Syrie, pétrole, rouble et... Donald Trump : bienvenue dans un monde où Vladimir Poutine a toutes les cartes pour revenir au centre de la scène internationale<!-- --> | Atlantico.fr
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Vladimir Poutine doit ce retour en grâce à trois séries de facteurs : il le doit à Donald Trump d’abord, au prix du pétrole ensuite, et à une gestion habile de sa monnaie, le rouble, ce qui peut lui permettre de redresser son économie interne.
Vladimir Poutine doit ce retour en grâce à trois séries de facteurs : il le doit à Donald Trump d’abord, au prix du pétrole ensuite, et à une gestion habile de sa monnaie, le rouble, ce qui peut lui permettre de redresser son économie interne.
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Atlantico Business

Depuis deux ans, Vladimir Poutine descendait aux enfers. Depuis quelques mois, il revient sur le devant de la scène internationale avec en prime une relation pacifiée entre les Etats-Unis et la Russie.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La brutalité du couple Poutine-Assad qui triomphe sur les ruines d’Alep n’y changera rien. Tout se passe comme si Vladimir Poutine était redevenu fréquentable. Du coup, il s’apprête à revenir sur la scène internationale et y jouer un rôle central aux côtés des Américains. C’est totalement nouveau.

En intervenant massivement en Syrie en appui des troupes de Bachar el-Assad, il a déjà prouvé que dans cette partie du monde, il était incontournable. Quoi qu'on pense de ses méthodes, les Occidentaux vont avoir besoin de lui pour trouver une solution politique.

Vladimir Poutine doit ce retour en grâce à trois séries de facteurs : il le doit à Donald Trump d’abord, au prix du pétrole ensuite, et à une gestion habile de sa monnaie, le rouble, ce qui peut lui permettre de redresser son économie interne.

1) L’élection de Donald Trump a tout changé. La Russie gouvernée par Poutine était devenue pestiférée et infréquentable sur la scène internationale. Un régime brutal, des habitudes vulgaires et une conception de la démocratie très particulière avec en prime un irrespect caractérise des Droits de l'Homme les plus élémentaires. Pour Barack Obama, la Russie de Poutine était insupportable. Pour beaucoup d’Européens également. En quelques semaines et quelques tweets, Donald Trump a transformé cet adversaire historique en partenaire possible au sein du jeu international.

En fait, ceux qui n’avaient pas compris que la Russie était gérée comme une entreprise n’avaient rien compris. Donald Trump avait déjà beaucoup d’estime pour l’homme, Vladimir Poutine, voilà qu’il le considère désormais comme un partenaire privilégié avec lequel il pense pouvoir cogérer les affaires du monde et instituer un nouvel ordre mondial.

Le choix et la nomination de l'ex-président d’Exon Mobil comme chef de la diplomatie américaine a créé la surprise dans toutes les chancelleries mais va évidemment accélérer cette réhabilitation.

Le nouveau secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères n'a évidemment aucune expérience des affaires diplomatiques, sauf qu’il a tissé une relation d’amitié forte avec Poutine depuis qu’il a signé des accords de commerce sur le pétrole.

Le rapprochement entre les Etats-Unis et la Russie préfigure une gestion des affaires internationales complètement différente de ce qu'elles étaient jusqu’alors. Beaucoup de conflits au Moyen-Orient peuvent avoir l'occasion de s'éteindre. En revanche, les antagonismes avec la Chine vont s’exacerber.

Cette nouvelle liaison entre les Etats-Unis et la Russie va obliger l'Europe à se repositionner. En Europe, il n’y avait guère que l'Allemagne à regarder avec intérêt ce qui se passe en Russie. Mais en France par exemple, la Russie n'avait pas très bonne presse. On sait la campagne qui s’est développée contre François Fillon pendant la primaire en lui reprochant de trop grandes proximités avec la Russie. Les critiques venaient autant de son propre camp que de l’opposition. Maintenant que le climat est en train de changer, parions que partout on va se rabattre sur des positions beaucoup plus pragmatiques. C’est l’attitude américaine. Ça va être l’attitude en Europe.

2) La hausse du prix du pétrole, qui repasse au-dessus des 50 dollars le baril, redonne de la visibilité et de l'oxygène à l’économie russe. Ce qui rassure tous les acteurs de la sphère économique internationale, c’est surtout le dernier accord des pays producteurs de pétrole. Pour la première fois depuis presque dix ans, il se sont mis d’accord pour maintenir la production des Etats membres du cartel de façon à préserver l'équilibre entre l'offre et la demande. Il y a donc une garantie de stabilité légèrement à la hausse sur le long terme. C’est une bonne nouvelle pour la Russie qui est le troisième producteur de pétrole et le premier producteur de gaz. Mais c’est aussi une excellente nouvelle pour le reste de la planète. Le prix est suffisamment élevé pour rentabiliser les investissements en énergie renouvelables et en énergie vertes. Il est aussi suffisamment élevé pour freiner la croissance des pétroles de schistes qui sont plus chers à exploiter.

3) La hausse du rouble, qui a regagné ses plus hauts niveaux depuis plus d'un an face au dollar et l'euro, a été provoquée par les prix du pétrole après l'accord entre pays producteurs pour réduire l'offre mondiale.

L'économie russe et ses échanges extérieurs sont très dépendants des hydrocarbures. La chute des prix depuis deux ans et les sanctions occidentales dues à la crise ukrainienne avaient plongé la Russie en crise économique et provoqué une violente dévaluation du rouble.

L’accord pétrolier, mais aussi le renversement du climat politique avec les Etats-Unis et la position de Poutine ont restauré la confiance des investisseurs qui reviennent en Russie, ce dont l'économie russe avait besoin.

Très habilement, Vladimir Poutine profite de cette conjoncture favorable pour baisser les taux d’intérêt et là encore pour booster l’investissement interne. Ses exportations ne pâtiront pas de la hausse du rouble puisque les prix sont administrés, mais les importations seront moins chères et surtout les investissements plus attractifs.

La majorité des analystes considèrent que l'économie russe a les moyens de rebondir en 2017 : des ressources pétrolières et gazières qui vont redevenir abondantes, des moyens financiers, une monnaie forte et des taux d'intérêt bas. Autant d’éléments favorables. L’équivalent d’un alignement des planètes dont l'Occident n'avait pas su profiter il y a deux ans.

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