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Un migrant dont on ne veut pas : le petit Jésus ! Qu’il reparte pour Bethléem…
©Reuters

Qu’il s’en aille

Ce juif errant a cru bon de se poser à Lyon. Le scandale est grand.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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La capitale de la région Auvergne-Rhône-Alpes vivait tranquille. Mais un intrus vint perturber la sérénité de cette belle cité. Et il n’arriva pas seul. Profitant abusivement du regroupement familial, il amena avec lui son papa (il y a doute sur la question), sa maman, des bergers, des rois mages, un âne et un bœuf (rassurons les juifs et les musulmans : pas de cochon…).

Tout ce joli petit monde fut installé dans le hall de l’Hôtel de la région par un énergumène du nom de Laurent Wauquiez. La gêne était manifeste. Les beuglements du bœuf et les braiements de l’âne insupportables. Et en plus tout ça dormait sur la paille, ce qui n’est pas du tout hygiénique.

Les adversaires de Laurent Wauquiez s’étranglèrent de fureur. Il y avait là, selon eux, une atteinte extrêmement grave au principe de la laïcité. Et ils sommèrent le président de région de faire déguerpir au plus vite cette smala venue de Palestine (romaine !). Il se trouve que Laurent Wauquiez est le héraut d’une droite forte et musclée. Il était donc bien normal que ses adversaires soient au diapason et incarnent une gauche également forte et musclée. A notre avis – un peu de sérieux maintenant – il s’agit simplement de la gauche la plus bête du monde.

Cette dernière s’époumone en ânonnant les mots "laïcité, laïcité". Une imposture et une hypocrisie hissées sur un piédestal où Tartuffe est roi. La France est officiellement laïque depuis la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Jusqu’à une période récente, ça n’a pas empêché à ce que nos villes, nos mairies, nos écoles, accueillent des crèches de Noël. Ca n’a pas empêché que les Pères Noel soient les bienvenus partout alors que maintenant il y a des écoles qui les refusent. Ca n’a pas empêché les marchés de Noël alors qu’on en débaptise certains pour les appeler « marchés d’hiver ».

La laïcité n’a évidemment rien à voir avec tout cela. Elle est juste un cache-sexe pour autre chose. Et cet autre chose a un nom : la présence de plus en plus marquée en France d’hommes et de femmes qui fêtent l’Aïd el-Kébir. C’est à cause d’eux (on n’ose pas dire pour eux) qu’on veut virer le Christ de Lyon. Mais ça, aucun de ceux qui entendent interdire les crèches et les Pères Noel ne s’aventurera à le dire. Car ils préfèrent s’avancer masqués.

Connaissant leurs sentiments et leurs ressentiments, nous leur faisons entièrement confiance pour ne pas s’arrêter en si bon chemin. Est-il normal qu’on se prélasse à la Toussaint, une fête qui n’a rien de laïque ? Est-il acceptable que le jour de l’Ascension soit férié alors qu’il s’agit d’une histoire sans intérêt concernant les pérégrinations de Jésus ? Est-il supportable qu’on fasse le pont lors de l’Assomption qui est une histoire privée intéressant la maman de Jésus ?

Allons plus loin. N’est-il pas manifeste que le spectacle écrasant de Notre-Dame est de nature à offenser tous ceux qui ne sont pas catholiques ? Ce qui devrait nous amener à faire preuve de beaucoup de compréhension pour les jeunes femmes arrêtées au prétexte qu’elles voulaient faire sauter des bombonnes de gaz devant cet édifice dédié à la superstition catholique. La Kaaba, ça a quand même plus d’allure. Sans parler du fait qu’elle est – c’est avéré –l’ancêtre d’un grand courant de peinture appelé cubisme. Eh oui, les chevaliers de la laïcité, ou plutôt les cavaliers de l’Apocalypse, ont encore du pain sur la planche…

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