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Donald Trump accède à la présidence des Etats-Unis d'Amérique : 2017, l'année du grand renversement
©Reuters

Prévisions 2017

Alors que l'année 2016 touche à sa fin, Atlantico propose à ses lecteurs une série de prévisions pour le millésime 2017. Selon Jean-Eric Branaa, cette année pourrait être celle du grand renversement en Amérique, tant diplomatiquement qu'en matière de politique intérieure.

Jean-Eric Branaa

Jean-Eric Branaa

Jean-Eric Branaa est spécialiste des Etats-Unis et maître de conférences à l’université Assas-Paris II. Il est chercheur au centre Thucydide. Son dernier livre s'intitule Géopolitique des Etats-Unis (Puf, 2022).

Il est également l'auteur de Hillary, une présidente des Etats-Unis (Eyrolles, 2015), Qui veut la peau du Parti républicain ? L’incroyable Donald Trump (Passy, 2016), Trumpland, portrait d'une Amérique divisée (Privat, 2017),  1968: Quand l'Amérique gronde (Privat, 2018), Et s’il gagnait encore ? (VA éditions, 2018), Joe Biden : le 3e mandat de Barack Obama (VA éditions, 2019) et la biographie de Joe Biden (Nouveau Monde, 2020). 

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Le résultat de l’élection américaine n’était pas encore officiel que les capitales du monde entier s’alarmaient déjà devant les futures conséquences possibles. Sous peu nous serons en 2017 et, le 20 janvier, Donald Trump prendra en main les destinées de la première puissance mondiale. L’inquiétude qui était apparue le 8 novembre ne s’est pas calmée. Bien au contraire.

La période de transition qui sépare l’élection de l’investiture aux États-Unis a donné le ton de ce qui nous attend : par quelques tweets écrits directement par le nouveau président, les États-Unis ont durci le ton avec plusieurs pays et Donald Trump a indiqué qu’il n’avait pas l’intention de s’embarrasser des modèles préexistants. La Chine, Cuba, l’Egypte, peu importe qui est l’interlocuteur, chacun peut en prendre pour son grade. Rien ne semble arrêter Donald Trump. Dans un nouveau tweet diffusé à la veille de Noël il a, semble-t-il, voulu illustrer cette phrase désormais devenue célèbre : "Rendre la grandeur à l’Amérique". Tel était son slogan de campagne, telle sera donc la ligne directrice de son mandat. "Les États-Unis doivent grandement renforcer leur capacité nucléaire tant que le monde n’aura pas retrouvé la raison dans le domaine des armes nucléaires," a-t-il en effet écrit, laissant entendre qu’il pourrait même revenir à une course aux armements, ce qui représente une vraie rupture avec la politique suivie par son prédécesseur, Barack Obama. Même si ce point reste encore peu clair, comme d’ailleurs l’ensemble de ses intentions sur le plan international, on retiendra cependant qu’il l’a évoqué et qu’il ne l’exclue pas. 

Les dossiers géostratégiques sont désormais gérés par un homme d’affaires, Roy Tillerson, qui était jusqu’alors le PDG d’un groupe pétrolier mondialement implanté, Exxon Mobil. Ce qu’on distingue au bout de deux mois, c’est que pour la nouvelle équipe qui se met en place, il semble plus important de travailler pour restaurer la prospérité des États-Unis plutôt que de veiller à l’équilibre des forces dans le monde et à la paix globale. "Chacun devra payer pour sa propre sécurité" estime ainsi le nouveau président. Ce point n’est pas une surprise car il l’a maintes fois martelé durant sa campagne. A ses yeux, permettre une nucléarisation du Japon ou de la Corée du Nord ne présente aucun caractère de dangerosité : il s’agit avant tout d’un transfert de prise en charge des coûts de la défense de ces territoires, en désengageant les États-Unis qui n’auraient que trop payé.

C’est donc un nouvel ordre mondial qui pourrait se mettre en place dès l’année qui s’ouvre, avec l’inconnue des comportements individuels qui va avec. Pour Donald Trump, les relations américaines avec le monde doivent être repensées : cela vaut bien entendu pour celles qu’il envisage vis-à-vis de la Russie, un partenaire indispensable, à qui il a adressé de nombreux signaux pendant sa campagne. Vladimir Poutine les a entendus, et y a répondu dans ses vœux, à travers une lettre adressée à Donald Trump, faisant savoir qu’il est favorable à un renforcement des relations. Les rapports internationaux, les grands traités, les différents équilibres : tout devrait être impacté par l’accession à la présidence de Donald Trump. 

Pour les Américains, cependant, c’est bien leur politique intérieure qui va compter et sur laquelle ils attendent du nouveau. Mais, là encore, le maître mot sera le contre-pied : la politique que propose le nouveau président est quasiment l’exact contraire de celle qu’avait poursuivie Barack Obama. La campagne avait permis de mettre en lumière quelques-uns des plus grands chantiers : la réforme de la fiscalité, avec une baisse significative des impôts, une politique migratoire sévère, qui comprendra notamment la construction d’un mur grand, beau et solide à la frontière sud avec le Mexique, un désengagement de l’État dans tous les secteurs où cela sera possible, et en particulier dans la couverture sociale et de santé, dans l’éducation, ou dans les échanges économiques. Le gouvernement qu’il a imaginé est taillé sur mesure pour la poursuite de ces buts : des hommes et femmes très conservateurs, quasiment tous dans l’orthodoxie républicaine et qui ne transigeront pas face aux difficultés qui se dresseront lorsqu’ils devront appliquer le programme annoncé.

Sur le plan intérieur encore, le nouveau président va peser sur le fonctionnement de la justice, qu’il veut plus sévère : la sécurité du pays en dépend, explique-t-il. Il aura à nommer plus d’une centaine de juges fédéraux dans les premières semaines de son mandat, dont un juge de la Cour Suprême. Chacun de ces juges sera l’artisan de sa politique. A travers ce biais, son influence pourrait même se faire sentir sur des dossiers très sensibles comme le droit à l’avortement, le droit de posséder une arme ou le mariage pour tous.

Sur le plan économique en particulier, l’intention de Donald Trump est de créer des emplois ou de rapatrier en Amérique ceux qui ont été délocalisés. Ce sera sa priorité et cela se fera même au détriment de la planète, du réchauffement climatique ou des accords internationaux sur ce sujet auquel il ne croit pas et qu’il considère comme un frein puissant à l’industrie américaine. C’est aussi ce qu’il appelle "rendre la grandeur à l’Amérique". 

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