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Vent en poupe pour le streaming : les gens se sont-ils enfin remis à payer pour de la musique ?
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Nouvelle tendance

Le succès des services de musique en streaming auprès du public s'explique en grande partie par l'attraction suscitée par les tarifs pratiqués, qui permettent, moyennant environ 100 euros/an, d'avoir accès à des millions de titres.

Pascal Comas

Pascal Comas

Pascal Comas est trader pour son propre compte. Passionné de musique, il collabora avec de grandes maisons de disques à la sortie des albums d'IAM, Massive Attack... Auteur d'un pamphlet intitulé Pensées à Rebrousse-Poil, il fut également co-directeur d'une grosse start-up suédoise.

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Atlantico : Désormais, ce sont près de 100 millions de personnes qui ont souscrit un abonnement à un service de musique en streaming du type Spotify ou Deezer. Doit-on interpréter ce chiffre comme le signe que nous serions de nouveau prêts à payer pour la musique ? Qu'est-ce qu'il révèle de notre manière de consommer de la musique actuellement ? 

Pascal Comas : Le nombre de souscripteurs est certes en augmentation constante. C’est la consequence d’une pression plus grande sur les usagers de sites de téléchargement pirates, et d’une offre plus étoffée en streaming qui est devenu le modèle économique dominant. Cela révèle simplement que les gens sont dans leur majorité prêts à privilégier une solution payante à une solution hors la loi à condition que cela ne leur coûte presque rien. Car soyons honnêtes, 120$/an pour l’accès infini à des millions de titres et en particulier les plus populaires, c’est une somme ridicule.  

Selon les récentes données communiquées par la Recording Industry Association of America, près de la moitié des revenus générés par l'industrie musicale aux Etats-Unis proviennent de ces services de musique en streaming, participant ainsi au redémarrage de cette industrie observé en 2016 (+8% au cours des six premiers mois de cette année par rapport à la même période l'année précédente). Dans quelle mesure ces services de musique en streaming ont-ils bouleversé l'industrie musicale depuis leur apparition ? A qui profite véritablement ce bouleversement ? 

Les services de streaming sont devenus l’alternative au piratage ou au téléchargement. A qui profite ce bouleversement ? Apparemment beaucoup de sites de streaming ont des difficultés financières. Le bouleversement profite clairement aux géants comme Amazon ou Apple pour qui la musique est un moyen d’attirer les clients vers leurs hardware ou services. Les majors du disque en bénéficient également car sur l’étendue de leurs catalogues, les revenus sont conséquents et leur permettent de sauver les meubles après leur suicide collectif (blocage des licences pour les distributeurs indépendants et incapacité à présenter une offre digitale lors de l’avènement du net). 

Les grandes victimes sont les créateurs (auteurs-compositeurs) dont les revenus sont ridiculement faibles alors que ce sont eux qui fournissent la matière et sans lesquels le business n’existerait pas. C’est comme si un producteur de café ne touchait que quelques centimes sur chaque kg de café vendu 10$ au consommateur final. 

Malgré le succès apparent de ces services de musique en streaming, aucun d'entre eux n'est parvenu, jusqu'à présent, à la rentabilité de leur modèle économique. Pour quelles raisons ? De quelle manière cela pourrait-il menacer l'essor et l'avenir de ces services ?

Les jeunes generations se sont habituées à ne pas payer pour la musique. Le succès apparent du streaming ne tient qu’au fait que les offres sont extrêmement attractives en termes de coûts. Si vous mettez sur le marché des chaussures de sport de qualité à 10$, vous allez vendre beaucoup de chaussures mais vous aurez du mal à équilibrer vos comptes. Les sociétés de streaming sont prises en étau entre des consommateurs dont elles pensent - à tort ou à raison - qu’ils ne peuvent payer plus d’un certain prix, et des sociétés d’auteurs qui progressent dans leur combat pour une plus juste rémunération des créateurs. Je suis convaincu que 120$/an est loin d’être un plafond. Beaucoup de gens peuvent payer plus si une offre vraiment qualitative leur est proposée, assortie éventuellement de certains privilèges. 

Je pense que le marché doit encore se trouver et que plus d'offres qualitatives et spécialisées doivent apparaître, permettant de meilleures marges et rémunérations en tous cas pour des titres n’ayant pas des millions d’auditeurs. Le digital va aussi permettre peu à peu de mieux identifier les titres joués dans de multiples endroits afin de mieux rémunérer les artistes pour l’utilisation de leurs oeuvres, en dehors du streaming lui même, afin que les revenus puissent s’additionner. 

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