Non les sondages ne se trompent pas sur tout, le plus souvent ce sont ceux qui les lisent qui ne savent pas les interpréter<!-- --> | Atlantico.fr
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Les sondages auraient dû être mieux interprétés pour saisir par exemple la percée de François Fillon à la primaire de la droite.
Les sondages auraient dû être mieux interprétés pour saisir par exemple la percée de François Fillon à la primaire de la droite.
©AFP

Basta !

La rédaction du quotidien Le Parisien a fait savoir qu’elle ne publierait plus désormais de sondages portant sur les intentions de vote des Français jusqu’à l’élection présidentielle.

Atlantico : La rédaction du Parisien a récemment déclaré qu'elle ne publierait plus de sondages sur les intentions de vote des Français jusqu'à la présidentielle. Cette décision est motivée par les derniers résultats des élections du référendum sur la sortie de la Grande-Bretagne de l'UE, de la présidentielle américaine, ainsi que de la primaire de la droite et du centre qui ont selon le quotidien déjoué tous les pronostics. Faut-il pour autant jeter l'opprobre sur les enquêtes d'opinion ? Comment, en tant que sondeur, souhaitez-vous y réagir ?

Jérôme Fourquet : En tant que sondeur évidemment, il m'est difficile d'être objectif sur le sujet. Néanmoins je peux rappeler que les sondages d'intentions de vote, bien que perfectibles, n'est pas inutile pour comprendre les dynamiques politiques qui ont lieu dans un temps et une société donnée. Les sondages, notamment ceux d'intentions de vote, ne doivent pas être considérés comme autre chose qu'un outil parmi d'autres au service de ceux qui doivent éclairer les citoyens : les journalistes. Ils ne dispensent pas -de notre point de vue- les organes de presse d'effectuer en parallèle un travail d'analyse et de terrain pour compléter, croiser, et enrichir les résultats d'un sondage.
Les détracteurs du sondage pointeront du doigt les écarts entre sondages et résultats finaux de François Fillon par exemple. Or ce cas de la primaire de la droite a été intéressant. Un sondage est une photographie à un instant donné. Un sondage n'a donc pas vocation à dire ce que sera un résultats dans plusieurs jours, notamment dans une primaire où le corps électoral est restreint, et où les mouvements peuvent se faire très rapidement. Sur la primaire de la droite, rappelons quand même que si plusieurs de nos détracteurs pointent du doigt que nous n'avons pas réussi à prévoir le succès de la participation à la primaire, c'est factuellement faux dans la mesure où l'on estimait une participation de 9-10% des Français inscrits sur les listes électorales, ce qui donne 4 millions d'électeurs. Nous n'étions pas si éloignés de la réalité... Pourtant quand nous le disions, la plupart des commentateurs trouvaient le chiffre trop élevé.
Deuxième point, les enquêtes indiquaient que parmi ceux qui escomptaient voter à la primaire, un certain nombre d'entre-eux étaient de gauche. Là aussi, beaucoup ont réfuté cette idée, "on ne voit pas les électeurs de gauche faire la queue avec des électeurs de droite" a-t-on pu lire ou entendre. Or les chiffres de participation, notamment dans l'Est parisien ou en Seine-saint Denis, montrent que la gauche a même permis à Alain Juppé de remporter ces territoires. Concernant l'Ifop, nous avons fait un sondage le lendemain du premier tour qui donnait François Fillon gagnant avec 65%, soit un niveau très proche de celui effectivement observé. Ce que cela veut dire, c'est que l'outil donne une idée à un moment donnée et effectivement à l'entre-deux tour, une logique de bloc Fillon contre bloc Juppé a enrayé la volatilité des électeurs. 
De même, un tiers des électeurs de François Fillon, au lendemain du premier tour nous a déclaré s'être décidés dans les derniers jours. Un tiers de 45%, cela fait 15 points, et l'un des derniers sondages, une semaine avant le premier scrutin le donnait à 29% soit 16 points d'écart, une erreur de 1 point donc... 
Il n'y a pas eu de sondage effectué pour la primaire de la gauche depuis que les candidatures ont été avalisée. Cela s'explique par la trêve des confiseurs de fin d'année. Mais déjà un certain nombre de journalistes s'en plaignent et se posent la question des rapports de force. Sans sondage, il est quand même plus difficile de sortir du doigt mouillé. Il y a quelques semaines par exemple, les médias ont évoqué une dynamique Hamon parce que ce dernier avait rempli le gymnase Japy dans le XIème arrondissement de Paris. Ce n'est pas une jauge tout a fait scientifique... 
Trop souvent, les intentions de vote sont utilisés comme un moyen de raconter une campagne comme on raconterait une course de petits chevaux. Si untel passe devant un concurrent, il faut le croiser avec d'autres résultats. Sinon, l'intérêt du sondage est limité. A l'Ifop, et notamment avec Atlantico, nous avons toujours eu à cœur de remettre les choses en perspectives et de ne pas surinterpréter des mouvements d'un ou deux points dans les sondages. 

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