Pour gagner en 2017 il faudra être Terminator et Robin des Bois<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Pour gagner en 2017 il faudra être Terminator et Robin des Bois
©

Les entrepreneurs parlent aux Français

La majorité des peuples, actuellement, cherche un leader fort, qui sache décider, qui réveille la gloire nationale, mette l’individu devant, et de préférence l’individu "de souche".

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

Voir la bio »

Le mou n’est plus à la mode. L’excité non plus. La montée de l’inquiétude des "peuples", et pas seulement des plus démunis, face à un avenir qui leur annonce le déclassement, la robotisation, la fin de l’évolution sociale générationnelle, la captation de valeur au profit d’un nombre toujours plus réduit, la montée des intégrismes religieux et une mixité qu’ils estiment comme apportant plus de problèmes que de solution, dessine un portrait robot des candidats ayant une chance de l’emporter en 2017. Ferme et juste sinon rien.

Y compris à rebours des sondages ! Le chroniqueur de Times indiquait d’ailleurs, que devant l’échec des prévisions, il prédisait la seule chose qui lui semblait certaine : « je prédis que je ne ferai plus de prédictions en 2017 !".

L’analyse des votes au profit de Trump est très significative. On a beaucoup parlé de l’ouvrier de l’Ohio, désespéré des promesses non tenues, par un "establishment" déconnecté et qui après avoir voté 2 fois Obama, est passé à Trump à une large majorité. Mais les femmes et les hommes, urbains, plutôt aisés, l’ont également plébiscité. Voilà un candidat, sortit de "presque nulle part", qui parle "twitter" dans le texte et fait des discours en 140 caractères, onomatopée des temps modernes, pour faire plier les uns et les autres, fait de sa campagne une émission de télé réalité. 

C’est un gymnaste capable de faire un grand écart entre les codes du western et ceux du digital, qui touche de riches nantis comme les pauvres, anxieux et "angry". "Great Again". Le retour à la puissance, individuelle, personnelle, le retour au rêve de domination au profit d’un gagnant prioritaire, l’Américain. La mondialisation associée à la robotisation fait peur, et l’individu, logiquement, préfère celui ou celle qui lui assurera sa place. Oui lui retrouvera. Celle qu’il a perdu ou celle qu’il est en voie de perdre. Le pauvre au chômage et le plus aisé en voie de le perdre.

Un sondage rapide monterait le taux positif d’approbation d’un Poutine, ou d’un Trump, en dehors de la France bobo, minoritaire et nantie, les poches remplies, dégoulinante de la bonne conscience nécessaire pour ne pas avoir honte de soi. 

La majorité des peuples, actuellement, cherche un leader fort, qui sache décider, qui réveille la gloire nationale, mette l’individu devant, et de préférence l’individu "de souche". Un leader qui sache prendre des décisions, malgré les effets collatéraux parfois douloureux. Un leader qui ne s’embarrasse pas des codes établis et du politiquement correct. Un leader qui sache manier les codes du passé et les médias du présent pour les faire connaître. 

On retiendra que la guerre contre Daech a été gagnée non par les atermoiements des Européens, inexistants sur la scène internationale, ni par les USA, qui ont baissé les bras avec Obama, mais par Poutine, qui a su mettre la priorité sur la disparition de ces fous sauvages, qui excitaient de leur impunité et de leurs conquêtes, les milliers de malades prêts à les suivre sur la planète, au lieu de s’acharner sur la sortie de Assad. Entre 2 maux, il est urgent de guérir le plus grave et ne pas avoir peur de se salir les mains. Quand on parle aux "gens", c’est ce qu’ils pensent et disent. N’en déplaise à l’intelligentsia Parisienne. Et c’est ce même sentiment qui fait se gausser nos élites mondiales déconnectées, qui alimente les votes de ceux qui l’ont compris.

Est ce que je rêve de Poutine ? De Trump ? Non, mais nos présidents passés, démocrates, intelligents, m’ont également désespérés. La seule différence ? Ils déçoivent pour des raisons différentes. Mais entre les 2 je choisis, en tant qu’entrepreneur, l’action et la décision, au compromis et l’inaction. Au politiquement correct. 

Trump, nous verrons rapidement ce qu’il a sous le pied.

En attendant, malgré mon admiration pour le charisme d’Obama, son talent et celui de son épouse, que retenir de ses 2 mandats ? Alors, attendons de voir Trump à l’œuvre, parfois la vie réserve de bonnes surprises, même si le concernant, elles seront exclusivement centrées sur l’intérêt prioritaire, voire unique des américains. Ce qui n’est pas bon pour nous, dans notre état de faiblesse. Et quand on vit comme je le faisais, aux USA, on a aucune raison, à priori de s’en plaindre. Parfois et même souvent, on ne voit pas rejaillir le feu d’un volcan définitivement trop vieux. Mais plutôt d’une force imprévue, qui arrive avec des codes jugés ineptes et incompréhensibles par les gens de l’intérieur, qui les jugent à l’aune de codes qu’ils ont eux mêmes définis. Il en est de même de l’innovation, elle vient de ceux qui n’en ont pas les moyens, et voient le monde différemment et pour le coup, le digital nous en donne l’exemple tous les jours.

