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“Quartiers populaires” ? Mais que de mensonges derrière ces mots !
©Reuters

Marchandise frelatée

Ils assassinent les choses. Il assassinent la langue. Ils assassinent la réalité. Et ils nous insultent tous les jours.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Je lis une dépêche AFP, reprise telle quelle par tous les médias. “Trois amis venus d’un quartier populaire, ont profité de la nuit de la Saint Sylvestre pour dévaliser des fêtards dans deux villas du Vésinet”. Une bouffée de fraîcheur ! Des ”amis” et non pas des “jeunes”, concept éculé et usé. Dans une période où l'égoïsme domine, ou l’individualisme triomphe, il est réconfortant de savoir que dans certains coins de France, les “quartiers populaires”, on respecte encore une valeur qui a pour nom l’amitié. Merci, oui merci, les amis …

Maintenant assez rigolé. L’expression “quartiers populaires” est insupportable. Elle est une insulte au peuple qui vit, qui travaille, qui pointe à Pôle Emploi, qui vote, et qui parfois (c’est arrivé dans l’Histoire) monte sur les barricades. Pour faire plaisir à des voyous et à leurs gentils accompagnateurs, on les prive de la seule identité qu’il leur reste en les confondants avec la populace. On les injurie, on les humilie. C’est une faute. Et c’est un crime.

“Quartiers populaires” ? Aux Etats-Unis, la patrie pourtant du politiquement correct, on les appelle des ghettos. Ghettos noirs, ghettos portoricains… En France il suffirait de remplacer “noirs” et “portoricains” par autre chose. Mais cela est interdit sous peine d’être mis au ban de la société. “Vous me copierez 100 fois “quartiers populaires”” disent nos maîtres du prêt à penser qui prétendent être nos maîtres d’école.

C’est qu’ils ne renonceront pas de sitôt aux “quartiers populaires” ! Car ils n’ont pas pendant des années ménagé leurs peines pour l’imposer. Ils avaient commencé modestement avec “quartiers difficiles”. Puis, ils l’ont abandonné trouvant ça stigmatisant. En effet, pourquoi “difficiles” alors que dans ces quartiers, nous répétaient-ils, il faisait bon vivre, que dans ces quartiers, il y avait une belle jeunesse, certes un peu impétueuse ? Une intenable schizophrénie. Et les “quartiers difficiles” rendirent l’âme.

Ils furent remplacés par les “quartiers sensibles”. C’était mignon. C’était touchant. Ça avait un petit côté conversation de dames du grand siècle dans un boudoir. Mais “sensibles” à quoi ? A l’odeur du shit ? Au bruit d’une rafale de kalachnikov ? Aux vidéos sanglantes de Daesh ? Les mots “quartiers sensibles” pouvaient prêter à confusion et nuire aux populations qu’ils voulaient caresser. Ils connurent le même destin que “quartiers difficiles”.

Vinrent enfin les “quartiers populaires”. Un sommet. Des centaines de milliers de jeunes qui n’en demandaient pas tant se trouvèrent ainsi enrôlés dans les glorieux bataillons du Front Populaire. Dans les insurrections, populaires elles aussi, du 19ème siècle. Dans ce qu’il y avait de plus beau et de plus chic dans l’histoire de la gauche française. Ça c’est de l’intégration ! Zyva ! (Oh pardon…)

En conséquence de quoi, tous ceux qui volent, qui violent, qui attaquent les pompiers et les flics, qui brûlent des voitures seront dorénavant authentifiés par leurs noms qu’on gardait cachés jusqu’à maintenant. On les appellera tous Gavroche ! Une pensée pour Renaud Camus qui exagère beaucoup avec son grand remplacement : avec les “quartiers populaires” le petit remplacement est chose faite. Une autre pensée pour Léo Strauss, grand philosophe allemand. Une phrase de lui pour nos petits maîtres en sémantique. “Quand on dit que tout se vaut alors le cannibalisme est juste une question de goût”. 

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