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Top Gun, c’était avant : la Chine entend contester la domination américaine dans le ciel avec des avions furtifs
©Reuters

THE DAILY BEAST

L'aviation américaine s’appuie sur eux pour garder son avantage sur les autres forces aériennes. La Chine serait le point de supprimer cet avantage.

David Axe

David Axe

David Axe est journaliste pour The Daily Beast.

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The Daily Beast par David Axe

La Chine fait un pas de plus vers la mise en vente d’avions furtifs proposés à des armées étrangères dans le monde entier, maintenant que la dernière version de son plus récent chasseur furtif semble avoir fait son premier vol. Les débuts de la deuxième version du FC-31 rapprochent la Chine du moment où elle sera exportatrice d’avions échappant aux radars tandis que les Etats-Unis s’approchent du jour où ils feront face à des avions de combat furtifs vendus par la Chine.

Cela pourrait supprimer l'un des principaux avantages de l'Amérique en matière de combat aérien, sa supériorité technologique sur la plupart des forces aériennes étrangères auxquelles elle est confrontée dans des zones de conflit.

Des sites militaires chinois ont commencé à diffuser des vidéos granuleuses et des photos du deuxième FC-31 en vol, apparemment au-dessus de la ville de Shenyang, dans le nord de la Chine, le 23 décembre dernier.

Pékin se sert de la communauté des blogs militaires en plein essor en Chine pour présenter officieusement de nouvelles armes et paie même certains blogueurs pour diffuser des informations positives à ce sujet. Propagande mise à part, ces images soulignent les rapide progrès du FC-31 à double queue et deux moteurs, dont la première version a fait ses premiers vols en 2012.

Le chasseur monomoteur, produit par la Shenyang Aircraft Corporation, entreprise appartenant à l'État, est apparemment devenu furtif et bientôt opérationnel. C’est le premier exemplaire de ce jet monoplace avec une aile trapézoïdale. La deuxième version dispose clairement d’ailettes dont les angles correspondent plus étroitement les uns aux autres, une qualité qui aide à minimiser la signature radar.

Le premier FC-31 laissait une épaisse trace de fumée crachée par ses moteurs apparemment fabriqués en Russie quand il a fait ses premiers vols il y a deux ans. Les moteurs qui fument sont un énorme problème pour les pilotes de chasse qui espèrent éviter la détection visuelle en combat aérien proche.

Le nouveau FC-31, en revanche, semble utiliser de nouveaux moteurs sans fumée,  si l'on croit la vidéo diffusée.

Les rapides progrès du FC-31 vont de pair avec les efforts déployés par la Chine pour que son premier chasseur furtif, le J-20, soit prêt au combat. L'armée de l' air chinoise a apparemment commencé l'équipement d’une première escadrille avec des bimoteurs J-20 à la fin de 2016, sept ans seulement après le premier vol de cet avion de chasse, qui est beaucoup plus grand que le FC-31.

Par comparaison, il a fallu 15 ans pour que l’avion furtif F-22 de l'US Air Force passe du prototype initial en 1990 à l’avion prêt au combat en 2005. Le F-35 plus petit, dont le prototype a fait ses premiers vols en 2000, a eu également besoin de 15 ans de travail avant qu'il ne soit prêt à être déployé.

Pour être honnête, on ne sait pas quel niveau de sophistication du FC-31 et J-20 se cache dans leur carlingue. Le F-22 et le F-35 emportent des capteurs, des systèmes de communication et des logiciels qui ont nécessité au moins autant de travail que leurs cellules et leurs moteurs. L’industrie de l'électronique militaire chinoise étant loin derrière celle des Etats-Unis, il est donc possible que les deux chasseurs furtifs chinois soient équipés de systèmes internes anciens et bien inférieurs, qui prennent moins de temps à développer que des technologies de pointe, ce qui expliquerait le développement rapide de ces avions.

Le Département de la Défense américain, dans l'édition 2016 de son rapport annuel au Congrès sur les capacités militaires chinoises, affirme que le FC-31 utilise, en partie, la même technologie que le J-20. Le rapport ne précise pas quelles technologies sont communes aux deux avions.

Quelle que soit l’importance du travail accompli pour mettre en oeuvre le FC-31, il n’est pas évident que Pékin pense équiper ses propres escadrilles avec ce chasseur furtif, ce qui a des répercussions sur les capacités de ce nouvel avion.

En 2014, Song Zhongping, un ancien officier des forces déployant les missiles stratégiques de Pékin, a déclaré à la télévision chinoise que la Chine avait interdit toute exportation du J-20 "afin d’éviter que la cinquième génération de la technologie embarquée dans le J-20 tombe entre des mains hostiles."

Cette interdiction aurait pu faire pression sur l'industrie aéronautique de l'État pour qu’elle produise un chasseur furtif suffisamment avancé pour attirer les clients étrangers, mais pas assez avancé pour que Pékin n’interdise sa vente à l'étranger.

L'industrie aérienne chinoise "propose activement le FC-31 à l’exportation comme chasseur multirôle de cinquième génération pour rivaliser avec le F-35 américain sur le marché des ventes à l'étranger, selon le Pentagone.

Pour leur part, les Américains diminuent les risques liés à l’exportation du F-35 en exigeant que la plupart des acheteurs fassent réparer leurs avions aux États-Unis, au lieu de les bricoler avec des systèmes sophistiqués qu’ils ont eux-mêmes conçus.

Il est possible que Shenyang développe le FC-31 sur son propre budget dans l'espoir de vendre un jour l'avion à des clients étrangers. Des drones chinois et des avions de combat non furtifs sont progressivement devenus populaires sur le marché mondial, principalement au Moyen-Orient et en Afrique. Mais les États-Unis restent toujours, de loin, le premier exportateur mondial d’armes.

Le ministère de la Défense, dans son rapport 2016 sur la Chin,  estime que les constructeurs du FC-31 font pression sur Pékin pour que les forces aériennes chinoises l’achètent. Si ces efforts échouent, le FC-31 pourrait devenir le premier chasseur furtif du monde qui est uniquement un produit commercial destiné à l’exportation.

Par comparaison, le F-35 est un sujet brûlant sur le marché mondial, mais ce jet controversé est avant tout un projet financé par le gouvernement des États-Unis pour sa propre utilisation.

À l'heure actuelle, le Pentagone envisage d'acheter environ deux tiers des 3.500 F-35 que la majorité des analystes pensent que Lockheed Martin pourrait finalement arriver à vendre.

Si le FC-31 réussit à l'exportation (c’est une hypothèse compte tenu de la façon dont de nombreux programmes d’avions de chasse ont échoué au cours des décennies) alors il pourrait multiplier les risques rencontrés par les forces américaines dans de futurs conflits. Les pilotes de chasse américains, qui patrouillent dans des zones comme le Moyen-Orient ou l'Afrique, pourraient se trouver nez-à-nez avec des chasseurs furtifs fabriqués en Chine... avec à leur bord des pilotes qui ne seraient pas chinois.

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