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La crise économique 
retarde l'entrée dans l'âge adulte
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Génération Z

Faute d'argent, les jeunes d'aujourd'hui restent de plus en plus longtemps chez leurs parents.

Gilles Klein

Gilles Klein

Gilles Klein,, amateur de phares et d'opéras, journaliste sur papier depuis 1977 et en ligne depuis 1995.

Débuts à Libération une demi-douzaine d’années, puis balade sur le globe, photojournaliste pour l’agence Sipa Press. Ensuite, responsable de la rubrique Multimedia de ELLE, avant d’écrire sur les médias à Arrêt sur Images et de collaborer avec Atlantico. Par ailleurs fut blogueur, avec Le Phare à partir de 2005 sur le site du Monde qui a fermé sa plateforme de blogs. Revue de presse quotidienne sur Twitter depuis 2007.

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C'est  G. Stanley Hall qui aurait utilisé le terme adolescence au début du XXe siècle pour décrire la période qui sépare l'enfance de l'âge adulte. Depuis cette époque, l'âge du passage de l'adolescence à l'âge adulte n'a cessé de reculer. Et la crise économique actuelle aurait encore un peu plus retardé cette transition.

Au cours des 30 dernières années, la quasi-totalité des éléments qui marquent l'arrivée à l'âge adulte sont apparus à un âge plus avancé, selon le National Institutes of Health américainPar exemple, "une proportion plus élevée d'élèves achève ses études secondaires plus tardivement dans les années 1990 que dans les années 1960, et il y a maintenant plus d'étudiants qui s'inscrivent dans l'enseignement post-secondaire, repoussant l'âge moyen de fin d'études". Autre exemple : l'âge médian au premier mariage a augmenté de façon constante depuis 1970, comme l'âge médian à la première naissance.

"Il y a quarante ans, près de la moitié des jeunes âgés de 22 ans au Canada étaient mariés et un quart avaient eu des enfants. Seulement 25% étaient encore à l'école. En 2001, la moitié des  22 ans étaient encore étudiants, seulement environ un sur cinq était marié ou vivait en concubinage, et moins de 10 pour cent étaient des parents." note le quotidien canadian Globe and Mail.

Le journal ajoute, en citant Statistique Canada, «il faut plus de temps aux jeunes adultes d'aujourd'hui pour prendre leur indépendance : ils quittent l'école plus tard, restent plus longtemps au domicile de leurs parents, entrent plus tard sur le  marché du travail, et reportent mariage et enfants."

"En Août 2010, Robin Marantz Henig observait dans le New York Times Magazine que la génération Y (les Millennials) a retardé chacune des cinq étapes qui marquent la vie adulte : terminer ses études, quitter la maison, devenir financièrement indépendant, se marier, et avoir un enfant." note The Atlantic.

"Le taux de chômage chez les 18 - 24 ans était de 16% en 2011, deux fois plus élevé que la moyenne nationale" : ceci explique peut-être cela, selon l'étude  "Young, Underemployed, and Optimistic" (en Français : "Jeunes, sous-employés et optimistes") réalisée par le Pew Research Center entre le 6 et le 19 décembre sur un échantillon national de 2 045 adultes (comprenant 806 jeunes adultes âgés de 18 à 34 ans).

41% d'entre eux considèrent que les jeunes adultes sont les plus touchés par la crise économique. L'étude cite des chiffres du bureau américain des statistiques, l'US Bureau of Labor Statistics : "Depuis 2010, le pourcentage des jeunes adultes de 18 à 24 qui ont un emploi (54%) est à son plus bas niveau depuis que le gouvernement a commencé à recueillir ces chiffres en 1948." 

L'étude cite aussi un sondage Newsweek datant de 1993, selon lequel 80% des parents ayant de jeunes enfants déclaraient que les enfants devraient être financièrement indépendants de leurs parents avant l'âge de 22 ans. Aujourd'hui, seulement 67% des parents sont de cet avis. 

"En France, la norme est celle de l'indépendance précoce, tant du côté des parents que des enfants. Par contre, les moyens de son autofinancement arrivent assez tard dans les trajectoires de vie. Les jeunes Français connaissent donc, entre 18 et 30 ans, une période d’entre-deux dont la longueur est liée à de multiples causes : l’emploi ne leur permet pas de financer leur indépendance, les aides étatiques sont plutôt faibles, les prêts bancaires et les logements sont difficiles à obtenir sans caution parentale." disait, en 2008, la sociologue Cécile Van Velde, auteur du livre "Devenir adulte. Sociologie comparée de la jeunesse en Europe"

Elle ajoutait : "En Espagne, culturellement et socialement, il est légitime de rester chez ses parents jusqu’à 30 ans. L'âge médian d'accès à l'indépendance en Espagne est de 28 ans, pour 20 ans au Danemark, 21 ans au Royaume-Uni et 23 ans en France." 

En 2007, une brochure diffusée en Belgique posait la question "être adulte aujourd’hui question de maturité ou de pouvoir d’achat ?". En 2012, c'est peut-être d'abord une question de pouvoir d'achat...

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