Trump va mettre la silicon valley à la tête du monde. La nomination de Musk et Thiel, ne laisse aucune place au doute. La puissance sera concentrée sur la Californie, ses investisseurs et ses technologies révolutionnaires. Au service d’une "America Great Again" ! Moi, sur le principe, un candidat qui me dirait qu’il veut faire de la France, THE puissance mondiale, j’écouterais un peu, et plus si affinité. Mais personne ne parle d’avenir dans cette campagne. C’est triste. Heureusement que les démissions des uns ou les déclassements des autres y amènent un peu d’animation, sinon, au lieu de se concentrer sur des sondages ridicules et inutiles, aussi fiables qu’une météo à plus de 3 jours, on ferait mieux de demander aux Français pourquoi ils ne savent plus pour qui voter. Raison pour laquelle Macron fait recette. Présomption d’idées neuves.

En 2017, en France comme ailleurs, le profil du champion des urnes est également définit, d’un autre point de vue. Il n’aura pas honte de l’argent et ne crachera pas sur les riches. Il admettra que les riches sont utiles, et qu’ils doivent s’enrichir un peu plus encore, à condition que les plus pauvres en profitent. Libéral et social. Trump a prouvé que le fait d’exhiber ses milliards ne choquait pas. Que le fait de vouloir baisser les impôts sur ce qui s’enrichissent afin qu’ils aient envie de s’enrichir encore plus, mais en créant des emplois dans leur pays, plutôt que d’être punis par l’impôt et chercher à l’éviter au maximum par des montages d’évasion, était potentiellement sain. Car à force de stigmatiser le riche et ceux qui trichent, on oublie que le débat principal consiste à se demander pourquoi ils trichent. Et que dans un pays où à force de couper la tête de ceux qui réussissent et leur faire porter le poids entier de la solidarité nationale, nous avons hérité d’un pays qui s’appauvrit, se désespère, et qui pousse les riches à le fuir. Si nous n’avions pas tenté de tuer la réussite en France, la réussite resterait chez nous. Si ils fuient l’impôt, c’est que l’impôt est devenu injuste. Quand un minorité paie les impôts pour une majorité, où est la justice ? Où est la motivation à réussir ? Pour être victime d’un vol légalisé par l’Etat ?

Mais, et c’est là le point amusant, il faudra que le riche, allégé fiscalement, ait un rôle de création d’emploi et de richesse pour son pays. Ce qui permet à ces leaders de faire ce fameux grand écart entre le vote des classes populaires et celles des plus favorisés. Il ne s’agit plus de répartir la richesse mais de créer une valeur partagée, de faire des gagnants sur toute la ligne sociale. Et cela, c’est nouveau même si l’idée n’est pas neuve. 

Pour nous qui réfléchissons à un pays qui invente un nouveau capitalisme, porteur de partage de la valeur, qui valorise la réussite, mais s’assure que tout le monde y trouve une juste rémunération, ce modèle que les élections récentes fait apparaître, nous intéresse. Un monde dans lequel l’homme doit être l’obsession, dans lequel l’élévation doit être la quête perpétuelle, qui sache redonner l’espoir et la récompense du travail fait. Un monde dont la richesse ne soit plus captée par un nombre trop réduit de personnes et de fonds. Un monde qui soit fier de faire fructifier 3 million d’années d’évolution, et qui ne s‘acharne pas à nous ramener en arrière, vers la marche quadripède et la survie précaire. Nous avons le devoir d’améliorer le sort de l’humanité, pas de nous en débarrasser faute de pouvoir l’améliorer. Raison pour laquelle il faudra très vite parler Intelligence Artificielle et Robotisation, avec enthousiasme pour une part, et terreur pour l’autre. Aveugle, on se prend les murs, jamais le bon chemin.

Alors pour 2017, il nous faudrait un riche assumé, entrepreneur pourquoi pas, obsédé par renforcer son pays pour lui permettre d’affronter sereinement la mondialisation, décideur rapide et clair, qui préfère une mauvaise décision à l’inaction, hors système de préférence, capable de penser au passé sans cracher l’avenir et inversement, qui pense à enrichir chacun plutôt que partager la misère, et mette l’homme comme outil de mesure ultime de sa politique. Il y a un peu de cela dans certains candidats, mais aucun qui n’ait tout cela. Cherchons encore ?

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !