours, aussi prolifique qu' éclectique.

THEME

Directeur de théâtre à cours d’argent, Luigi doit, la veille de la première, trouver de quoi financer sa nouvelle production :La femme et le singe du japonais Dazaï, dégoter pour l’occasion le chimpanzé réclamé par le metteur en scène et payer son personnel qui, non rémunéré depuis deux mois, menace de faire grève pour la première alors même que le comédien principal, Michel Galabru, quitte les répétitions, lassé d’un tel foutoir. 

Commence pour Luigi une longue nuit d’errance dans Paris dans l’espoir de tout résoudre. Il peut compter sur Nawel, son assistante et amie depuis 10 ans, et une jeune stagiaire embarquée bien malgré elle à ses côtés…

POINTS FORTS

- On retrouve tout l’univers d’Edouard Baer qui, avec Albert Dupontel, appartient aux auteurs les plus inclassables et originaux de leur génération. Autant donc le préciser de suite, ce point fort pourra tout aussi bien relever des points faibles pour ceux qui sont imperméables à leur monde comme à leur jeu.

- Paris y est splendidement filmé sans pour autant faire carte postale. Un exploit ! Baer s’offre même une extension aussi poétique qu’exotique à Montreuil-sous-Bois.

- L’idée d’entremêler théâtre et cinéma, les deux passions du réalisateur, est aussi réjouissante que parfaitement réussie : aux situations et images léchées et cinégéniques correspondent des décors sublimés et une intensité de jeu des comédiens très “théâtre” ainsi qu’une subtile mise en abyme réel/imaginaire entre l’action et l’intériorité du héros.

- A l’évidence, Edouard Baer aime ses acteurs (tous des potes) et les personnages qu’ils interprètent. Cette sincérité comme cette empathie, créent un décalage constant et délicat, jamais méchant, au bord de la caricature mais sans jamais y sombrer, suscitant de vraies sautes de rire entre de longs moments de sourire.

- La bande son est épatante pour ses sonorités sud européennes et africaines.

- Et bien sûr, on ne peut qu’être attendri par la dernière (ou quasi) apparition de Michel Galabru au cinéma (et sous son nom).

POINTS FAIBLES

Comme expliqué supra, la personnalité même d’Edouard Baer, tout entière dans ce film qui délivre un récit et des dialogues parfois à l’emporte-pièces, sur un faux rythme, nonchalant, mais jamais ennuyeux.

Ses détracteurs pourront donc, à bon droit, considérer ce dilettantisme comme du “je m’en-foutisme”.

EN DEUX MOTS

« C’est un road movie urbain, une « Traversée de Paris », une visite d’un Paris nocturne et un film avec une mission ; j’aime bien les films où l’on part à la recherche de quelque chose. C’est, j’espère, un film qui dépeint un personnage, un style de vie singulier et une sorte de film d’aventure ; aventure qui commence, on le sait bien, au coin de la rue… Luigi, mon personnage est un adepte de « la vie de hasard ». » Edouard Baer.

Il est donc impératif de prendre ce film comme il se présente, tout comme le personnage de Luigi, aussi exaspérant qu’impossible à détester, fort d’une détresse et d’une incapacité à accepter le réel le rapprochant de Bruno Cortona, le Fanfaron de Dino Risi (1962) interprété par Vittorio Gassman.

Sous cette unique condition, on trouvera dans ce Ouvert la nuit les recettes abouties d’un cinéma bienfaisant, de complicité, intelligent, qui laisse en permanence le sourire aux lèvres et est finalement tout simplement humain.

UN EXTRAIT

“Un acteur, ça doit pouvoir se regarder dans les yeux”. Luiggi à Michel Galabru.

RECOMMANDATION

BON

POUR DECOUVRIR CULTURE-TOPS, CLIQUEZ ICI : des dizaines et des dizaines de critiques sur chaque secteur de l'actualité culturelle

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !